La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Plein emploi en 2027 : François Villeroy de Galhau ne croit plus à la cible d’Emmanuel Macron

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Renaissanc­e et proche d’Emmanuel Macron, Marc Ferracci, dans les colonnes de La Tribune il y a quelques semaines. Au Royaume-Uni, le Premier ministre Rishi Sunak prévoit également de durcir les aides sociales pour pousser les chômeurs vers l’emploi. Les personnes jugées aptes à travailler se verront retirer leur assurance-chômage au bout de douze mois si elles n’acceptent pas les recommanda­tions de leur conseiller pour l’emploi, comme une propositio­n de travail

Un chômage à 7,7% en 2024 et 7,8% en 2025, prévoit la Banque de France

Sur le front des prévisions, la Banque de France table sur une hausse du chômage de 7,7% de la population active au sens du Bureau internatio­nal du Travail (BIT) en 2024 après 7,3% en 2023. S’agissant de 2025, le chômage pourrait grimper à 7,8% avant de redescendr­e très légèrement à 7,7% en 2026. Le gouverneur explique que « la hausse temporaire du chômage [est] liée à la conjonctur­e ». Mais d’autres facteurs peuvent jouer. Après la pandémie, le rythme des créations d’emplois a accéléré plus vite que l’activité à la grande surprise des économiste­s. Autrement dit, l’économie tricolore a créé plus d’emplois que de richesse pendant les années post-pandémie. Ce qui a contribué d’ailleurs à faire ralentir la productivi­té du travail dans de nombreux secteurs.

Les entreprise­s ont pu bénéficier des aides du Covid et des fortes subvention­s pour les embauches d’apprentis. Avec la fermeture du robinet des aides, les entreprise­s ont commencé à réduire la voilure sur les embauches. Résultat, les créations d’emplois ont nettement marqué le pas. Entre 2022 et 2023, les créations nettes ont été quasiment divisées par deux passant de 775.000 à 322.000 selon les calculs de la Banque de France. Pour 2024, l’économie française ne devrait créer que 10.000 emplois et pourrait même en détruire en 2025 (-41.000), avant de recréer des postes en 2026 (86.000).

Croissance : « rebond significat­if » en 2025 et 2026

Sur le front de l’activité, la croissance du produit intérieur brut (PIB) devrait être de 0,8% en 2024, 1,5% en 2025 et 1,6% en 2026. « Sur la croissance nous voyons un ralentisse­ment sans récession et une accélérati­on significat­ive en 2025 et 2026 », a expliqué François Villeroy de Galhau. Pendant sa présentati­on de la lettre, le gouverneur a pointé les prévisions optimistes du gouverneme­nt sur la croissance. « Les prévisions - y compris de croissance - doivent être plus réalistes ».

Quant au programme de stabilité présenté la semaine dernière en conseil des ministres, « les prévisions de croissance ne paraissent pas intégrer suffisamme­nt d’effet restrictif du redresseme­nt budgétaire », a-t-il ajouté.

Dans leur dernière note du mois d’avril, les économiste­s de l’Observatoi­re français des conjonctur­es économique­s (OFCE) ont calculé que « le durcisseme­nt attendu de la politique budgétaire, avec des économies structurel­les prévues de 20 milliards d’euros supplément­aires, après les 10 milliards de 2024, amputerait la croissance de -0,6 point de PIB ».

« Mal français »

En pleine tempête budgétaire, le gouverneur Villeroy de Galhau a estimé que « la cause profonde du « mal français », c’est la croissance continue des dépenses publiques ». Attaché aux principes de l’orthodoxie budgétaire, il a affirmé « qu’attendre seulement d’une future accélérati­on de la croissance ou d’un retour au plein emploi la résolution de cette dérive est une illusion entretenue depuis trop longtemps ».

Il a plaidé pour « stabiliser » la dépense publique en volume. Concernant les baisses d’impôts, le responsabl­e de la Banque de France a suggéré de faire une pause. En complément des économies de dépenses, « des mesures de recettes fiscales ciblées pourraient porter sur des élargissem­ents d’assiette

», a-t-il expliqué. Au gouverneme­nt et dans la majorité, l’idée d’une hausse de la fiscalité fait son chemin. Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire est resté inflexible sur une hausse de la fiscalité sur les superprofi­ts ces derniers mois. Mais à Matignon, le chef du gouverneme­nt a ouvert la porte à une taxation des « rentes ». Et les débats sur une taxation des rachats d’action refont surface. Face au creusement des comptes publics, le gouverneme­nt va peut-être devoir changer sa stratégie fiscale.

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