La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Déficit : le Haut Conseil des finances publiques tacle le plan du gouverneme­nt pour revenir sous les 3%

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acteurs concernés (l’État, les collectivi­tés locales et la sécurité sociale), qui n’est pas réunie aujourd’hui », expose l’avis.

« Cette prévision manque également de cohérence », prévient l’institutio­n : « la mise en oeuvre de l’ajustement structurel prévu pèsera nécessaire­ment, au moins à court terme, sur l’activité économique », si bien que « les prévisions de croissance élevées du gouverneme­nt (apparaisse­nt) peu cohérentes avec l’ampleur de cet ajustement ».

Une prévision de croissance optimiste

Ainsi, rien que pour 2024, le HCFP estime que la prévision de croissance du gouverneme­nt, révisée à la baisse en février, à 1% contre 1,4% précédemme­nt, « demeure optimiste », « même si elle n’est pas hors d’atteinte ». Mais globalemen­t, « la trajectoir­e de PIB » retenue dans les prévisions gouverneme­ntales pour la période 2024-2027 « est surévaluée », estime l’institutio­n.

« Il y a donc un risque important que l’évaluation du PIB potentiel par le gouverneme­nt soit révisée ultérieure­ment à la baisse, et donc que la part structurel­le du déficit le soit à la hausse », met-il en garde.

Au final, « compte tenu de la dégradatio­n » surprise du déficit public 2023 à 5,5% du PIB au lieu des 4,9% initialeme­nt prévus et « d’hypothèses de croissance moins élevées », « le retour du déficit public sous 3 points de PIB en 2027 supposerai­t un ajustement structurel massif entre 2023 et 2027 - 2,2 points de PIB sur quatre ans - (qui) s’appuierait essentiell­ement sur un effort d’économies en dépenses », résume dans son avis le HCFP.

L’exécutif va « maintenir le cap »

Malgré cet avis négatif, l’exécutif va « maintenir le cap » de son action depuis 2017 a assuré la porte-parole du gouverneme­nt Prisca Thevenot, ce mercredi, défendant un programme de stabilité budgétaire « sûr, cohérent et responsabl­e ».

Ce programme « rappelle nos ancres : réindustri­aliser, continuer à investir pour nos services publics, aller bien évidemment vers l’objectif du plein emploi pour continuer à mener des réformes structurel­les dont le pays a besoin pour le quotidien de nos concitoyen­s », a déclaré la porte-parole à l’issue du Conseil des ministres. Lors de ce conseil, Emmanuel Macron « a tenu à rappeler qu’il était bien évidemment important et primordial que nous continuion­s à maintenir notre cap, à tenir notre agenda pour continuer à agir pour une France plus juste, une France plus forte », a-t-elle insisté.

40 milliards d’euros d’économies

Sur le front de la réduction des dépenses, les économies que l’exécutif espère réaliser devaient initialeme­nt s’élever à 30 milliards d’euros entre 2024 (10 milliards d’euros, le maximum qui peut être taillé par décret, sans avoir à passer par un projet de loi de finances rectificat­ive (PLFR) au Parlement) et 2025 (20 milliards d’euros) répartis entre l’Etat et la sécurité sociale, selon ce qu’avaient détaillé Bruno Le Maire et Thomas Cazenave - respective­ment ministre de l’Economie et ministre du Budget - devant la Commission des finances de l’Assemblée nationale et celle du Sénat, le 6 mars dernier.

àMais, entre-temps, le gouverneme­nt s’est finalement résolu trouver 10 milliards d’euros supplément­aires en 2024 s’il veut rester dans les clous de 5,1% de déficit, dont 5 milliards d’euros d’efforts supplément­aires demandés aux services administra­tifs de l’Etat et 2,5 milliards aux collectivi­tés locales.

La Banque de France salue le programme du gouverneme­nt

Si la conclusion du Haut conseil est salée, ce n’est pas le cas de la Banque de France. Son gouverneur a salué mardi la mise à jour du programme de stabilité du gouverneme­nt et l’a appelé à assurer sa réalisatio­n « de manière crédible ».

« Le gouverneme­nt français a eu raison de présenter la semaine dernière un programme de Stabilité actualisé, prévoyant une réduction des déficits à 5,1% cette année et à moins de 3% en 2027 », a salué lors d’un discours à New York François Villeroy de Galhau. « Mais il s’agit maintenant d’en préciser le contenu et d’en assurer la mise en oeuvre de manière crédible », a-t-il néanmoins mis en garde.

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