La mairie demande la démolition de sa maison, il se bat pour obtenir une régularisation
Originaire de Montgesty, Jean-Christian Delpech a quitté le Lot et la métropole française en 1975, pour poser ses bagages à l’île de la Réunion, son port d’attache durant 33 ans. Ancien lieutenant de la Marine Marchande, puis directeur technique dans les travaux publics, il occupera divers postes en plusieurs endroits de la planète. En 2018, il regagne l’hexagone, afin de soutenir ses parents dans leurs vieux jours. Après leur décès en 2020 et 2021, vivant seul, il cherche à s’installer à Montgesty...
Aujourd’hui, Jean-Christian Delpech est poursuivi devant le tribunal correctionnel de Cahors, suite à la plainte du maire de Montgesty, qui demande la démolition de l’aménagement réalisé, alors qu’il y aurait la possibilité, selon M. Delpech, de régulariser la situation.
➜ Comment vous êtesvous retrouvé à Montgesty ?
Je suis né à Montgesty et après avoir vécu à l’autre bout du monde, mon souhait le plus cher c’est de vivre dans mon village natal. Mon père était de Montgesty et ma mère de Thédirac, à 3 km. Or, je ne comprends pas pourquoi le maire veut m’empêcher de m’installer ici. Pourtant, je ne suis pas un étranger. Mes souvenirs d’enfance sont ici. D’ailleurs, j’ai beaucoup fréquenté Francis Galtié, le petit frère du maire, aujourd’hui décédé. Je peux même ajouter que je suis de la famille des Galtié, car nos deux arrière-grands-mères étaient soeurs ! Je ne sais pas pourquoi, le maire me met des bâtons dans les roues, je n’aurais jamais imaginé vivre une chose pareille !
➜ Dans quelle situation vous retrouvez-vous aujourd’hui ?
Je suis installé sur un terrain que mon père m’avait légué, à Montgesty. Il s’agit d’une parcelle de 954 m2, alimentée en eau et électricité, située à la sortie du village, entre deux terrains construits. Ma parcelle avait déjà fait l’objet d’un permis de construire en 2001, pour un cabanon de chantier de la SNCF, acheté par mon père. Tout à côté, il y avait un petit hangar agricole que j’ai aménagé et c’est ce qui pose problème. Pour moi, c’est le lieu de mes rêves. Or, suite à la plainte du maire, le tribunal me demande de régulariser ma situation, car je n’étais pas en règle du point de vue administratif.
➜ Comment vous êtesvous retrouvé dans cette situation ?
Sur mon lopin de terre, vu que le cabanon en bois est inhabitable, même s’il jouit d’un permis de construire, je me suis lancé dans l’aménagement du petit hangar agricole ; en fait, j’ai fermé l’existant. Au cours de l’été 2022, le temps de mener à bien ces travaux, j’avais stationné une caravane sur le terrain. Ceci était provisoire bien sûr, en attendant de m’installer ! Cependant, peu après mon arrivée, les gendarmes sont venus m’interpeller et le maire m’a fait enlever la caravane. Alors j’ai campé sur les lieux, je dormais dans un hamac ou dans le cabanon, en cas de pluie.
➜ Pourquoi êtes-vous resté sur les lieux ?
Parce que je n’ai pas les moyens d’aller ailleurs ! En 7 mois, j’ai terminé mon logement de 28 m2. J’ai tout fait de mes mains, en utilisant en grande partie des matériaux de facture locale, excepté le poêle à bois, que j’ai acheté neuf et que j’ai fait installer par un professionnel. Je précise que j’ai déposé une demande de permis de construire. Or, celui-ci m’a été refusé et le maire demande la démolition de mon aménagement.
➜ Comment avez-vous ressenti la démarche du maire ?
Lors du premier refus de m’accorder le permis de construire, j’ai compris la position du maire, car ce petit hangar ne figurait pas sur la liste des bâtiments qui pouvaient changer de destination. Or, le PLUI a été stoppé. À ce moment-là, un responsable de l’urbanisme du Grand Cahors m’indique qu’il n’y a pas lieu de me refuser un permis de construire sur un PLUI qui n’est pas en vigueur. C’était en 2022. Ce responsable de l’urbanisme me précise qu’il me suffit de réitérer ma demande pour qu’on m’accorde le changement de destination de ce hangar en habitation, me permettant ainsi de régulariser ma situation, d’autant, encore une fois, que ce terrain est déjà desservi en eau et électricité.
➜ Quelle est votre démarche ?
Le 20 juin 2023, j’ai assisté à la réunion de la commission d’enquête du PLUI et le commissaire enquêteur m’a assuré qu’il n’y avait pas de souci pour la régularisation de mon habitation. Ma demande reçoit un « Avis favorable ».
➜ Pourquoi n’avez-vous pas pu régulariser ?
Les services de l’urbanisme du Grand Cahors et le maire de Montgesty se renvoient la balle, et finalement ne veulent pas reconnaître cet Avis favorable, au motif que « 28 m2 c’est trop petit » pour une habitation. Du coup, je ne peux pas régulariser, car le maire ne veut pas tenir compte de l’Avis favorable qui m’a été délivré par la commission d’enquête. À présent, pour justifier cette opposition, on ajoute que mon habitation « ne présente aucun intérêt au niveau du patrimoine » . Je suis très inquiet de cette situation, alors que je pensais qu’en ayant un Avis favorable de la commission d’enquête, tout allait rentrer dans l’ordre. Je dois me présenter devant le tribunal correctionnel le 2 mai prochain, avec une attestation de régularisation. Aujourd’hui, je me sens perdu par rapport à tout cela, car je vais me retrouver à la rue, si on m’obligeait à détruire mon habitation.