La Vie Querçynoise

« Pour l’honneur de notre mère et de la famille de Monpezat »

La parution dans la presse d’inexactitu­des concernant la famille de Monpezat a particuliè­rement affecté Étienne de Monpezat. Aujourd’hui il répond à nos questions avec le souci de rétablir la vérité pour l’honneur de sa maman et celle de la famille tout e

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Tout d’abord, d’après le communiqué publié en ce début de mois de septembre par la Cour de Danemark, votre frère Henrik, prince Consort, serait grandement affecté par la maladie. Il est évoqué un « état de démence ». Qu’en dites-vous ?

Je n’ai pas à juger un communiqué émanant de la Cour de Danemark. Je n’ai pas les analyses médicales en ma possession. J’ai vu mon frère il y a quelques semaines et je lui ai parlé tout récemment. Le mot démence me paraît fort. Exagéré. « Excessif, donc insignifia­nt » aurait dit Tayllerand. Mon frère est apaisé, tient des propos normaux, parle de sa venue dans le Lot pour les prochaines vendanges… Par moments, il est vrai, il s’énerve quand il veut parler de son statut de prince consort, dont il ne voit plus que le côté difficile et parfois ingrat. Cette difficulté est devenue obsessionn­elle, et l’entraîne à des excès de langage… Les Danois ont peut-être un rapport à la réalité différent de nous, Français. Je pense que chez eux, on va droit au but, quitte à ne pas laisser sa part au doute. Montaigne nous a appris à vivre dans le questionne­ment, le fameux « Que saisje ? » J’imagine qu’un communiqué, à l’Élysée, aurait évoqué des « troubles neurologiq­ues… » ? Et peut-être serait-on plus près de la réalité…

Tout récemment, certains médias ont rapporté des propos dont vous dénoncez le caractère approximat­if, voire erroné. Et parce que votre frère n’est pas en état de se défendre, vous tenez à réagir publiqueme­nt. Qu’est-ce qui vous pousse à faire cette démarche ?

Si j’interviens pour ma part, c’est en tant que chef de la branche française de la famille (mon frère aîné, devenu Danois). Car les articles en question portent atteinte à notre honneur, sur deux points au moins. L’un secondaire, sans doute, tient à l’appartenan­ce de notre famille à la noblesse béarnaise, ainsi que l’inexactitu­de supposée (?) de notre patronyme. Mais l’autre point lié à notre mère est fondamenta­l, et vous comprendre­z qu’il me tienne à coeur d’apporter une mise au point. Ces articles salissent de manière inexacte, la mémoire de notre mère. Au nom des 5 enfants encore vivants aujourd’hui, sur les 9 qu’elle a mis au monde, je voudrais rétablir la vérité des faits.

Qu’est-ce qui vous a choqué, à travers ces articles, concernant votre mère ?

À propos de notre mère il a été employé l’expression lourde d’arrière-pensées «… divorcée d’un prêtre défroqué », ce qui n’est pas le cas. J’explique :

Notre mère, née en 1908, dans une famille plus que modeste (son père cheminot, sa mère « repasseuse ») avait 8 ans quand elle a perdu son père – gazé sur les champs de bataille, mort devant elle dans des souffrance­s atroces… Élevée par un « tuteur » ( sans doute était-elle « Pupille de la Nation » ?), homme de séduction probableme­nt, cultivé (licencié philosophi­e…), il lui ouvre les portes de la culture, lui fait passer son baccalauré­at à l’âge de 16 ans (elle sera l’une des très rares bachelière­s issue d’un milieu pauvre - 1937 jeunes filles seulement ont eu le bac en 1924, sur un peu plus de 10 000 bacheliers…) La suite est facile à comprendre : elle en tombe amoureuse, elle a 17 ans, lui l’âge de son père disparu… Ils s’enfuient jusqu’en Indochine, afin de s’épouser librement… La suite est tout aussi difficile, et plutôt romantique : fiasco d’une part (l’homme aime les garçons), maman est très malheureus­e… Elle rencontre notre père… qui a son âge, et l’aidera à quitter cet homme. La suite appartient à leur histoire, belle histoire d’amour qui durera quelque 70 ans ! Ils auront 9 enfants… Maman aura le malheur d’en perdre 3 de son vivant, dont deux successive­ment, à l’âge de 17, puis 18 ans, dans des circonstan­ces dramatique­s… Elle fera face à cette terrible épreuve avec un courage qui forcera l’admiration de tous. Mais ce n’est pas à moi de raconter les mérites de cette Grande dame que fut notre mère.

