De nouveaux enjeux pour la filière trufficole
À la chambre d’agriculture du Lot, à Cahors, jeudi 18 janvier, la SAFER du Lot, le président de la SAFER Occitanie, Dominique Granier, le président de la Fédération Régionale des Trufficulteurs d’Occitanie, Alain Giniès et le président du Comité Technique Départemental du Lot, Jean-Claude Goudoubert, se retrouvaient pour signer une convention de partenariat qui devrait permettre de développer la filière trufficole.
Un symbole fort du territoire lotois
La production truffière dans le Lot est emblématique. D’ailleurs afin d’étayer cette affirmation de symbole fort du département, William Saenz, de la Station trufficole du Lot, en préambule de le signature de la convention, a largement captivé son auditoire en remontant aux origines de l’histoire de la truffe.
Les enjeux du futur
Augmenter la production, multiplier les exploitations performantes, facilité l’accès au foncier pour les futurs exploitants de la filière truffe, se pencher sur la problématique de l’eau, ainsi que soutenir financièrement la filière sont les enjeux de demain. Fort de ces constats Alain Génies précisait « Il faut savoir que aujourd’hui la production de la France c’est 40 tonnes toutes truffes confondues pour une consommation d’environ 100 tonnes et nous en importons plus de 80 %. C’est dire si nous avons des efforts à faire à tous les niveaux » . Beaucoup de pays sont en avance sur la France, comme l’Espagne, l’Italie, des pays de l’Est, cela pose question. Alain Génies y répond « malgré tout, nous ne sommes pas si mal placé. Il y a 10, 15 ans derrière, l’Espagne a décidé d’y mettre les moyens mais d’une manière collective. Là où nous plantons des centaines d’arbres pour un résultat de 20 à 32 % de production les Espagnols en plantent des milliers. Et ces plantations, aujourd’hui, ont une dizaine d’année et sont en pleine production. Comme ils n’ont pas la fibre gastronomique que l’on peut avoir en France, c’est l’Espagne qui fournit ses truffes à l’import. Nous avons les capacités de produire plus parce que nous avons des moyens, on le voit au niveau de la Safer, il y a des terres disponibles. Je crois qu’il faut que l’on développe le fait de travailler ensemble ». Et, cette convention va aider dans ce sens à développer la production de la truffe dans la région. Dans leur discours respectifs Dominique Granier et Alain Giniès affirmaient également qu’il était important que les trufficulteurs soient vraiment reconnues comme tel, qu’il y ait un statut des trufficulteurs à l’instar de la filière apicole ou viticole.
La truffe dans l’histoire
Au XIVe siècle, le pape Jean XXII rétablit la consommation de truffes, jadis interdite par le clergé au Moyen- Âge. Au cours du XIXe siècle, la trufficulture émerge avec les premières plantations dans le Lot vers 1850. L’apogée de cette culture s’étend de 1870 à 1914, favorisée par la conversion de vignobles touchés par le phylloxéra en truffières. Cependant, les deux guerres mondiales, l’exode rural et l’avènement de l’agriculture moderne marquent le déclin de la trufficulture au XXe siècle.
Face à cette diminution alarmante, des associations de trufficulteurs se forment dans les années 70. Des programmes d’aides à la plantation sont lancés, et l’INRA développe une méthode de mycorhization contrôlée, marquant le début de la trufficulture moderne en 1972. Malgré les défis, les efforts se poursuivent avec des découvertes notables, comme la synthèse de mycorhizes en 1969.
Aujourd’hui, la trufficulture se mondialise, touchant des pays tels que l’Espagne, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Chili, l’Argentine, les États-Unis, la Chine, le Maroc, l’Afrique du Sud, le Canada, et d’autres. Des enjeux futurs incluent la nécessité de faciliter l’accès au foncier, de généraliser l’arrosage des plantations, et de soutenir financièrement la filière pour augmenter la production truffière globale de manière significative.
• Marie-Françoise PLAGÈS