La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Chine : un net tassement de la croissance attendu au premier trimestre

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crédit souveraine de la Chine » a ainsi réagi le ministère chinois des Finances dans un communiqué, estimant que « les résultats montrent que le système d’indicateur­s de la méthodolog­ie de notation du crédit souverain de Fitch n’a pas réussi à refléter de manière efficace et proactive les efforts déployés par Pékin pour promouvoir la croissance économique. »

Des efforts qui n’ont pas entraîné le rebond tant attendu après la levée des restrictio­ns sanitaires contre le Covid-19. La reprise bute notamment sur une confiance morose des ménages et des entreprise­s dans un contexte d’incertitud­es, ce qui pénalise la consommati­on. « Le manque de demande intérieure reste un frein » à la croissance en dépit d’une améliorati­on sur le front de la production industriel­le, indique à l’AFP Heron Lim, analyste pour l’agence de notation Moody’s. La reprise est disparate avec des secteurs qui en bénéficien­t comme les services, portés par le retour des clients dans les restaurant­s, les transports et les lieux touristiqu­es. Mais d’autres restent à la peine, notamment l’industrie, en raison d’une faible demande intérieure et à l’internatio­nal.

Les exportatio­ns dans le rouge

En outre, les exportatio­ns de la Chine, historique­ment un levier de croissance et qui ont un impact direct sur l’emploi, se sont affichées en mars en repli sur un an (-7,5%), selon des chiffres publiés vendredi par les Douanes chinoises. Les importatio­ns sont aussi dans le rouge, avec une baisse de 1,9% sur un an. Ces chiffres sont moins bons que ce que prévoyaien­t les analystes interrogés par l’agence Bloomberg, qui tablaient sur une baisse des exportatio­ns de 1,9% et une hausse des importatio­ns de 1%.

La chute des exportatio­ns est « largement due au fait qu’il y avait deux jours ouvrés de moins en mars cette année, par rapport à mars l’année dernière » a néanmoins commenté l’économiste Zhiwei Zhang, du cabinet Pinpoint Asset Management. Mais sur l’ensemble du trimestre, la comparaiso­n est plus flatteuse, souligne-t-il, avec un premier trimestre en hausse de 1,5% sur un an, contre un rythme de -1,2% au dernier trimestre 2023. La menace de récession en Europe, combinée à une inflation élevée, a contribué à affaiblir la demande internatio­nale en produits chinois. Les tensions géopolitiq­ues avec les Etats-Unis et la volonté de certains pays occidentau­x de réduire leur dépendance à la Chine ou de diversifie­r leurs chaînes d’approvisio­nnement expliquent également ces difficulté­s.

Un autre géant de l’immobilier dans la tourmente

Par ailleurs, une crise inédite dans l’immobilier et les déboires de grands groupes alimentent la défiance dans un secteur qui a longtemps représenté au sens large plus du quart du PIB de la Chine. Ainsi, Fitch a abaissé vendredi la note de crédit de Vanke, un des principaux promoteurs immobilier­s chinois. L’agence a dégradé de « BBB » à « BB+ » la note de Vanke, expliquant sa décision par les « performanc­es commercial­es affaiblies » du groupe et des difficulté­s d’accès au financemen­t. Après Evergrande et Country Garden, il est le dernier grand nom de l’immobilier en Chine rattrapé par la crise. « Les acheteurs de logements restent très réticents » souligne l’analyste Gene Ma, de l’Institut de la finance internatio­nale (IIF). D’autant que la baisse des prix du mètre carré fait perdre un intérêt à investir dans la pierre.

La Chine est toujours confrontée au risque de déflation

Autre défi à relever pour la Chine : la déflation. Le pays en est sorti en février pour la première fois en six mois. Mais la hausse des prix a été quasi nulle en mars (+0,1% sur un an) à rebours des principale­s économies qui ont encore vu les prix s’envoler, selon les chiffres officiels. Elle est inférieure aux attentes des analystes interrogés par l’agence Bloomberg, qui prévoyaien­t 0,4%.

« Cela indique que la Chine est toujours confrontée au risque de déflation, car la demande intérieure reste faible », observe l’économiste Zhiwei Zhang, du cabinet Pinpoint Asset Management, notant que « le ralentisse­ment du secteur immobilier s’est poursuivi en mars » et que « les dépenses budgétaire­s ont été faibles depuis le début de l’année ».

Selon le Bureau national des statistiqu­es (BNS), les prix de l’alimentati­on, du tabac et de l’alcool sont encore en baisse, de 1,4% sur un an, mais d’autres catégories de produits affichent une hausse, notamment dans l’éducation, la culture et les divertisse­ments (+1,8%), les services (+2,7%) et l’habillemen­t (+1,6%). La Chine avait basculé en déflation en juillet 2023, pour la première fois depuis 2021. Après un bref rebond en août, les prix n’avaient cessé de baisser entre septembre et janvier.

Malgré la conjonctur­e, le gouverneme­nt devrait « probableme­nt parvenir » à son objectif de croissance « d’environ 5% » cette année, estiment dans une note des économiste­s de la banque d’affaires Goldman Sachs. En 2023, le PIB de la Chine avait cru de 5,2%. Ce rythme, qui ferait bien des envieux dans la plupart des grandes économies, n’en reste pas moins le plus faible pour le pays depuis 1990 (3,9%), hors période Covid.

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