Vire : le père de famille abusait d’une jeune handicapée
Tribunal, Roullours. Il est poursuivi pour agression sexuelle sur une handicapée de 30 ans. Jeudi 15 septembre, Gilles Carnot, casier judiciaire vierge, comparaissait devant le tribunal de Caen.
À 54 ans, l’homme est chef cuisinier dans l’Établissement et service d’aide par le travail (Esat) Le Grand pré, à Roullours. C’est là, le 18 mars dernier, qu’il aurait été surpris par son collègue dans la réserve de la cuisine avec une personne handicapée.
Dénoncé, Gilles Carnot nie les faits. « Je n’ai pas eu de rapports sexuels avec cette personne. Je ne l’ai jamais forcée. C’est un rapprochement naturel entre deux personnes tout en ayant conscience de son handicape. Dans la réserve, on s’est embrassé, je lui ai caressé les seins, je lui ai mis la main dans la culotte mais, à aucun moment, il n’y a eu agression sexuelle ou pénétration avec les doigts » , a-t-il déclaré au cours de l’audience.
Ce jeudi, la victime se présente avec sa mère. Interrogée à son tour, elle parle de pénétration avec les doigts : « C’est un manipulateur. Je n’ai pas confiance en lui. Il essaye de me dévaloriser. Il m’a touché les seins et le sexe ».
Une victime fragile
« Vous êtes le chef dans cet établissement. Vous avez conscience de son handicap. Ses capacités de réaction et de refus sont les mêmes que ceux d’un enfant de 6 ans. Il est peu concevable qu’elle invente des choses pareilles », intervient le président du tribunal, Christophe Subts, en s’appuyant sur le rapport d’expertise de la victime. Celui-ci confirme « la grande fragilité de la victime atteinte d’un handicap mentale avec un niveau de fin de petite section de maternelle avec des troubles du langage et de la parole ».
L’examen gynécologique de la victime, lui, ne fait état d’aucune lésion. « Vous avez abusé de sa vulnérabilité », insiste Christophe Subts.
Marié et père de famille
« Avec le recul, oui », rétorque le prévenu qui ne cesse de répéter qu’il n’y a pas eu d’agression sexuelle. L’expertise psychiatrique du prévenu parle d’un « Monsieur tout le monde, marié, père de famille » et note « un comportement déviant à caractère opportuniste ».
Pour Me Blangy, « la victime est un enfant dans le corps d’une femme qui était dans l’incapacité de s’opposer à lui qui représentait l’autorité. Elle avait peur et il a exploité sa faiblesse pour se faire plaisir. Elle a été abusée » . Le ministère public qui « espérait une prise de conscience du prévenu qui savait la rébellion de la victime impossible » requiert à son encontre une peine de deux ans de prison dont un an avec sursis et mise à l’épreuve accompagné des obligations de soins et d’indemniser la victime avec l’interdiction d’entrer en contact avec les mineurs et les personnes vulnérables ainsi que son inscription au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles.
18 mois de prison
« Dans la réserve, on s’est embrassé »
En larmes, au premier rang de la salle d’audience, le prévenu écope finalement d’une peine de 18 mois de prison dont 9 avec sursis et mise à l’épreuve pendant 24 mois. Gilles Carnot devra obligatoirement se faire soigner, ne pourra plus entrer en contact avec la victime tout comme il ne pourra plus travailler au sein d’établissements du secteur protégé. En outre, il devra verser la somme totale de 2 000 €, tous préjudices confondus, à la victime et à sa maman.