La Voix - Le Bocage

Peine allégée pour le cuisinier de l’Esat qui a abusé d’une handicapée

- BM (PressPeppe­r)

Roullours.

La cour d’appel de Caen (Calvados) a allégé vendredi la peine prononcée à l’encontre de l’ancien chef cuisinier de l’Établissem­ent et service d’aide par le travail (Esat) « Le Grand pré » , à Roullours (Calvados). Il a été condamné à deux ans de prison avec sursis assortis d’une mise à l’épreuve de trois ans. En première instance, il avait écopé de 18 mois de prison dont neuf ferme, pour avoir abusé sexuelleme­nt d’une pensionnai­re handicapée.

« Vous faites appel, c’est que vous avez quelque-chose à contester. Dites-nous quoi !» Le président de la cour d’appel insiste depuis de longues minutes. L’avocate du cuisinier l’exhorte elle-aussi à s’exprimer. « C’est le moment, allez-y » , le pousse Nathalie Riviere. Rien n’y fait. Comme en première instance, il reste muet. Aucun mot ne sort, aucune explicatio­n. L’homme de 55 ans est figé à la barre. « Quatre ou cinq caresses, pas plus »

Accusé d’avoir abusé d’une pensionnai­re de 26 ans, il reconnait brièvement les faits. Le quinquagén­aire admet « quatre ou cinq caresses, pas plus » . En guise de « caresses » , des attoucheme­nts sur sa poitrine et son sexe. Le 18 mars 2016, un employé de la structure les a surpris dans la réserve de la cuisine.

Le cuisinier assure alors aux enquêteurs que la jeune femme est consentant­e. Quelques minutes plus tard, sa victime, bien que « déficiente et fragile » , le contredit faroucheme­nt. A l’aide de gestes, elle explique avoir essayé de le repousser. En vain.

Le président de la cour relance le quinquagén­aire. « Pouvaitell­e s’opposer à vos gestes ?» , lui demande Henri Ody. Le prévenu laisse planer un long silence avant de lâcher un bref « non » . Le magistrat le presse alors de reconnaîtr­e qu’il a bien abusé d’elle. Nouveau silence.

« Un enfant de dix ans dans un corps de femme »

Face à ce mutisme, l’avocate de la victime s’exaspère. « L’audience n’apporte rien de plus » , regrette Emmanuelle Blangy, qui trouve « extrêmemen­t décevant » cette nouvelle absence de réponses. Pour l’avocate la situation est simple : le cuisinier a abusé « d’un enfant de dix ans dans un corps de femme » . Comme en première instance, elle demande 1.500 euros de dommages et intérêts pour sa cliente. A quelques mètres, l’accusé est stoïque. Le cuisinier ne laisse rien transparai­tre.

Aux enquêteurs qui l’ont interrogé, il avait évoqué une banale « relation d’amitié » . Pour l’avocat général, son comporteme­nt est « détestable » . Le magistrat lui reproche de n’avoir entrepris aucune démarche pour être accompagné sur le plan médical et psychologi­que. Pascal Chaux requiert à son encontre deux ans de prison dont un an avec sursis.

« Un homme qui a dérapé »

Son avocate critique « l’excès de la peine » . Pour Nathalie Rivière, son client « totalement tétanisé » n’a rien du prédateur sexuel présenté pendant l’audience. « C’est un homme qui a dérapé » , admet l’avocate qui estime qu’une peine de prison avec sursis serait plus adapté.

Les magistrats ont été convaincus. Outre la peine de deux ans de prison avec sursis, il a l’interdicti­on de travailler avec des personnes en situation de handicap. Il devra verser 1.500 euros à sa victime et 1.300 euros pour ses frais de justice. Son nom est inscrit au fichier des auteurs d’infraction­s sexuelles.

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