La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Comment Microsoft et la Région Sud font de leur partenaria­t un accélérate­ur d’usage de l’IA

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JEAN-PHILIPPE COURTOIS :

C’est la rencontre de deux énergies positives, l’envie des équipes de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, à l’initiative du président Renaud Muselier, et notre côté la volonté de montrer que l’IA pour être accessible pour jouer plusieurs rôles afin d’améliorer la productivi­té des agents, la satisfacti­on des citoyens ainsi que l’attractivi­té économique, sociale et environnem­entale du territoire.

RENAUD MUSELIER :

Nous sommes allés très vite puisque notre premier échange a eu lieu lors du forum économique de Davos en janvier. C’est la rencontre entre un immense profession­nel qui apporte des réponses et un curieux qui aime être le premier. L’IA est un passage obligé, elle est partout, ceux qui s’y opposent seront rapidement hors-jeu. Pour nos 6.000 agents, dont 2.000 en centrale, réduire les tâches répétitive­s de faible valeur ajoutée améliore leur qualité de vie au travail et permet à l’institutio­n d’offrir un meilleur service au citoyen.

JPC :

La région Sud est la première région à faire ce type d’accord avec nous pour mettre l’IA au service de sa mission. De manière générale, la France doit aller plus vite sur ce sujet. Une étude Pwc montre qu’aux Etats-Unis 78% des entreprise­s utilisent l’IA contre 68-69% en Europe et 48% en France. Sur le terrain, nous constatons qu’il y a la connaissan­ce de l’IA par rapport à ce que l’on entend, mais la réalité de l’usage est beaucoup plus limitée. C’est pourquoi nous travaillon­s sur ces cas d’usage.

Avez-vous d’autres partenaria­ts de ce type qui peuvent illustrer la valeur ajoutée de l’IA ? JPC -

Nous avons de nombreux accords à travers le monde, pour vous donner un exemple en Inde existe un projet orienté sur l’accès à la langue car là-bas l’Anglais et l’Hindi ne sont parlés que par la moitié de la population. Nous avons développé un moyen pour utiliser son téléphone, qui n’a pas besoin d’être le dernier mis en vente, pour faire une demande orale dans son dialecte que l’agent conversati­onnel IA traduit en anglais afin d’interroger les bases de données gouverneme­ntales pour trouver l’accès à la subvention à laquelle il n’aurait jamais pu avoir accès. C’est un exemple parmi d’autres, aux Etats-Unis il y a de nombreux sujets sur l’administra­tion, en Italie l’IA est utilisée par la justice pour préparer des dossiers.

Jean-Philippe Courtois et Renaud Muselier ont officialis­é le partenaria­t entre Microsoft et la Région Sud

Quelles seront les applicatio­ns en Région Provence-Alpes-Côte d’Azur ? RM -

La directrice générale des services et ses directeurs adjoints ont travaillé main dans la main pour identifier des cas d’usages, 70 ont été repérés et pour l’instant 10 ont été sélectionn­és pour une première phase de test.

JPC -

Pour un service comme Allo Région Sud, l’IA est mise en oeuvre pour aider la personne répondante dans sa recherche au milieu d’une tonne de documents. Le temps gagné est considérab­le. D’autres initiative­s sont prévues autour des langues étrangères, des ressources humaines pour l’accueil de nouvelles personnes et leur formation par exemple. L’IA est là pour le travail répétitif qui prend du temps sans valeur ajoutée humaine, c’est un copilote (ndlr : Copilot est le nom du chatbot fonctionna­nt à l’IA de Microsoft).

RM -

L’agent ne peut pas connaître toutes les subvention­s que propose la région...

Les tests doivent durer huit semaines, quand est-il pour la suite ? RM -

Nous avons réussi à mettre en place ce partenaria­t en seulement six mois, cela montre que nos équipes sont très motivées et comme nous sommes les premiers, Microsoft aussi est très motivé. Si tout le monde s’approprie ce projet, qui est un désir des élus, les cas d’usages vont se démultipli­er.

JPC -

Dans les outils que nous utilisions il y a le fameux Copilot qui va orchestrer beaucoup de ces automatism­es et il y a ce qu’on appelle Azur OpenAI, c’est le partenaria­t stratégiqu­e que nous avons avec eux et qui nous permet d’accéder aux modèles comme ChatGPT. La Région Sud va pouvoir développer ses propres modèles spécifique­s liés à son référentie­l de données. Dans les métiers de la Région Sud il y a des tas de données fonctionne­lles liées aux subvention­s, aux modèles économique­s, aux lois d’orientatio­n... L’IA va se « nourrir » de cela pour proposer la synthèse aux différents agents économique­s et publics.

Ce sont deux briques de base qui seront utilisées par les agents de la région et qui leur permettra de développer de plus en plus des cas d’usage qui leur seront utiles. Que l’administra­tion donne l’exemple avant les entreprise­s, ce que je n’ai jamais vu auparavant, est important car si des dirigeants voient dans leurs démarches avec la Région que l’IA leur répond et que ça marche, ils s’interroger­ont sur ce qu’ils doivent faire pour leur entreprise.

Justement, ce partenaria­t prévoit-il un volet pour le monde économique ?

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