La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)
Railcoop, anatomie d’une chute annoncée pour le projet de train Bordeaux-Lyon
2027. Un refus que les administrateurs de la société considèrent pourtant comme un camouflet majeur.
« Notre gros regret est sur le comportement des conseils régionaux, et particulièrement les régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine. Ils nous ont fait des promesses qu’ils n’ont jamais tenu. Seul le Grand Est a été correct avec nous. Les autres nous ont lâché après avoir rédigé des lettres d’engagement bidons. Si les régions avaient été au rendez-vous, nos trains tourneraient aujourd’hui », estime cette source interne.
Dans les rangs de la région Occitanie, on reconnait l’existence de cette lettre de soutien, transmise à La Tribune. Seulement, la collectivité présidée par la socialiste Carole Delga voulait un soutien à parts égales des quatre régions concernées par le projet. « En janvier 2022, pour soutenir la SCIC Railcoop, la Région Occitanie avait proposé de se porter co-garante publique de l’emprunt bancaire de l’entreprise aux côtés des trois autres Régions concernées (Nouvelle-Aquitaine, Auvergne-Rhône-Alpes et Grand Est). La quote-part cible de garantie pour chacune des Régions s’élevait à 4,5 millions d’euros, permettant de couvrir 50 % de la dette de 36 millions d’euros à lever par l’entreprise (soit le taux maximum de garantie publique autorisée). Les autres Régions n’ayant pas donné suite et aucun contrat de prêt n’ayant été transmis à la Région Occitanie, la garantie d’emprunt n’a pas été mise en oeuvre », se défend-t-elle.
Sans rancune ?
Si certains connaisseurs du monde ferroviaire pointent les « promesses irréalistes » et la perte d’argent public, le regret n’est pas généralisé chez les membres de la coopérative. « On a bossé parce qu’on y croyait, jure Eric Correia. Il y a des choses positives : 14.000 sociétaires, ça montre que les gens aiment le train et veulent du train. Il faut enregistrer ça car on voit que les gens sont prêts à s’investir. L’économie sociale et solidaire a du mal mais c’est un modèle qui a du sens », maintient-t-il. En attendant, le train coopératif a déraillé et, trois ans après l’ouverture à la concurrence, la SNCF est toujours le seul opérateur français sur le réseau ferré.
Contacté pour partager sa version des faits, Nicolas Debaisieux, le président directeur général de Railcoop, préfère pour le moment s’abstenir de commentaire. « L’audience du tribunal aura lieu le 15 avril. Je suis à votre disposition pour échanger après cette date. Avant, nous réservons nos échanges à nos sociétaires. De mon point de vue, tout article publié avant que le tribunal n’ai pris une décision me semble prématuré », a-t-il déclaré. Une position qui peut étonner tant en interne on reproche la sur-communication de la direction de Railcoop par le passé. Dans un communiqué avant le week-end, la coopérative a tout de même tenu à réagir : « quelle que soit l’issue, la coopérative étudiera comment valoriser tout le bénéfice de l’action collective entreprise depuis quatre ans, à la fois pour le secteur du transport ferroviaire, et plus largement pour des sujets d’intérêt général », tout en évoquant « probablement la fin à l’aventure coopérative ».