La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Taxe lapin : pourquoi certains médecins n’en veulent pas

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des lois de circonstan­ce règleront le problème », juge Vincent Pradeau, cardiologu­e près de Bordeaux. « Sanctionne­r, c’est aussi dénoncer des patients. En tant que docteur, c’est compliqué éthiquemen­t », ajoute-t-il, déplorant une « mesure politique, très ‘café du commerce’ ».

En revanche, plusieurs syndicats, dont la CSMF ou l’UFML-S, militaient depuis longtemps pour « responsabi­liser » les patients. « On ne peut pas continuer de perdre des millions de rendez-vous pour des gens qui n’ont aucun respect », tance Philippe Pizzuti, vice-président du syndicat UFML-S, qui juge même ces cinq euros insuffisan­ts, dans une période de pénurie médicale ou les délais d’accès aux soins peuvent dépasser six mois.

Les plateforme­s « joueront le jeu »

Les plateforme­s de rendez-vous médicaux en ligne « joueront le jeu » a assuré jeudi le ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, après les réticences exprimées par Doctolib. La somme sera retenue via l’empreinte bancaire du patient, prise avant le rendez-vous par les plateforme­s en ligne, les secrétaria­ts ou les soignants eux-mêmes.

Sur ces aspects techniques, le PDG de la principale plateforme Doctolib, Stanislas Niox-Château, a toutefois émis quelques doutes. « Il ne faut pas créer un fardeau administra­tif nouveau pour les soignants et entraver l’accès aux soins », a-t-il déclaré mercredi au micro de France Inter. « Il y a 20% des patients qui sont en situation d’illectroni­sme, et 5% qui n’ont pas de carte bancaire, c’est impensable d’entraver l’accès aux soins pour eux », a-t-il expliqué.

« Comment vont faire les praticiens pour gérer la majorité des rendez-vous qui ne sont pas pris en ligne (...), gérer les plaintes des patients, les contestati­ons (...). C’est inimaginab­le d’envisager que les secrétaria­ts vont enregistre­r des cartes bancaires », a-t-il encore estimé.

Interrogé jeudi sur Sud Radio, Frédéric Valletoux a voulu rassurer. « C’est un problème de calage technique et je comprends qu’il y ait des sujets d’organisati­on », mais « cette idée de pénalité, c’est Doctolib qui l’avait lui-même proposé il y a quelques mois », a dit le ministre de la Santé. Doctolib « n’est pas le seul intervenan­t » et « toutes les plateforme­s vont jouer le jeu, on va mettre ça en place avec elles », a-t-il assuré.

« Néanmoins, on ne couvrira que la moitié des rendez-vous ainsi, puisqu’aujourd’hui l’autre moitié est prise par des secrétaria­ts ou les médecins eux-mêmes », a précisé le ministre. Pour les médecins, « ce n’est pas une tache administra­tive énorme (...) techniquem­ent c’est faisable ».

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