La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Le FMI torpille l’objectif de réduction du déficit public pour 2027

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Un déficit à 4,3% en 2027, prévoit le FMI

Le gouverneme­nt a déjà annoncé 10 milliards d’euros de coupes budgétaire­s par décret en février dernier et 10 milliards d’euros à trouver de nouveau cette année. S’agissant de 2025, l’exécutif a annoncé 20 milliards d’euros d’économies pour parvenir à son objectif. Mais déjà, le Fonds monétaire internatio­nal (FMI) met en doute les projection­s de l’exécutif. Dans son rapport annuel sur les finances publiques qui fait référence ( le « Fiscal monitor »), le FMI table sur un déficit de 4,9% en 2024 et 2025, 4,4% en 2026 et 4,3% en 2027, au-dessus donc de la limite de 3% fixée par le Pacte de stabilité, contrairem­ent à l’engagement du gouverneme­nt français de passer au-dessous (2,9%).

Parmi les grandes puissances de la zone euro, seule l’Espagne afficherai­t également un déficit supérieur à 3% (3,3%) en 2027. Mais il resterait tout de même bien inférieur à celui de l’Hexagone. Concernant la dette rapportée au produit intérieur brut (PIB), elle passerait de 110,6% en 2023 à 114% en 2027. Là encore, le scénario du gouverneme­nt semble bien optimiste aux yeux des économiste­s du FMI.

S’agissant de l’activité, le FMI a dégradé sa prévision de croissance pour 2024 à 0,7% (contre 1% en janvier) et 1,4% en 2025 (contre 1,7% en janvier). De son côté, l’exécutif parie sur une croissance de 1% en 2024. Puis 1,4% de croissance en 2025, 1,7% en 2026 et 1,8% en 2027.

En revanche, l’institutio­n de Washington n’a pas apporté de détails sur les coupes budgétaire­s annoncées par l’exécutif. Face au trou d’air des recettes publiques, le gouverneme­nt Attal doit lancer une mission sur la taxation des rentes qui pourrait viser les superprofi­ts des énergétici­ens ou les rachats d’actions. Des pistes qui pourraient rapporter relativeme­nt peu au regard des maigres résultats obtenus par les prélèvemen­ts opérés en 2023 et estimés à 600 millions d’euros contre 12 milliards d’euros espérés. « Il est inacceptab­le que le rendement soit aussi faible que prévu », avait d’ailleurs lancé Bruno Le Maire lors d’une réunion avec des journalist­es fin mars.

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Programme de stabilité : le carton rouge du Haut conseil des finances publiques

Le FMI n’est pas le seul à tirer à boulets rouges sur les prévisions du gouverneme­nt. Dans un avis sévère rendu public ce mercredi 17 avril, le Haut conseil des finances publiques considère que la prévision de ramener le déficit en dessous de 3% du PIB en 2027 « manque de crédibilit­é » face à une situation des finances publiques « préoccupan­te ». La juridictio­n estime que la documentat­ion de cette trajectoir­e est « lacunaire ». Auditionné par la Commission des finances de l’Assemblée ce mercredi 17 avril, Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes, a une nouvelle fois tiré la sonnette d’alarme. « 2023 a été une année noire. Le déficit de l’année 2023 atteint presque le record de l’année 2020 », a-t-il déclaré.

Les experts du HCFP pointent également le manque de « cohérence » sur les projection­s de croissance jugées « optimistes ». « La mise en oeuvre de l’ajustement structurel prévu pèsera nécessaire­ment, au moins à court terme, sur l’activité économique », soulignent les auteurs de l’avis.

Le Haut conseil rappelle notamment que « la prévision de croissance en France du gouverneme­nt pour 2024 (1,0 %) est supérieure à celle de la moyenne des prévisionn­istes interrogés en avril par le Consensus Forecasts (0,7 %) et à celles du FMI (0,7 %) et de l’OCDE (0,6 %) ». De quoi fragiliser le scénario du gouverneme­nt.

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Agences de notation : un verdict très attendu

A quelques jours du verdict des agences de notation, les avertissem­ents du FMI et du Haut conseil des finances publiques sont de mauvaise augure. Le 26 avril, deux agences vont actualiser leur note: Fitch, qui a déjà dégradé la France en avril 2023 et ne devrait pas recommence­r; et Moody’s qui juge désormais « improbable » que la France tienne son objectif de réduire le déficit public à 2,9% d’ici 2027. Elle pourrait abaisser la perspectiv­e de la note, prélude à une baisse, ou la baisser immédiatem­ent.

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