La Vie Querçynoise

Qui est saint Sylvestre fêté le 31 décembre ?

Si le passage à la nouvelle année n’est en rien une fête religieuse, il porte le nom de la Saint Sylvestre, un pape romain du IVe siècle célébré le dernier jour de l’année. Sylvestre est sans doute l’un des saints dont le nom est le plus familier même pou

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Allez-vous festoyer pour la Saint Sylvestre ? Rituelleme­nt, le 31 décembre, les chaînes de télévision nous montrent des images de population­s en liesse qui s’embrassent chaleureus­ement en se souhaitant une bonne année. Nous avons pris l’habitude de nommer ces festivités en parlant du réveillon de la Saint Sylvestre. Il faut pourtant rappeler que ce rituel n’a rien de religieux puisqu’il célèbre un événement lié à notre calendrier civil.

Que fête-t-on le 31 décembre au soir ? La Saint Sylvestre étant pour les catholique­s une célébratio­n de moindre importance, on fête la fin d’une année de labeur et le début d’une année de bonheur. Une bonne occasion de nocer et de faire la bringue jusqu’au bout de la nuit.

Saint Sylvestre pourrait être le saint patron des fêtards.

Les festivités saturnales commençaie­nt à la mi-décembre

Remontons le fil du temps. Dès l’Antiquité, les Romains fêtaient les Saturnales, en l’honneur du dieu Saturne. Les festivité commençaie­nt à la midécembre et s’achevaient le jour du solstice d’hiver pour célébrer le retour du soleil.

Cette tradition perdure dans les étrennes qui sont remises aujourd’hui aux enfants.

Pendant ces jours- là, « les esclaves portaient les habits de leurs maîtres, s’asseyant à table avec eux. C’étaient des moments de grandes réjouissan­ces » dont le bouquet final était la fête païenne des Sigillaire­s, fin décembre. C’est l’ancêtre de notre Saint Sylvestre : on échangeait des petites statues, des médailles et des pièces. Cette tradition perdure dans les étrennes qui sont remises aujourd’hui aux enfants. Personne ne travaillai­t, tous les hommes bénéfician­t d’une liberté absolue. « On se bâfrait à l’envi de mets et de boissons jour et nuit ».

Le « réveillon » ou « petit repas pris la nuit, en compagnie », selon le dictionnai­re, devient de nos jours, une manière de commémorer ô combien plus sobre que les festivités orgiaques de nos ancêtres les Romains ! Cette période de fête était clôturée par les jeux du cirque.

C’est à l’époque de Jules César (100 à 44 avant J-C.) qu’a été imposé à Rome le nouveau calendrier qui faisait commencer l’année le 1er janvier. Ce qu’ont confirmé les autorités chrétienne­s quelques siècles suivants.

Néanmoins, jusqu’à la fin du Moyen Âge, des différence­s notables existaient entre les diverses régions du royaume de France, car les événements religieux, qui étaient privilégié­s pour célébrer la nouvelle année, n’étaient pas les mêmes partout. La Saint Sylvestre était parfois délaissée au profit de Noël, quand d’autres préféraien­t la fête de Pâques.

Finalement, c’est l’interventi­on du pouvoir d’État qui permit d’imposer une date : c’est Charles IX qui établit par l’Édit du Roussillon de 1564, le 1er janvier comme le premier jour de la nouvelle année.

La tradition de fêter la fin de l’année aurait été popularisé­e en France en 1915, pendant la Grande Guerre. Les troupes avaient reçu le soir du 31 décembre des bouteilles et des victuaille­s pour célébrer la trêve de Noël. Cet usage se serait perpétué dans les foyers au retour des soldats en 1918.

Qui est donc saint Sylvestre ?

Le citoyen romain Sylvestre brille d’abord en protégeant un certain Timothée, défenseur de la foi chrétienne qui meurt martyr.

Alors que le préfet romain menace Sylvestre pour avoir caché la dépouille de Timothée, il lui aurait répondu : « Insensé, c’est toi qui, cette nuit, va rendre compte à Dieu » . Le dignitaire romain, frappé de la colère céleste, serait mort dans la nuit, étouffé par une arête de poisson. Un soir de réveillon ? Le canon ne le dit pas.

En 314, sous le règne de Constantin, il est élu 33e pape de l’Église catholique, un an après l’autorisati­on de la liberté de culte des fidèles catholique­s par l’Empire romain. Mettant ainsi un terme à des siècles de persécutio­ns : « Sylvestre a marqué le passage de la Rome païenne à la Rome chrétienne » ou encore : « Il verra l’Église sortir des catacombes ».

La célèbre légende dorée de Jacques de Voragine dans « Une Vie des Saints » écrite aux XIIIe siècle, lui, fait l’éloge d’avoir converti l’empereur au christiani­sme en le guérissant de la lèpre par le baptême. Selon certains historiens, le souverain aurait bien épousé la foi chrétienne, mais pour des raisons politiques, sensible au succès grandissan­t du christiani­sme.

Ce pape s’est éteint le 31 décembre 335, après avoir régné 22 ans sur le Saint-Siège. Son pontificat a été marqué par le développem­ent du christiani­sme.

Mais si, selon de nombreux commentate­urs, le personnage est resté trop effacé, ne venant ni au concile d’Arles (314), ni au concile de Nicée (325), il fut très respectueu­x de l’autonomie des Églises Orientales. Il compte à son actif pastoral d’avoir veillé au patrimoine doctrinal de l’Église.

Soyons reconnaiss­ant envers ce pape pour avoir fait de Rome « La Ville éternelle » où il entreprit de grands travaux comme la constructi­on des basiliques Saint Jean de Latran et de Saint Paul Hors les Murs.

Sylvestre Ier, le pape du concile de Nicée

Sylvestre a tenu les rênes de l’Église à une époque charnière du christiani­sme. En 315, Constantin avait promulgué l’Édit de Milan qui tolérait le christiani­sme. Sous le pontificat de Sylvestre se tient le Concile de Nicée qui réunit en 325, les évêques d’Occident et d’Orient. La doctrine établit que le Christ, puisqu’il a été créé après le Père, ne pouvait avoir une nature similaire à celui-ci. Le Christ est acclamé Fils de Dieu.

Pontife effacé et fatigué, resté trop dans l’ombre de l’empereur, Sylvestre laisse le soin à Constantin d’y affirmer, à sa place, le canon chrétien. C’est également l’empereur qui entreprend­ra la constructi­on du Saint Sépulcre de Jérusalem, un vaste complexe bâti sur le lieu présumé du tombeau d’où le Christ aurait ressuscité selon les Évangiles.

Une fête au caractère universel

Sylvestre est sans doute l’un des saints dont le nom est le plus familier même pour les non-catholique­s sans forcément, que son histoire ne soit connue.

Aujourd’hui, la Saint Sylvestre est fêtée dans presque tous les pays du monde. Avec la Saint Jean rendu populaire par ses bals et des feux, et la Saint Nicolas célébrée dans de nombreuses régions de France, la Saint Sylvestre fait partie des fêtes les plus connues. Il n’existe sans doute pas de festivité au caractère plus universel que ce jour-là.

• André DÉCUP

« Sylvestre a marqué le passage de la Rome païenne à la Rome chrétienne »

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DR Saint Sylvestre Ier, pape de 314 à 335.

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