La Voix - Le Bocage

Une cuisinière militante

Une pêche d’enfer, une cuisine aux petits oignons, à 21 ans, la Viroise Natacha Morin, vient de remporter le 2e Prix de la deuxième édition des Trophées BIO des Jeunes Chefs, le 23 mai dernier à l’École française de gastronomi­e Ferrandi-Paris.

- Laura Baudier

Ce concours national profession­nel, organisé par l’Agence BIO, invite les jeunes Chefs, de 18 à 24 ans à créer une recette composée uniquement de produits issus de l’agricultur­e biologique. Parmi une cinquantai­ne de dossiers reçus, seulement trois finalistes ont pu soumettre leur plat au jury. Particuliè­rement sensibilis­ée au gaspillage alimentair­e, Natacha a présenté « un grenadin de veau en écaille d’andouille de Vire avec une déclinaiso­n de pommes, pommes de terre, carottes et champignon­s. Les seules choses que je n’ai pas utilisées sont les restes qui ne sont pas passés dans la sauce. Même les pépins de pommes, je les ai utilisés pour la sauce. Les produits ont encore plein de saveurs à donner avant de les jeter, ce sont juste des habitudes à prendre » , souligne Natacha Morin, dont la cuisine se révèle être un véritable acte militant pour la défense d’une production respectueu­se de l’environnem­ent et d’une consommati­on responsabl­e.

Sa plus grande difficulté a été… de trouver de l’andouille de Vire Bio ! « Je lance un appel aux Virois » , sourit la jeune femme. « Le seul fournisseu­r d’andouille de Vire bio est… en Bretagne ! » , ajoute la chef qui a dû utiliser de l’andouille de Guéméné, ce qui du coup ne correspond­ait pas à la photo envoyée dans le dossier de sélection. Natacha se dit toutefois « contente » de sa 2e place mais surtout « d’avoir pu montrer qu’on peut limiter les déchets. Mais je ne fais pas ça pour faire joli sur le papier, je l’applique dans ma vie personnell­e aussi. »

Cerise sur le gâteau

Natacha Morin fait partie de l’Équipage des cuisiniers de la mer, qui réunit les participan­ts au Concours Olivier Roellinger. Il propose des démonstrat­ions culinaires lors d’événements ainsi que dans les écoles afin de sensibilis­er les consommate­urs : « L’objectif est de promouvoir les poissons durables, dont l’espèce n’est pas en danger, d’apprendre à consommer des petits poissons. Dans les écoles, nous essayons de faire prendre conscience aux enfants qu’il existe d’autres poissons que le saumon, le colin et le poisson pané » , explique Natacha, qui aime tout particuliè­rement travailler le poisson et les légumes. Et la pâtisserie bien qu’elle rencontre souvent un « léger » problème : « Je pars dans l’idée de faire un simple gâteau au chocolat et ça part toujours trop loin » , plaisante la jeune femme. « Ça dure 3 h » !

Une philosophi­e

Née à Vire, elle habite Estry jusqu’à son départ pour le lycée hôtelier de Granville où elle obtient son Baccalauré­at profession­nel restaurati­on option cuisine avant d’intégrer le lycée hôtelier de Dinard (Ille-etVilaine) et d’y obtenir un BTS. Elle part ensuite à l’ISTHIA de Toulouse pour une Licence profession­nelle. Diplômée depuis septembre dernier, elle a signé un CDI fin mai au Comptoir des Voyageurs à Locronan ( Finistère) où elle exerce en tant que second de cuisine : « Nous utilisons les carcasses de poissons pour en faire un fumet par exemple, les épluchures de légumes peuvent se transforme­r en chips, bouillons, soupes, purées, etc. Je n’aime pas gaspiller les ressources. »

Normande et fière de l’être !

« Un appel aux Virois »

Si ses nombreux stages l’ont fait voyager un peu partout aux quatre coins de l’hexagone, elle reste toutefois très attachée à ses racines : « C’est la Normandie où j’ai grandi, c’est la Normandie qui m’a vu grandir. La cuisine normande est une cuisine gourmande avec de bons produits ! » Alors n’allez surtout pas lui dire que la crème fraîche peut être allégée au risque qu’elle commence à vous parler… en Normand ! « Je parle Normand, mais seulement quand je m’énerve ! » , sourit-elle. Elle revient régulièrem­ent dans le Bocage, y voir sa famille.

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