La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)
Comment l’éolienne à deux têtes de Valeco va faire oeuvre de pédagogie et de recherche à Sète
dont on ne connaît pas encore les zones », précise aujourd’hui Pauline Bertrand, responsable du développement offshore de Valeco.
En matière d’éolien en mer, la France compte aujourd’hui 8 GW installés ou en projet et prévoit de lancer un appel d’offres en 2025 en vue de produire 10 GW supplémentaires en 2035, l’ambition affichée du gouvernement étant d’atteindre les 45 GW en 2050.
18 mètres de haut
« Cette éolienne à deux têtes NEZZY2, qui fait quand même 18 mètres de haut, est le fruit de la R&D de EnBW, détaille Pauline Bertrand pour La Tribune. Elle a été installée en Mer Baltique pour démontrer qu’on peut doubler la puissance éolienne avec une même surface d’emprise et tester sa résistance dans diverses conditions climatiques et de mer. Les tests se sont biens passés et le prototype est maintenant offert aux étudiants, dans le cadre du projet académique TOMA’OCC initié par l’agence Ad’Occ (agence de développement économique de La Région Occitanie, NDLR) et l’Université de Montpellier, pour les sensibiliser aux enjeux de l’éolien flottant et travailler sur le prototype en Méditerranée. »
Conscient de l’importance de la formation des futurs professionnels de l’éolien offshore, Valeco prépare aussi, par cette démarche, son avenir et ses futurs besoins en compétences.
« Les étudiants vont pouvoir étudier le monitoring, l’architecture et les composants de l’éolienne, la connectique, réfléchir à ce que ça représente en terme d’innovation... NEZZY2, c’est une plateforme pédagogique pour travaux pratiques », détaille Pauline Bertrand.
« Nezzy2, c’est un bac à sable ! »
C’est bien l’avis de Philippe Combette, vice-président de l’Université de Montpellier, en charge des partenariats et de l’innovation : « Nezzy2, c’est un bac à sable ! ». La plateforme servira en effet à la formation, à la recherche et à l’innovation dans le domaine des énergies marines renouvelables.
« Il y a un peu plus d’un an, nous avons été contactés par la Région Occitanie pour engager les forces académiques dans le domaines des énergies marines renouvelables et l’idée est venue de mettre en place un démonstrateur technologique pour les étudiants de bac -3 à bac +8 afin de les acculturer à ces nouvelles formes d’énergies, qui seront l’avenir de l’Occitanie, explique Philippe Combette. Dans le cadre de l’AO6, nous avons vu passer beaucoup de candidats industriels car la Région a eu l’idée de les inciter à se rapprocher du secteur académique pour développer des consortia “formation et recherche”. C’est ainsi qu’EnbW est venu proposer la donation du prototype Nezzy2, avec l’idée d’en faire un démonstrateur pédagogique. »
Sont concernés par cette plateforme pédagogique les étudiants des formations aux énergies renouvelables des BUT (bachelor universitaire de technologie) à Béziers, Montpellier et Nîmes, de la faculté des sciences de Montpellier, des écoles d’ingénieurs comme Polytech, du lycée Dhuoda de Nîmes (qui propose un BTS Maintenance des systèmes éoliens), mais aussi les thésards et doctorants.
Tester des technologies
Le prototype d’éolienne, qui s’offre ainsi une seconde vie, va être remorqué jusqu’au port de Sète (Hérault) où il sera mis en service pour être testé d’abord sur le port avant d’être mis à l’eau d’ici deux ans.
« Le prototype d’éolienne sera connecté au projet porté par SolarinBlue (unités solaires flottantes installées en pleine mer, NDLR), ce qui fait un double site pilote mêlant photovoltaïque flottant, éolienne et connectique, des domaines qui se rapprochent des besoins en compétences des industriels, détaille Philippe Combette. Nous allons travailler sur les verrous à lever avec les entreprises et les laboratoires de recherche, notamment l’Observatoire de Banyuls. Des entreprises sont déjà venues nous voir pour tester des technologies sur les éoliennes, par exemple pour le monitoring ou pour la qualification des câbles dynamiques... Par ailleurs, des connexions sont déjà envisagées avec l’université de technologie de Delft aux Pays-Bas, qui est très pointue sur les sciences de l’ingénieur et très intéressée pour monter un partenariat sur des masters. Et au laboratoire IES (Institut d’électronique et des systèmes de Montpellier, dont Philippe Combette est aussi le directeur - NDLR), j’ai reçu des chefs d’entreprises néerlandais intéressés pour venir tester ici leur technologie sur l’éolien flottant. »
Réduire l’emprise sur l’environnement marin
En décembre 2023, depuis le salon Energaïa à Montpellier, Pauline Bertrand évoquait les gros enjeux à encadrer, dans les appels d’offres, le contenu industriel local face à la concurrence chinoise. Pauline Bertrand, qui souligne que Valeco est devenu