La Vie Querçynoise

Au revoir Professeur Tournesol

- M- F P.

Montcuq a vu s’éteindre en ce début d’année une figure du marché dominical. Yves Dalot, alias Professeur Tournesol ou Toto, a tiré sa révérence le 2 janvier 2024 à l’âge de 91 ans.

Il était né 30 novembre 1932 au hameau de Poudans à Labastide- Marnhac. Aîné d’une fratrie de 5 enfants, il faisait partie de cette génération dont la Seconde Guerre mondiale a marqué l’enfance.

À l’école de Salgues, il faisait souvent le pitre et était régulièrem­ent puni à la cave. Mais il y avait découvert un baricou de vin blanc, si bien qu’avec ses petits camarades, ils faisaient exprès de se faire punir pour aller boire quelques gorgées en douce, jusqu’à ce que le pot aux roses soit découvert et qu’il frôle l’exclusion.

Il fit carrière à la Poste en tant que facteur, tout d’abord à Oullins dans la banlieue de Lyon. C’est là qu’il commença une correspond­ance avec Josiane, une belle Réunionnai­se qui quitta son île natale pour le rejoindre et l’épouser en 1972. Il adopta le fils qu’elle avait eu d’une première union et ensemble ils eurent deux enfants. Lorsqu’il obtint sa mutation à Luzech, ils emménagère­nt à Saint Pantaléon. Il prit sa retraite de facteur en 1988 avec la médaille d’honneur de La Poste.

Une figure du marché

À Montcuq, le marché dominical avait démarré depuis quelques années et commençait à attirer ses premiers fidèles marchands.

Or Yves Dalot avait depuis toujours une passion : le potager. Il cultivait son propre jardin et un autre terrain à Poudans, si bien que son épouse, voyant sa production augmenter d’année en année, eut l’idée qu’il la vende.

C’est ainsi qu’il devint un incontourn­able personnage du marché de Montcuq, doté d’une gentilless­e débordante et d’un sens de l’humour qui marquèrent les esprits.

« Miladiou! » s’écriait- il souvent, tout en faisant cadeau à ses clients d’une tête d’ail, de pommes de terre ou d’oignons en plus. Jusqu’en 2020, il ne quitta jamais son stand, tout d’abord situé aux pieds de l’église Saint Privat puis déplacé sur la petite place.

Lorsque les Poids et Mesures imposèrent l’utilisatio­n d’une balance électroniq­ue pour la pesée des légumes, ce fut un drame dont tout le marché entendit parler, lui qui arrondissa­it toujours au plus arrangeant pour le client !

Il fut un temps président de la chasse et également gardechass­e. Il élevait quelques cochons et canards. Sa vieille 205 Peugeot ou son camion C15 créait souvent des bouchons dans les ruelles, mais il avait toujours un bon mot pour les uns ou les autres, échangeant volontiers en patois avec les anciens, ou affublant les plus jeunes d’un petit surnom sympathiqu­e. C’était un homme profondéme­nt gentil, aimé de tous.

Durant ses dernières années de marché, il était souvent accompagné de son petit- fils Noa, qu’il était fier de présenter en disant « voilà le garde du corps » car il pratique le karaté.

À Montcuq et pour tous les gens qui l’ont connu, il laissera un touchant souvenir impérissab­le.

• Cécile INGALLS

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