La truffe, emblême et symbole de tout un département est au coeur de nouveaux enjeux
C’est le grand moment de la truffe où elle est mise à l’honneur sur les marchés du Lot, dans les restaurants, même une grande fête lui est dédiée.
Alors pour mieux découvrir ce diamant noir symbole du Lot qui suscite beaucoup d’intérêt auprès des professionnels, des particuliers ainsi que des touristes le président de l’association des trufficulteurs du canton de Lalbenque et des causses du Quercy, Jean- Jacques Fourès, s’exprime sur le monde de la truffe et donne les premières tendances du marché.
L’association fédère une centaine d’adhérents implantés depuis des générations sur le territoire ainsi que de nouvelles exploitations. L’univers de la truffe aussi fascinant soit-il, est une alchimie bien précise, entre plants micorizhés, chêne, terroir où se mêlent traditions, savoirfaire ancestraux et nouveaux enjeux. Il explique les différents enjeux à relever pour les années à venir.
Le monde des trufficulteurs
Certains trufficulteurs perpétuent un savoir-faire transmis de génération en génération, tandis que de jeunes agriculteurs se lancent sur des superficies considérables. Il existe deux profils de trufficulteurs : ceux motivés par la passion et d’autres faisant de la trufficulture une activité professionnelle. La réglementation, ou plutôt l’absence de celle-ci, permet à toute personne disposant d’un terrain propice, de se lancer dans cette aventure, avec pour seule obligation concernant les agriculteurs de le déclarer en verger truffier. Certains trufficulteurs sont implantés de génération en génération. Quelques jeunes agriculteurs se lancent même dans des superficies importantes.
La truffe
La truffe noire de Lalbenque, bien moins esthétique que d’autres, se distingue par son goût exceptionnel. Elle est très savoureuse. Comme c’est un champignon, elle a besoin d’eau mais à des moments propices. Sa croissance débute en mai-juin pour arriver à maturité en décembre. Les terrains calcaires du Lot sont idéaux parce qu’ils sont drainants. Avant d’espérer avoir une production de truffe il faut compter au moins une dizaine d’années et le rendement est de 15 à 20 %. Le travail et la patience sont mis à rude épreuve.
Aléas climatique
La filière trufficole essaye de redonner une dynamique sur le territoire « mais le climat joue les perturbateurs. Par exemple en 2023, de juillet à août, il n’y a pas eu d’orages. Les 1res pluies sont arrivées fin septembre. Trois mois sans eau, la truffe se fait rare » précise Jean-Jacques Fourès, il poursuit « L’irrigation est tentée pour s’adapter aux changements climatiques, mais certains hésitent en raison des fortes contraintes liées à l’arrosage. À l’inverse un sol gorgé d’eau fait perdre son goût, la truffe ne peut pas dégager tous ses arômes ». L’équilibre climatique est un défi constant pour les trufficulteurs.
Prévisions 2024
Pour 2024 « c’est une modeste récolte d’environ 500 kilogrammes de truffes qui est prévue mais c’est déjà mieux que l’an dernier. Une bonne année c’est quand on arrive à une tonne, une tonne 5» souligne le président du syndicat. La baisse de production peut s’expliquer par le fait que les gens vivent sur leur acquis et ne replantent pas. Malgré tout le marché reste actif. À Lalbenque ce sont principalement les particuliers qui viennent s’approvisionner et quelques charcutiers ou restaurateurs.
Cours de la truffe
Le cours moyen de la truffe se situe entre 700 et 800 euros, mais sur le marché de détail, il peut atteindre 1000 euros. Un contrôle strict garantit une qualité exceptionnelle, classée en fonction du poids et de l’absence de défauts.
Truffe et gastronomie
La truffe est un ingrédient prisé dans des plats tels que la brouillade aux oeufs, le foie gras et les mets gastronomiques. D’ailleurs les restaurants mettent souvent à cette époque la truffe à l’honneur sur leur carte. Ainsi elle attise la curiosité et contribue à l’attractivité de Lalbenque, attirant des touristes internationaux (Chinois, Japonais, Américains, Anglais…). Une belle notoriété qui donne un bon dynamisme au territoire.
• Marie-Françoise PLAGÈS