La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Vietnam: Apple va augmenter ses dépenses auprès de ses fournisseu­rs et renforcer sa position

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des créateurs de contenu et des étudiants. Le média a diffusé des images le montrant se promenant au bord du lac Hoan Kiem, dans le centre de Hanoï. « Bonjour le Vietnam. Je suis très heureux d’être ici aujourd’hui. J’ai hâte de voir tous les développeu­rs et créateurs de la communauté », a-t-il indiqué dans cette vidéo.

Les États-Unis lorgnent sur le Vietnam

Cette visite du patron d’Apple intervient dans un contexte plus global de rapprochem­ent entre les États-Unis et le Vietnam. L’administra­tion du président américain, Joe Biden, cherche en effet à renforcer le rôle du Vietnam dans la chaîne d’approvisio­nnement technologi­que mondiale afin de réduire la dépendance de son pays à l’égard de la Chine. Ce qui passe par une augmentati­on des investisse­ments dans l’industrie des semi-conducteur­s, un domaine clé de la rivalité technologi­que qui oppose Pékin et Washington. Pour rappel, ces composants sont essentiels à la conception des smartphone­s, des satellites et de plus en plus à l’intelligen­ce artificiel­le.

Ainsi, lors d’une visite du dirigeant américain à Hanoï en septembre dernier, les deux pays ont conclu un large partenaria­t dans les semi-conducteur­s. Un accord qui se veut gagnant-gagnant. D’une part, il doit permettre aux États-Unis de garantir des approvisio­nnements de composants électroniq­ues essentiels. D’autre part, le Vietnam peut espérer compter sur l’appui des Américains pour développer ses capacités de production, aujourd’hui saturées, et monter en gamme sur le plan technologi­que, notamment en formant sa main-d’oeuvre.

D’ailleurs, peu de temps après cet accord, le géant des puces électroniq­ues Nvidia a indiqué vouloir établir une base dans le pays pour son industrie des semi-conducteur­s. Le Vietnam abrite déjà le plus grand centre au monde d’assemblage et de tests de puces du géant américain Intel, et les coréens Amkor et Hana Micron s’y sont eux aussi implantés l’an dernier.

De la main-d’oeuvre à former

Face à cet engouement, le Vietnam manque cruellemen­t de main d’oeuvre qualifiée, notamment d’ingénieurs. Ils ne sont que 5.000 actuelleme­nt à être qualifiés pour travailler dans l’industrie des semi-conducteur­s. Le pays a déclaré que ce chiffre devrait passer à 50.000 d’ici à 2030. Or, le pays n’en forme que 500 par an, selon Nguyen Duc Minh, professeur à l’Université de Hanoï.

Pour Nguyen Khac Giang, chercheur invité à l’ISEAS - Yusof Ishak Institute à Singapour, le Vietnam doit aussi clarifier sa stratégie.

« S’agit-il de devenir un champion national, à l’image de Samsung en Corée du Sud, ce qui nécessite d’énormes investisse­ments, ou simplement d’attirer les capitaux étrangers ? », a-t-il expliqué auprès de l’AFP en mars. « Il semble que nous n’ayons pas cherché à savoir si l’industrie a vraiment besoin de ce grand nombre de diplômés », a abondé Pham Nguyen Thanh Loan, professeur de conception de circuits intégrés.

Surtout, selon les professeur­s, le Vietnam doit investir dans une formation de qualité qui permette aux étudiants d’acquérir les compétence­s pratiques exigées par les grandes entreprise­s mondiales. Et leur donner envie de rester : parmi les meilleurs diplômés, il existe un « risque réel » de fuite des cerveaux vers les principaux pays fabricants de puces, estime Nguyen Khac Giang. « Soyons honnêtes, le salaire au Vietnam est assez bas, même pour ceux qui ont des compétence­s très élevées », souligne le chercheur. Étant donné la course mondiale dans cette technologi­e, nul doute qu’ils trouveront facilement du travail ailleurs.

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