Un lien économique en construction avec la Normandie
L’accord de coopération tissé entre les îles anglo-normandes et les collectivités de Normandie (département de la Manche et Région) vise en partie à renforcer les relations économiques avec ce territoire, ni français, ni complètement british.
Les relations entre la Normandie et ses cousines îliennes, au large de Granville, ne sont pas nouvelles. Il y a vingt ans déjà, une Maison de la Normandie et de la Manche était installée à Jersey, manière de faire connaître les atouts du continent. « Cettefois, c’est un nouveau cha
pitre qui démarre » , considère Jonathan Le Tocq, chargé de la politique étrangère des Etats de Guernesey.
Vendredi 16 septembre, lors du sommet annuel et la signature de l’accord de coopération entre la nouvelle région Normandie, le département de la Manche et les îles anglo- normandes (Jersey, Guernesey, Aurigny, Sercq), il était question d’environnement, de culture, de tourisme ou de sport. Mais aussi d’économie. Car les élus et le préfet ne sont pas venus seuls dans les îles. Des entreprises faisaient aussi partie du voyage.
C’est le cas de Créaline, fabricant de soupes et purées de Lessay, représenté par son directeur- général, Jean- Noël Lecarpentier. « Ne pas investir ici, c’est comme ne pas être présent dans une grande ville
française » , souligne le patron, évoquant les 160 000 habitants que comptent les seules îles de
Jersey et Guernesey. « Nous avons rencontré des magasins sur place. Le but est de renforcer les liens dans les deux
sens, poursuit- il. Lors cette rencontre, nous avons eu des premiers contacts, avons pu évoquer les questions logis
tiques » . D’autant qu’une entreprise jersiaise vient de mettre en place un nouveau service de fret entre Granville et l’île anglo-normande, en cette rentrée.
Des investisseurs à séduire
De jeunes entrepreneurs étaient également conviés à ce sommet normando- îlien : Soyhuce, une start-up caennaise spécialisée en programmation informatique, et un accompa- gnateur rouennais de start-ups, NFactory. Les investisseurs anglonormands semblent intéressés pour investir dans de jeunes talents. Il faut dire que la finance représente la majeure partie de l’économie locale (42 % du PIB à Jersey).
« Nous sommes la seule région française à avoir un fonds d’investissement et il y a des choses que nous
pouvons faire ensemble » ,a poursuivi Hervé Morin, président de la région normande. C’est le cas pour la stratégie d’attractivité économique régionale qui consiste à construire une
« marque normande » : « J’ai
proposé à nos hôtes de participer à nos travaux et ils ont
accepté » . L’économie verte, elle aussi, crée du lien. Philippe Bas, président du conseil départemental de la Manche, a notamment évoqué le projet de développement industriel d’hydroliennes, à Cherbourg. Rappelant qu’entre la Hague et l’île d’Aurigny, se trouve « le raz Blanchard, le courant marin le plus fort d’Europe. C’est là que nous pouvons développer les hydroliennes » . L’aspect transport était aussi au menu avec le vélo électrique hydrogène développé par la société française Atawey en partenariat avec Easybike, fabricant saint-lois de vélos. Une bicyclette qui a pu être essayée par des locaux. « Elle pourrait intéresser Jersey pour sa politique de
développement touristique » , a indiqué Jean-Michel Amaré, co-fondateur d’Atawey.
Exemple parmi d’autres pour prouver qu’entre la Normandie et les îles, c’est une affaire qui roule.
« Comme une grande ville française »