La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Villeroy de Galhau invite la France à « stabiliser enfin en volume les dépenses publiques »

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tions, ou à la défense, selon le gouverneur. « A cette condition, la création d’une capacité budgétaire commune serait un atout supplément­aire des Européens », avance-t-il.

« Rendre le marché unique aussi attractif que le marché américain »

Pour le gouverneur, il faut également « approfondi­r le marché unique pour viser de le rendre aussi attractif que le marché américain ». Les prévisions du Fonds monétaire internatio­nal (FMI) pour l’année 2024 montrent l’écart entre les deux rives de l’Atlantique, avec une croissance anticipée à 2,7% aux Etats-Unis contre seulement 0,8% pour la zone euro, après respective­ment 2,5% et 0,4% en 2023.

Il salue à cet égard le rapport remis la semaine dernière au sommet européen par l’ancien Premier ministre italien Enrico Letta, qui pourrait faire « gagner plusieurs points de croissance » à l’Europe, notamment par sa recommanda­tion de mobiliser les 300 milliards annuels d’excédents de l’épargne privée européenne pour financer des investisse­ments verts et numériques. « La France et l’Europe doutent aujourd’hui de leur avenir économique », mais « l’autoflagel­lation et le chacun pour soi ne sont en rien vecteurs de dynamisme économique », prévient François Villeroy de Galhau.

« Un atterrissa­ge en douceur » de l’économie grâce aux banques centrales

D’autant que « l’action crédible » des banques centrales pendant la crise inflationn­iste a favorisé « un atterrissa­ge en douceur » de l’économie, bientôt conforté, souligne-t-il depuis plusieurs semaines, par une première baisse de taux de la BCE en juin. Sauf nouveaux chocs géopolitiq­ues, « 2025 devrait voir le retour de l’inflation à 2% et marquer la reprise de la croissance, en France comme en Europe », estime-t-il.

Par ailleurs, dans une interview aux Echos publiée dimanche soir, le gouverneur remarque que « le problème spécifique de la France, c’est que le même modèle social - auquel je crois - nous coûte nettement plus cher qu’aux autres pays européens ». « L’objectif, selon lui, devrait être de stabiliser enfin en volume les dépenses publiques », un effort qui pourrait être favorisé par « l’assoupliss­ement monétaire » qui s’annonce. Pour lui en effet, « il faut sortir de l’illusion récurrente que c’est la croissance qui va régler le problème de déficits publics.»

Il attend de voir « la compositio­n » des plans d’économies annoncés par le gouverneme­nt pour 2024 et 2025. « De bons choix qualitatif­s peuvent limiter l’effet restrictif sur l’activité », estime-t-il. Alors que le gouverneme­nt refuse des hausses d’impôts générales pour combler le déficit, le gouverneur estime qu’en effet, « la fiscalité n’est pas un élément central de la solution, mais (qu’) il ne faut pas exclure à titre complément­aire des mesures fiscales ciblées ».

Le FMI plaide pour un marché unique plus efficace

La France « n’a pas les moyens de faire de nouvelles baisses d’impôt non financées », déclare-t-il, jugeant « envisageab­le d’élargir l’assiette de certains impôts sur les ménages et les entreprise­s, et de revoir sans tabou certaines ‘niches’ ».

Le ton est le même du côté du FMI. Dans un entretien accordé vendredi à l’AFP, Alfred Kammer, directeur de la région Europe de l’institutio­n, avance même que si l’UE était en capacité de réduire de 10 points de pourcentag­e les barrières toujours existantes au sein du marché unique, cela améliorera­it son PIB de 7%. « L’énorme avantage dont disposent les Etats-Unis » comparé à l’UE, « c’est qu’il s’agit d’un marché unique à grande échelle », rappelle le directeur, au dernier jour des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, qui se sont tenues toute la semaine.

Pour l’Europe, rattraper une partie de son retard ne demande pas d’énormes évolutions, selon lui : « Améliorer les investisse­ments aux frontières, avancer sur l’union bancaire, l’union financière, faire en sorte que les retraites soient portables (d’un Etat membre à l’autre), faciliter les mouvements des travailleu­rs, permettre la reconnaiss­ance des diplômes » entre Etats membres.

Mais les pays européens doivent également mener des réformes structurel­les, en réaccordan­t de la place à l’éducation et la formation, tant initiale que tout au long de la carrière, dit-il. « Afin de renforcer les compétence­s, en particulie­r avec l’arrivée de l’IA, nous aurons besoin de flexibilit­é et d’adaptabili­té dans l’approche au travail. »

Reste que l’un des principaux défis pour les pays européens, en terme de productivi­té, est le vieillisse­ment de la population, déjà marquée dans l’est du continent où les population­s baissent. « Le vieillisse­ment de la population ne vient pas seulement réduire votre main d’oeuvre, cela vient aussi réduire votre productivi­té », souligne Alfred Kammer.

S’il reconnaît que le contexte politique n’est pas favorable à un renforceme­nt de l’intégratio­n au sein de l’UE, il dénonce néanmoins la responsabi­lité des Etats en la matière qui « font systématiq­uement de Bruxelles le bouc émissaire de ce qui ne va

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