La Voix du Cantal

Alcoolisée au volant, des éléments troublants

- P. Delobelle

Assanatou* comparaiss­ait devant le tribunal correction­nel d’Aurillac jeudi 19 mai dernier pour répondre à des faits de conduite sous l’empire d’un état alcoolique le 22 avril 2015 à Loubaresse. Mais les éléments du dossier sont troublants. En route depuis Lunel dans l’Hérault, celle- ci a eu un accident matériel sur l’A75 suite au « comporteme­nt d’un camion qui l’aurait serrée » . Sur le bas- côté, Assanatou va installer son triangle, mettre son gilet, appeler les gendarmes et contacter son assurance. Seulement voilà, elle aurait eu à ce moment-là 2,73 g d’alcool par litre de sang. « Je ne comprends pas, je suis partie de Lunel trois heures avant où j’avais bu deux coupes de champagne lors d’un cocktail. Lors du contrôle, l’éthylomètr­e semblait ne pas fonctionne­r, un médecin m’a fait une prise de sang, j’ai tout de suite contesté ce taux » , s’explique la comptable sénégalais­e. « C’est une affaire extrêmemen­t bizarre » souligne son avocat qui demande une nullité de procédure concernant la façon dont s’est déroulée la prise de sang pour laquelle il manquerait des éléments avant de poursuivre : « Comment aurait-elle pu faire tout ça avec 2,73g dans le sang. C’est impossible, cela veut dire qu’elle serait partit de Lunel trois heures auparavant avec 3g dans le sang, qu’elle aurait eu un accident, puis à 3g, on n’appelle pas les gendarmes… De plus, le médecin lui a fait faire des tests qui approuvent qu’elle fût dans un état complèteme­nt normal. Il y a trop d’incohérenc­es, de contradict­ions et d’incertitud­es » plaide son avocat qui demande une relaxe au bénéice du doute. Le tribunal rendra sa décision le 16 juin prochain.

Le prénom a volontaire­ment été modifié Etienne* a lancé un grand froid lors de son procès devant le tribunal correction­nel d’Aurillac jeudi 19 mai dernier à la barre pour avoir conduit sous l’empire d’un état alcoolique le 5 juillet 2015 dans le Cantal en état de récidive légale. Si les procès pour ce type d’infraction se suivent et se ressemblen­t à Aurillac comme ailleurs, celui d’Etienne n’a laissé personne indifféren­t puisque le jeune homme âgé de 30 ans a subi l’amputation d’une jambe suite à cette « erreur de jeunesse ». Les faits se sont déroulés dans le Nord Cantal dimanche 5 juillet 2015 lors d’une soirée entre amis. Etienne a beaucoup bu (contrôlé à 2,75 g/l de sang) et sans raison, il décide de prendre la moto d’un copain pour aller se balader, mais l’accident arrive et il est transporté d’urgence au centre hospitalie­r de Saint-Flour. « J’ai subi une amputation de la jambe » afirme le jeune homme mal à l’aise à la barre. Artisan, il ne peut plus exercer sa profession « je vais commencer une formation en cuisine pour retravaill­er » poursuit-il. « Il assume ce qu’il a fait et il paie aujourd’hui. Avant les faits, mon client était serveur à Paris où il était apprécié et où il s’est beaucoup investi. Puis un jour tout s’écroule, il revient dans le Cantal, chez ses parents. Puis vient ce drame, bien pire que n’importe quelle sanction, il est pudique mais c’est un battant et il veut s’en sortir », afirme son avocat lors de sa plaidoirie. Après en avoir délibéré et au vu des séquelles de l’accident, le tribunal a condamné Etienne à un mois de prison avec sursis et une interdicti­on de passer le permis durant quinze jours ain que celui-ci puisse repartir à zéro.

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