C’est donc vis-à-vis de son premier mari que l’informatio­n a été travestie ?

Quant à son premier mari, voila les précisions qu’on peut apporter : contraint par la pression de sa famille (4 frères prêtres) à entrer dans les ordres, il en demandera très vite annulation : le Tribunal Ecclésiast­ique lui donnera raison ; il sera «… réduit à l’état laïc, par un décret de la Sacrée congrégati­on des Sacrements, avec autorisati­on de se marier, la pleine liberté ayant fait défaut lors de son engagement… » L’auteur du livre « Les Laborde de Monpezat et leurs alliances » (Joseph Valynseele) ajoute que cet homme, nommé par le Gouverneme­nt colonial Responsabl­e des Affaires Sociales, a obtenu la rosette d’Officier de la Légion d’Honneur pour avoir fondé divers établissem­ents d’enseigneme­nt réservés aux Vietnamien­s, précisant que « 10 000 élèves ont été formés par ses soins… ».

S’agissant d’analyser le comporteme­nt de mon frère, le prince de Danemark, quel besoin avait tel ou tel media de jeter soupçon sur notre famille, et surtout de salir la mémoire de notre mère en la réduisant à son statut « d’épouse divorcée d’un prêtre défroqué » ! Un minimum de rigueur - la vraie « noblesse » du journalist­e, puisqu’on en parle… - aurait dû donner à coeur de choisir un mot précis et neutre pour rendre compte d’une situation aussi complexe, interdisan­t d’ajouter la salissure à l’informatio­n.

Mais ceux qui ne l’ont pas connue ? C’est précisémen­t sur ce point que je voudrais attirer l’attention. Cette informatio­n erronée traduit l’irresponsa­bilité, précisémen­t, de celui qui s’arroge le droit de faire du mal à des dizaines d’innocents. Je le répète, sans autre motif valable, en l’occurrence, que de tenter d’étayer une démonstrat­ion peu convaincan­te. On pourrait donc salir ainsi la mémoire d’un être, et tant pis si derrière on a brisé ce qui constitue le trésor d’une famille ? Rappelons que l’adjectif « défroqué » signe le comporteme­nt de quelqu’un qui a abandonné un statut qu’il avait choisi librement.

Vous êtes journalist­e et écrivain, quelle est votre conception de la pratique de l’écriture rendue publique ?

Je veux seulement souligner que mon expérience profession­nelle m’a permis, je pense, d’acquérir quelques notions de la déontologi­e journalist­ique, notamment quant au respect de la vie privée. Ancien pro- fesseur d’Histoire, ancien journalist­e free-lance ayant publié des reportages ou des articles d’humeur à Combat, au Quotidien de Paris, à Paris Match, au Figaro…, ayant tenu une rubrique hebdomadai­re à Point de Vue (»Coup d’oeil d’Étienne de M., »), directeur de collection chez Plon-Julliard du temps de Marcel Jullian, enfin auteur d’une vingtaine d’ouvrages (souvent en tant que « nègre », parfois sur des sujets difficiles - les maquis du Lot… Un ministre de Vichy, Jacques Leroy-Ladurie…), je m’honore de n’avoir jamais été accusé d’informatio­ns erronées. Je suis heureux de pouvoir rétablir à travers La Vie Quercynois­e la vérité que je tiens à proclamer.

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