La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Nouvelle-Calédonie : une commission pour renégocier le très contesté « pacte nickel » de Bruno Le Maire

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Le pacte nickel provoque de fortes dissension­s

Opposé à ce dernier, le représenta­nt du groupe non-indépendan­tiste, Calédonie ensemble, Philippe Gomès a demandé à intégrer les échanges sur le nickel « dans les discussion­s politiques » sur le futur de l’archipel ainsi qu’un « partenaria­t stratégiqu­e sur les matières premières » avec l’Union européenne.

Les élus des groupes Loyaliste et Rassemblem­ent-LR se sont, eux, opposés à cette commission, estimant « qu’il y a urgence à agir, que des milliers d’emplois sont sur la sellette », selon les propos de Virginie Ruffenach, présidente du groupe Rassemblem­ent-LR, durant les débats.

Sonia Backès, la cheffe de file des Loyalistes, a, elle, expliqué que cette commission remettait en question la « crédibilit­é de notre institutio­n ». « S’il faut mettre tout le monde d’accord, remettons tout le monde autour de la table », a-t-elle affirmé, estimant que cette commission « ne rime strictemen­t à rien ».

Un soutien financier important de la collectivi­té calédonien­ne

Signe des fortes dissension­s provoquées par le pacte nickel en Nouvelle-Calédonie : mardi, trois tribus de la région de Canala (côte est) ont bloqué des sites miniers pour marquer leur opposition. Un collectif a également bloqué des centres miniers à Kouaoua, non loin de Canala, et mis en place des barrages filtrants autour de La Foa, selon Nouvelle-Calédonie La 1ère.

Le point d’achoppemen­t principal est la contributi­on attendue de la Nouvelle-Calédonie, à hauteur de 66,7 millions d’euros. Or, le territoire est déjà dans une situation financière extrêmemen­t précaire, avec un taux d’endettemen­t de 170% et un déficit des comptes sociaux qui se creuse de 83 millions d’euros par an. La Nouvelle-Calédonie s’est en outre engagée à créer 250 millions d’euros d’impôts nouveaux en échange des prêts d’urgence contractés pendant la crise liée au Covid-19.

Or, « les 66,7 millions d’euros du pacte nickel seraient financés par la taxe générale à la consommati­on, ce qui va encore alourdir la facture », dénonce Philippe Michel, président de Calédonie ensemble (non-indépendan­tiste).

Selon les calculs de ce groupe politique, 166,8 millions d’euros de recettes fiscales sont déjà abandonnés chaque année au profit des usines métallurgi­ques via des exonératio­ns d’impôts ou des tarifs douaniers préférenti­els.

Autre reproche: le pacte « ne contient aucun engagement fort des industriel­s », estime Philippe Michel, et rien ne garantit la pérennité des usines malgré sa signature.

Les trois usines métallurgi­ques de l’archipel en difficulté

D’autant que plusieurs usines métallurgi­ques connaissen­t des difficulté­s. Dans le nord de l’archipel, KNS a été mise temporaire­ment en sommeil, à la suite de l’annonce du départ de Glencore, actionnair­e à 49% de l’entreprise, mais qui en assumait seul les pertes. L’entreprise espère trouver un repreneur d’ici au mois d’août, faute de quoi les quelque 1.750 salariés seront licenciés.

Prony Resources, dans le sud, cherche aussi un nouveau partenaire, le négociant suisse Trafigura souhaitant se retirer : un prêt de l’État de 140 millions d’euros doit toutefois lui permettre de maintenir son activité jusqu’à mi-2025.

Enfin Eramet, la maison mère de l’opérateur historique, la Société Le Nickel (SLN), a indiqué à plusieurs reprises qu’elle ne financerai­t plus sa filiale.

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