Les ateliers du Préau réalisent le décor de « George Dandin »
« George Dandin » de Molière, dans une mise en scène de Jean-Pierre Vincent, sera joué au théâtre du Préau, Centre dramatique national de Vire, du 6 au 9 février 2018. Une partie du décor est réalisée dans les ateliers du théâtre du Préau.
Dans les ateliers techniques du théâtre du Préau, rue d’Aunay à Vire, deux peintres décorateurs sont à pied d’oeuvre. Ils travaillent à la réalisation du sol en faux marbre qui recouvrira la demeure de George Dandin, le personnage éponyme de la comédie de Molière. Vincent Garanger, codirecteur du théâtre du Préau, interprétera le rôle-titre. Il sera entouré de la troupe permanente du Préau : Olivia Chatain, Aurélie Edeline et Anthony Poupard. La mise en scène a été confiée à Jean-Pierre Vincent, figure majeure du théâtre français, qui a dirigé les plus grandes institutions : le Théâtre National de Strasbourg, la Comédie-Française, le Théâtre Nanterre- Amandiers. Vieux complice du metteur en scène, le peintre Jean-Paul Chambas signe le décor.
Sol en imitation marbre
Clémentine et Vincent sont de jeunes peintres décorateurs. Ils ont suivi une formation en 3 ans à l’école Pivaut supérieure technique privée d’arts appliqués et dessin narratif, à Nantes. Ils passeront 3 semaines à genoux pour répondre à la demande de Jean-Paul Chambas de réaliser un sol en imitation marbre. « Une première couche de peinture blanche a été appliquée. Le traçage du dallage nous a pris 3 jours » , explique Clémentine. « Le sol est un tapis de danse assez épais et les dalles font 40 cm de côté. On a travaillé carreau par carreau pour réaliser le veinage » , ajoute Vincent.
Décor minimaliste
Pourquoi porter une telle attention au sol ? « George Dandin a fait le voyage de Paris et poussé jusqu’à Versailles » , explique Jean-Pierre Vincent. « Revenu ébloui, il se fait construire un Versailles modèle réduit, en pleine campagne, une petite Cour d’Honneur, histoire d’épater les nobliaux du coin qui l’ont toujours mis de côté. »
Aucun retour à l’illusion réaliste pourtant. L’histoire de la scénographie nous apprend, d’ailleurs, qu’au fil du temps, le décor devient de moins en moins décoratif ! « Vidons d’abord presque entièrement le décor » , lance Jean- Pierre Vincent. « Pas de ferme en bois, ni de maison bourgeoise XVIIe siècle. »
Un privilège semble toutefois accordé à l’horizontalité de l’espace théâtral. Anne Ubersfeld (1918-2010) rappelle dans son ouvrage « L’école du spectateur », l’avantage accordé à la matérialité du sol, « comme le carrelage en damiers de la maison d’Orgon dans le premier Tartuffe de Planchon, ou le parquet de la Phèdre de Vitez, ou le sol brillant et glacé du Misanthrope de Jean-Pierre Vincent. »
Pourtant, la verticalité n’est pas en reste. « Durant 6 semaines, je vais travailler avec Patrick Demière, peintre décorateur à la Comédie de Caen » , annonce Clémentine. « Pour George Dandin, on va réaliser 4 toiles peintes, composées d’un fond abstrait très léger, collées sur des panneaux. La plus grande toile fera 11 m de long sur 6 m de haut. La réalisation d’un ornement avec feuille d’acanthe en trompe l’oeil nécessitera, elle, une semaine de travail. »
« Un décor minimaliste » , insiste le metteur en scène. « Seulement des restes, des allusions. » C’est tout l’enseignement transmis par le grand dramaturge et metteur en scène russe, Meyerhold (1874-1940). « Au théâtre, le public est capable d’ajouter par l’imagination, à ce qui reste allusif. »