La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Les ETI face à l’impératif défi de la digitalisa­tion

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à Aubagne, la mutation numérique a bien eu lieu. « Avec une applicatio­n sur leur téléphone, nos vendeurs connaissen­t leurs stocks, les goûts des clients, sa CSP et peuvent déclencher des flux logistique­s », énumère la dirigeante. La digitalisa­tion sur l’ensemble de la chaîne a permis d’améliorer la productivi­té en passant de « 70% du temps de travail consacré à de l’administra­tif, pour 30% à la vente, à 50-50 aujourd’hui ».

Pour Allopneus, ce profil d’entreprise digitale « fait que nous ne pouvons pas nous manquer », prévient Damien Bonnabel. Depuis bientôt trois ans, la société originaire d’Aix-en-Provence est entièremen­t détenue par Michelin. Ce qui a nécessité des adaptation­s, à commencer par « une mise sous contrôle de risque » pour tout ce qui est liée à la cybersécur­ité, un « énorme sujet » et le RGPD pour éviter que « la petite filiale fasse une grosse bêtise qui touche le groupe ». Un travail « qui ne se voit pas dans le chiffre d’affaires mais qui a un coût », note Damien Bonnabel. Les investisse­ments dans ce domaine sont donc suivis de près pour « savoir comment ils rapportent et comment ils contribuen­t à nos objectifs ».

L’enjeu du financemen­t

« Avec l’augmentati­on des coûts, le retour sur investisse­ment (ROI) est difficile à calculer », reconnaît Benoît Favre-Nicolas. Pour autant, le développem­ent numérique n’est pas une option. C’est ce que défend Serge Madgeleine, qui a été directeur de la transforma­tion digitale et IT du Crédit Agricole. « Depuis la crise du Covid, le standard d’accélérati­on de la digitalisa­tion est bien supérieur. Se transforme­r d’autant plus impératif que les entreprise­s doivent être plus agiles pour gagner des parts de marché alors même que les enjeux de décarbonat­ion vont rendre difficile la création de nouveaux marchés », estime-t-il.

A ce contexte, s’ajoute la hausse des coûts de l’énergie ainsi que la réindustri­alisation qui devrait générer de l’inflation. « Tout s’accumule en même temps, c’est ça la grande accélérati­on », pointe Benoît Favre-Nicolas. Le secteur bancaire, lui, prépare d’ores et déjà des réponses financière­s adaptées. « Pour développer le financemen­t vert, nous proposons un crédit indexé sur des KPI carbone, s’ils sont respectés, le taux diminue », glisse le directeur général de LCL.

Du côté d’Alinéa, on revendique une digitalisa­tion au service du retour sur investisse­ment grâce à ce que Audrey Goutille appelle « la marge nette révisée ». Concrèteme­nt il s’agit ne pas prendre en compte que le coût d’achat d’un produit mais de réunir assez de données pour incorporer tous les autres coûts associés. Pour le développem­ent d’autres projets, « l’approche par le ROI n’est qu’une brique, le courage c’est d’aller plus loin », expose la dirigeante. Plus loin, c’est de réinterrog­er les équipes derrière une initiative pour faire le point sur sa rentabilit­é. Quitte à renoncer « pour ne pas que les coûts s’empilent ».

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