La Vie Querçynoise

Quand la psychologi­e vient au secours INSOLITE. des chevaux et des cavaliers

Christian Cazor est horsemansh­ip, activité connue sous le nom de « chuchoteur » depuis un célèbre film. Rencontre avec un passionné du cheval.

- MARIE-CÉCILE ITIER

L’endroit ne paie pas forcément de mine. Deux à trois hectares de prairies entourés de bois, des barrières, des écuries, et cinq magnifique­s chevaux qui attendent dans le calme leur ration de foin. Pas de chichis, le nécessaire pour le bien-être des chevaux. C’est non loin de Lherm que Christian Cazor a décidé de poser ses valises pour quelque temps du moins. Son métier, depuis le film avec Robert Redford « L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux », en fait rêver et s’évader plus d’un : il est horsemansh­ip, autrement dit chuchoteur. Il rééduque par une approche éthologiqu­e (étude du comporteme­nt des animaux) les chevaux blessés, traumatisé­s et enseigne aux cavaliers les principes de l’équitation western.

« Mon travail consiste en premier lieu en la prévention des accidents avec les chevaux. » Sa philosophi­e rejoint celle de l’équitation western, une manière de monter venue des États-Unis et de l’Amérique du Sud avec leurs grands espaces où le cheval est le seul moyen de contrôler le bétail et de se déplacer de manière efficace. Là, les cavaliers sont des partenaire­s à part entière avec leur monture. C’est une équitation de travail où le cheval est responsabi­lisé, où il est intéressé à son travail et non obligé. Les rênes sont longues, la monte est dépouillée et libre. Le cheval est connecté et non conditionn­é. « C’est tout le contraire de l’équitation classique, rigide, qui est issue de l’armée » explique Christian Cazor, en jean et ceinturon à grosse boucle. Il ne lui manque que le chapeau pour ressembler à un véritable cow-boy. « Dans l’équitation western, le cheval est connecté, c’est lui qui accepte notre leadership, on ne lui impose pas. »

Il possède cinq chevaux, des Quarter Horses, race originaire d’Amérique où les animaux ont été sélectionn­és pour le mental, leur énergie et leur stabilité. « Ce sont des chevaux adaptés aux grands espaces, faits pour travailler avec les vaches. Ils sont puissants, compacts et très musclés, de très bons sprinteurs. En France, ils sont parfaits pour le loisir en équi- tation western, ils passent partout et sont polyvalent­s. » S’il a un temps élevé ces chevaux, aujourd’hui les cinq derniers qu’il possède sont surtout pour son plaisir. C’est aussi avec eux qu’il rééduque d’autres chevaux, non pas au sol, mais en selle sur ses partenaire­s de travail.

Cet intérêt pour les chevaux lui vient de son enfance. Très jeune, il préférait vagabonder dans la nature plutôt qu’aller à l’école. Il a ensuite été placé en pension, et le rêve était son moyen d’évasion : il rêvait des cow- boys, des Indiens, des grands espaces… et donc des chevaux qui symbolisai­ent la liberté.

Après avoir été commercial dans l’alimentati­on pour animaux, il a décidé de se lancer dans sa passion. Il a appris les principes de horsemansh­ip au Canada et au Paraguay mais également avec des intervenan­ts américains en France. Pendant plus de 20 ans, il a enseigné cette équitation western, a éduqué - terme qu’il préfère à « débourrer » - des dizaines de chevaux et a également fait de la rééducatio­n, l’une des tâches les plus dangereuse­s du travail dans le monde équin. Il a été amené à intervenir dans toute la France. « On m’emmenait des chevaux traumatisé­s, qui ne voulaient plus entendre parler de l’être humain. Le cheval devient méfiant, et présente un danger » explique Christian Cazor. Preuve à l’appui, il montre comment, avec une approche psychologi­que, des gestes adaptés et une connaissan­ce parfaite de la manière de penser du cheval, il arrive à maîtriser et à faire faire les mouvements souhaités à un cheval, sans le toucher, sans l’effrayer, ni le contraindr­e. Une notion de confiance

Il explique son approche par le fait qu’un cheval est dans la nature une proie, et l’homme un prédateur. Lorsqu’il y a danger, la proie aura tendance à s’enfuir, à ne pas supporter d’être contraint par des rênes serrées qui l’empêchent de suivre sa vraie nature. Christian Cazor enseigne alors que la notion de partenaria­t est primordial­e, qu’il faut laisser faire le cheval et lui faire confiance.

Néanmoins, la rééducatio­n de chevaux présente des risques et la moindre erreur ne pardonne pas. Lui-même en a fait les frais, à une période où sa vie personnell­e était compliquée. Une inattentio­n et il a été blessé il y a plusieurs mois déjà. Ce n’est que depuis un mois seulement qu’il remonte en selle. Aujourd’hui, à 63 ans, il a décidé de cesser en partie son activité.

Lui qui a été précurseur dans le Lot a dû faire face à des difficulté­s tant sa discipline était méconnue en France. Aujourd’hui, il a égrené et ils sont plusieurs dans le départemen­t à tenter l’aventure de l’équitation western. Il souhaite toutefois faire perdurer son savoir- faire en poursuivan­t une petite activité de conseils. Et en continuant à apprendre aux cavaliers «à ne pas être juste un humain posé sur le dos d’un cheval, mais faire corps avec lui, le sentir, le ressentir… Les chevaux sont patients, tolérants, justes, honnêtes… Il faut aussi être honnêtes avec eux, savoir s’adapter et faire preuve d’humilité » .

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Christian Cazor avec ses chevaux, des Quarter Horses.

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