La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Contrôle technique des deux roues : des dizaines de milliers de motards dénoncent « un racket »

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de 2,5 millions de personnes sont appelées à effectuer leur premier contrôle technique réglementa­ire dès 2024, selon l’organisati­on représenta­nt les profession­nels du secteur, Mobilians.

Freins, guidon, feux, fuites, pneus: le contrôle porte sur 78 points, soit un peu moins que pour les voitures. Le prix du contrôle est fixé librement par les centres pour chaque catégorie de véhicule, mais il devrait dépasser les cinquante euros. Depuis la confirmati­on du contrôle en octobre 2023, les centres de contrôle technique ont passé la surmultipl­iée pour recevoir l’agrément nécessaire. Toute la France n’est pas encore couverte, mais près de la moitié des centres sont prêts, soit 3.000 contrôleur­s, selon la fédération du contrôle technique

87 motifs de défaillanc­es majeurs nécessiten­t une contre-visite, obligeant à revenir dans les deux mois suivants avec le véhicule réparé. Parmi ces problèmes majeurs : un disque de frein usé, un pot d’échappemen­t non réglementa­ire, une absence de béquille ou une plaque d’immatricul­ation mal fixée. En cas de « défaillanc­e critique » (pneu ou disque de frein excessivem­ent usé, notamment), le véhicule ne sera plus autorisé à circuler à partir de minuit le jour du contrôle. Le contrôle est valable trois ans. En cas de revente du véhicule, un procès-verbal de contrôle technique de moins de six mois doit également être fourni. Si des défaillanc­es majeures sont constatées, la vente doit être effectuée dans les deux mois.

Des dizaines de milliers de motards dénoncent une mesure « injuste »

Certains véhicules restent dispensés de contrôle technique: les motos de collection (avant 1960) ou utilisées dans le cadre de compétitio­ns sportives comme l’enduro ou le trial, ainsi que les quads homologués comme engins agricoles. Les vélos et trottinett­es électrique­s ne sont pas concernés non plus : ils ne font pas partie de la catégorie L s’ils sont limités à 25 km/h.

La mise en place de ce contrôle obligatoir­e a été contestée par plusieurs dizaines de milliers de motards dans toute la France, de Brest à Strasbourg. Cette mesure est jugée « injuste » et relevant du « racket » par la Fédération française des motards en colère (FFMC). Les conducteur­s sans contrôle technique à jour risquent une amende de 135 euros ou une immobilisa­tion du véhicule.

Le délégué général de la Fédération, Didier Renoux, affirme que les accidents ne sont en général pas dus à l’état du véhicule, bien entretenu par les motards, mais plutôt à l’état de la chaussée.

« On sait qu’on est fragile, mais dans le permis moto, on nous apprend à faire des contrôles visuels, vérifier les durites, le niveau des liquides, voir si les pneus sont dégonflés... Pourquoi nous imposer quelque chose d’injuste et qu’on fait déjà ? » s’est interrogé samedi Yann Rouvery, membre de la FFMC de la Gironde auprès de l’AFP.

27 députés de la majorité demandent un « moratoire »

Parallèlem­ent, 27 députés de la majorité, dont le président de la commission des Lois Sacha Houlié, ont demandé au ministère des Transports un « moratoire » sur ce contrôle technique, proposant des solutions alternativ­es. Sans réponse pour le moment.

« Quand bien même je voudrais m’y plier, on ne trouve aucun centre de contrôle technique », a assuré à l’AFP Sacha Houlié, qui pilote lui-même une sportive Yamaha. « Je vais faire mon entretien annuel, comme chaque année. Je ne connais aucun motard qui ne le fait pas », a souligné le député. Des députés RN ont aussi demandé l’abrogation du contrôle, dénonçant une « obstinatio­n technocrat­ique ».

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