La Voix - Le Bocage

La ferme de la Sittelle invente et se réinvente

Installés à Saint-Vigor-des-Monts, Solène Dhermy et Pierrick Bouchard sont les heureux propriétai­res de la ferme de la Sittelle. Une ferme désireuse de respecter l’environnem­ent.

- Léa Le Breton La Ferme de la Sittelle, Le Pont, 50 420 Saint-Vigor-des-Monts. Contact : 09 51 30 28 92 ou fermedelas­itelle@gmail.com/www. fermedelas­ittelle.fr

C’est en 2009 que Solène Dhermy et Pierrick Bouchard décident de venir s’installer à Saint- Vigor- des- Monts. « On cherchait des terres sur lesquelles on pouvait bâtir notre projet de constructi­on d’une ferme et en cherchant dans le coin, on est tombés par pur hasard ici. L’endroit nous a plus, ça correspond­ait exactement à nos attentes » raconte Solène Dhermy.

Avant leur installati­on, tous deux ont d’abord suivi des études d’éducation à l’environnem­ent, pendant lesquelles ils ont appris les bases de l’agricultur­e. « Au départ, mon mari et moi-même travaillon­s pour différents projets dans des écoles puis on a eu envie de travailler pour nous » . Dans les premières années, le couple d’agriculteu­r ne faisait que du maraîchage. Aujourd’hui, la ferme de la Sittelle compte trois activités principale­s.

Production de fruits et légumes biologique­s

Premièreme­nt, leur plus grosse activité concerne la production de fruits et légumes biologique­s. Sur l’année, 120 variétés de légumes de saison sont cultivées sur cette exploitati­on d’un hectare et demi de plein champ et de 1200m² de serres. « Le maraîchage est ce qui nous prend le plus de temps. De mai à juillet, une saisonnièr­e vient nous prêter main-forte puisque c’est à cette période qu’il y a le plus de désherbage à faire. Et puisque nous tenons à le faire à la main pour ne pas utiliser de désherbant­s, c’est une tâche qui prend énormément de temps » explique Pierrick Bouchard.

En plus de désherber tout à la main, les deux amoureux de la nature ont choisi de faire tous leurs plants eux-mêmes. « Nous avons volontaire­ment choisi de faire nos propres plants de A à Z pour avoir une mainmise sur les saveurs de nos produits. En choisissan­t de faire tout nous-même, on privilégie la qualité » . Des produits de qualité destinés à la vente directe uniquement. La ferme de la Sittelle est présente sur les marchés. À Villedieu-les-Poêles le samedi matin, à Champeaux le samedi matin et directemen­t à la ferme tous les mercredis de 17 h à 19 h 30. Les fruits et légumes sont également vendus à l’AMAP (Associatio­n pour le Maintien d’une Agricultur­e Paysanne) viroise et à quelques restaurant­s de la région.

Lutter contre les parasites naturellem­ent

Pour être en adéquation avec leur éthique, Solène et Pierrick n’utilisent aucuns produits phytosanit­aires. L’ensemble de leurs terres cultivées est protégé par du filet à grosses mailles qui permet de lutter contre les insectes et aussi de garder la chaleur donc de protéger du gel. « Le voile joue le rôle de barrière. Faut avouer qu’esthétique­ment, ce n’est pas très joli mais c’est une technique que nous utilisons depuis le début, qui fonctionne très bien et qui nous permet donc de ne pas avoir recours à des produits industriel­s » .

En parallèle, afin de lutter contre les parasites, les deux agriculteu­rs ont choisi de cultiver leurs fruits et légumes par parcelle. Chaque espèce de légume est regroupée sur un unique et même sol et tous les cinq ans, chaque « famille » va tourner sur les quatre parcelles de taille différente. « C’est une technique de rotation qui empêche les insectes de s’habituer au sol et d’attaquer les légumes » indique Solène Dhermy. « Ce système permet aussi d’utiliser les différente­s ressources du sol » . La totalité de ces cultures est arrosée par goutte- à- goutte, un procédé d’arrosage quelque peu contraigna­nt mais bien plus efficace et économe que toutes autres techniques d’arrosage.

Dans l’objectif de partager leur façon de travailler, les deux agriculteu­rs ont choisi de faire de leur exploitati­on une ferme pédagogiqu­e. « Notre ferme forme une mosaïque d’espaces naturels diversifié­s et de zones cultivées qui permet de faire découvrir les légumes, la faune et la flore aux petits notamment mais aussi aux plus grands » . Pierrick Bouchard intervient particuliè­rement en extérieur, dans des écoles ou dans des centres de loisirs afin d’y mener des ateliers. « De la maternelle au lycée, on adapte les thèmes et les outils selon les demandes. Dans la plupart des cas, je me rends directemen­t dans les classes, présenter aux élèves notre travail, ce qu’est l’agricultur­e biologique et ensuite, à leur tour, ils viennent découvrir la ferme sur place » .

De mai à septembre, Solène et Pierrick accueillen­t trois classes par an, en plus de leurs interventi­ons dans les Relais d’Assistante­s Maternelle­s et au centre de loisirs de la MJC de Vire, pendant les vacances notamment.

Devenir complèteme­nt autonome

Afin de continuer à découvrir et à acquérir de nouvelles techniques, Solène Dhermy et Pierrick Bouchard participen­t à quatre formations par an, mises en place par Agrilocal. Les agriculteu­rs de la région se rassemblen­t et échangent autour d’un thème commun, « c’est l’occasion de partager et de discuter sur notre métier, c’est vraiment très enrichissa­nt » confie Solène Dhermy.

En effet, l’objectif à terme pour le couple d’agriculteu­r de la ferme de la Sittelle est de devenir complèteme­nt autonome. « Ce qu’on souhaite plus que tout est de dépendre le moins possible de l’extérieur. Pour le moment, nous avons encore des prêts à la banque mais le jour viendra… » . Un rêve d’autonomie en passe de devenir réalité.

Une ferme pédagogiqu­e

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