La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Comment EDF veut pousser TotalEnerg­ies à financer son parc nucléaire

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réacteurs, ou investisse­z-vous ailleurs, comme vos propres outils de production ? », note Jacques Percebois.

Par ailleurs, s’ajouteront les coûts fixes liés à l’exploitati­on du parc, année après année, pendant les 10-15 ans du contrat. C’est-à-dire ce qu’EDF dépense réellement dans les centrales en question, notamment pour les maintenir. « Nous refacturer­ons le pourcentag­e de ces montants à nos clients CAPN », explique Stanislas Laudry. Enfin, les industriel­s devront s’acquitter d’une part variable correspond­ant au coût du combustibl­e consommé.

« Boîte noire »

Or, ces conditions ne sont pas négociable­s. « On applique de la même manière le pourcentag­e sur les coûts, les dépenses courantes et les avances en tête. Chacun paie proportion­nellement la même chose. La négociatio­n se fait uniquement sur le besoin en volume », précise Stanislas Laudry.

« Nos concurrent­s extra-européens n’ont ni cette exposition au productibl­e et au risque industriel, ni de charge à pré-financer auprès d’EDF », a ainsi fait valoir le président de l’Uniden, Nicolas de Warren il y a quelques semaines, dénonçant une « boîte noire ». « Il nous faut un prix compétitif et prévisible. Les Américains comme les Chinois ont accès à des contrats long terme à des conditions qui font envie », a surenchéri Alexandre Saubot, président de France Industrie, lors d’une audition au Sénat en mars.

Une critique bottée en touche par le PDG d’EDF, Luc Rémont, lors de son audition au Sénat avant-hier. « Il ne s’agit pas d’une dépense comme s’il n’y avait rien en face ! Cette avance donne le droit à une production nucléaire qu’ils peuvent consommer ou revendre [...] Aux Etats-Unis, il n’y a pas de prix du CO2, il faut comparer les choses comparable­s. Les prix de nos voisins européens sont structurel­lement moins élevés que les nôtres, hors Espagne », a-t-il rétorqué.

« Les discussion­s sont longues car on change profondéme­nt de modèle », ajoute Stanislas Landry. Au-delà de l’Accès régulé à l’électricit­é nucléaire historique (Arenh), qui donnait accès aux électro-intensifs une partie de la production d’EDF à prix cassés, ces entreprise­s étaient en effet habituées à de simples contrats de fourniture, avec un volume garanti à un prix fixé sur trois ans maximum. Reste donc à savoir si elles se feront à ce nouvel outil. EDF, en tout cas, l’espère, et mise sur la signature de quatre lettres d’intention supplément­aires d’ici à cet été.

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