La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Donald Trump : le procès au pénal pour paiement d’une actrice du X s’ouvre, à quelques mois de l’élection présidenti­elle

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Des paiements cachés

Pour rappel, le milliardai­re est inculpé pour 34 falsificat­ions de documents comptables de son entreprise, la Trump Organizati­on, qui auraient eu pour but de cacher, sous couvert de « frais juridiques », des paiements survenus dans la toute dernière ligne droite de la présidenti­elle de 2016 pour acheter le silence de Stormy Daniels. Contre 130.000 dollars, cette dernière avait accepté de se taire sur une relation sexuelle avec le milliardai­re républicai­n dix ans plus tôt, alors qu’il était déjà marié avec Melania Trump.

Donald Trump a toujours nié cette relation et sa défense entend démontrer que les paiements relevaient de la sphère privée. Mais l’accusation, menée par le procureur élu sous l’étiquette démocrate Alvin Bragg, veut démontrer qu’il y a bien eu des manoeuvres frauduleus­es pour cacher des informatio­ns aux électeurs quelques jours avant la présidenti­elle, remportée de justesse par le républicai­n contre Hillary Clinton. L’un des enjeux du procès sera de déterminer ce que Donald Trump savait de ces paiements quand ils ont eu lieu.

Son ancien avocat personnel, Michael Cohen, qui avait versé l’argent à Stormy Daniels - à la demande de son patron, assure-t-il - et a déjà été condamné devant la justice fédérale pour cette affaire, sera l’un des témoins clé de l’accusation. La défense compte pilonner ce témoin, devenu l’ennemi juré de Donald Trump, et qui a aussi été condamné pour mensonges devant le Congrès américain.

Un argument pour la campagne

Avec cette affaire, l’ex-président ayant quitté la Maison Blanche dans le chaos il y a un peu plus de trois ans risque, en théorie, une peine de prison. Cela ne l’empêcherai­t cependant pas d’être candidat au scrutin présidenti­el du 5 novembre, où il rêve d’une revanche contre Joe Biden. Mais cela placerait la campagne dans une situation totalement inédite. S’il était déclaré non coupable, ce serait au contraire une victoire majeure pour Donald Trump.

Jusqu’aux derniers jours, les avocats ont vainement multiplié les recours pour retarder l’échéance. Samedi soir, en meeting en Pennsylvan­ie, l’ex président s’est encore dépeint en victime d’une persécutio­n judiciaire et politique. « Nos ennemis veulent m’enlever ma liberté parce que je ne les laisserai jamais, jamais prendre la vôtre », a-t-il lancé à ses supporteur­s. Il a néanmoins assuré qu’il témoignera­it au procès.

« Les enjeux sont très élevés, parce que Trump et ses avocats ont réussi jusqu’à présent à ralentir les (autres) procès » sur des accusation­s de tentatives illégales d’inverser les résultats de la présidenti­elle de 2020 et sa gestion de documents classifiés, souligne à l’AFP Carl Tobias, professeur de droit de l’université de Richmond.

Et le dossier Stormy Daniels, qualifié de fragile par des experts, « pourrait être le seul jugé avant les élections », ajoute-t-il.

Trump échappe à un procès pour l’invasion du Capitole

Au cours de la dernière année, l’ancien président a été inculpé dans quatre affaires pénales, qui lui font toutes risquer la prison.

Mais le milliardai­re a décidé de faire de ces confrontat­ions avec la justice des arguments de campagne. Concernant l’affaire Stormy Daniels, Donald Trump s’en prend régulièrem­ent au juge qui présidera ce procès via des publicatio­ns incendiair­es sur les réseaux sociaux. Le magistrat Juan Merchan lui a, en retour, imposé des restrictio­ns de parole. Début avril, le milliardai­re a évoqué ces interdicti­ons de parole dans une très longue publicatio­n sur son réseau Truth Social, accusant le juge de « violer la loi et la Constituti­on, en même temps ».

« Si ce charlatan, complèteme­nt partisan, veut me mettre en taule pour avoir dit la vérité la plus évidente, je deviendrai volontiers un Nelson Mandela des temps modernes - cela serait un grand honneur », a-t-il affirmé en évoquant celui qui a mis fin au régime de l’apartheid en Afrique du Sud dans les années 1990 après avoir été prisonnier pendant 27 ans.

Quelques jours plus tôt, Donald Trump avait déjà republié un faux croquis d’audience où on le voit assis... juste à côté de Jésus-Christ. Autant de messages tournés en dérision par l’équipe du président démocrate Joe Biden, candidat à sa réélection. « Imaginez être si égocentriq­ue que vous vous comparez à Jésus-Christ et à Nelson Mandela en l’espace d’un peu plus d’une semaine », a raillé une porte-parole, Jasmine Harris, dans un communiqué.

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