Pascal Allizard : « être maire, c’est aussi prendre des claques »
Nouvelle gendarmerie, fermeture d’Albert-Camus, commune nouvelle, son soutien à Alain Juppé… Pascal Allizard, le sénateur-maire de Condé-en-Normandie fait le point sur l’actualité locale et nationale. Quel bilan faites-vous des premiers mois d’existence de Condé-en-Normandie, la commune nouvelle ?
Les choses se passent bien actuellement. On a mis en pace une organisation qui reste très décentralisée. Les conseils communaux continuent d’exister. Les grandes décisions budgétaires sont prises à l’échelle de la commune nouvelle. Si un projet est agressif vis-à-vis des autres communes, il est discuté. Il y a une vraie solidarité. La commune nouvelle a été créée dans un souci d’économie d’organisation et de mutualisation des moyens. Le seul bémol pour le moment, c’est le cas de Proussy (NDLR : la commune a dit oui… puis non à Condé-en-Normandie) où certains élus ont attaqué l’arrêté du préfet. L’affaire est devant le tribunal administratif.
Condé- en- Normandie va-t-elle s’agrandir ?
Oui, il y a des chances. Il y a deux communes qui frappent à la porte. Je ne les citerai pas car je ne veux pas qu’elles subissent de pressions particulières. Et puis je ne peux pas vous dire si ce sera en 2017, 2018 ou après. Toutes les communes limitrophes, notamment celles qui font partie de Condé Intercom, sont susceptibles d’intégrer Condé-en- Normandie. Il faut convaincre. Je crois en la vertu de l’exemple par la preuve.
Quels sont les projets ?
Notre gros sujet est la transition énergétique avec les économies d’énergies et le développement durable. Il y a des projets d’électromobilité avec des véhicules électriques dans les services techniques. Il y aura des investissements notamment dans les productions d’énergie sur les bâtiments publics.
Et pour les impôts ?
La période de convergence des taux d’imposition des six communes va se faire sur 13 ans. Nous avons fait un bilan sur la première année de fonctionnement, on serait de l’ordre de 22 % de pression fiscale. C’est inférieur à la moyenne des communes de même strate. Nous savons également que le pouvoir d’achat des Condéens est inférieur à la moyenne. Au 1er janvier 2017, il y aura la grande fusion des cinq intercommunalités…
Son nom : l’intercommunalité de la Vire au Noireau regroupera cinq territoires : Vire Normandie, Souleuvre-en-Bocage, Valdallière, l’Intercom séverine et Condé Intercom. Elle rassem- blera 50 000 habitants. Ce sera la troisième intercommunalité du Calvados. Elle pèsera dans le département. Il faut savoir que les compétences scolaires et voirie reviendront aux communes. C’est important. Cela donnera des responsabilités aux maires.
De quoi aussi leur faire peur…
Cela donne du coup du sens aux projets de communes nouvelles. La compétence scolaire est plus facile à exercer à six que tout seul.
Ces petites communes sont également inquiètes de trouver leur place dans une grande intercommunalité…
Je comprends mais la peur n’évite pas le danger. Le modèle actuel arrive en bout de course et le nouveau doit faire ses preuves.
Quelle en sera la gouvernance ?
Le siège sera à Vire. C’est la ville centre. Après, il y aura des permanences décentralisées. Les Condéens qui auront affaire à la nouvelle intercommunalité ne devront pas forcément aller à Vire pour leurs démarches. Concernant la gouvernance, je l’ai déjà dit, mais je ne serai pas candidat au poste de président ni de vice-président. Bien entendu, je serai à disposition pour porter les projets. Mais il ne faudra pas faire de la politique politicienne. On ne réussit pas un projet comme celui-là sans la ville centre. J’espère que le maire de Vire se retrouve dans ce que je dis. L’école Albert-Camus a fermé ses portes. Regrettezvous ce choix ?
La situation était compliquée. Il y avait trois écoles et il fallait en garder deux. Nous avions différents critères de mesures objectifs. Albert-Camus avait le coût moyen de fonctionnement par élève le plus élevé (213 €) et la baisse du nombre d’élèves la plus forte (-15 %). Le calendrier était assez large pour les parents et enseignants pour s’organiser. À noter que le corps enseignant a fait également un gros travail. Où en est le projet de nouvelle gendarmerie ?
Valérie Desquesne, conseillère départementale, suit le dossier. C’est le conseil départemental qui a la main dessus. Deux projets sont en cours de finalisation dans le département : Condé et Bayeux. Maintenant le département doit trouver un investisseur pour porter le projet. C’est long mais je suis confiant.
Comment se porte le bassin d’emploi de Condé ?
Les entreprises innovantes s’en sortent, d’autres souffrent. Pour Honeywell, la sous-préfète fera un bilan quand elle jugera nécessaire. Globalement sur le bassin, le nombre d’emplois accompagnés et recréés est raisonnable. Je suis beaucoup plus critique sur le reclassement des anciens salariés.
« Le modèle actuel arrive en bout de course » Honeywell : « Les chiffres ne sont pas bons »
Selon vous, le cabinet spécialisé n’a pas fait son job ?
Je n’accuse personne. La mission n’est pas facile mais les chiffres ne sont pas bons…
Cela fait plus de 20 ans que vous êtes maire, comment a évolué votre mission ?
On ne fait plus le même métier. Il y a davantage de réunions qu’avant. On doit faire avec les baisses de dotations de l’État. On prend également beaucoup plus de coups. Comme dit Gérard Larcher, le président du Sénat : « On est à portée de claques des habitants ». Il a raison !