Anne, villersoise aux 100 printemps
Anne a fêté avec un peu d’avance ses 100 ans samedi 15 juillet. Cette toute jeune centenaire a pour l’occasion convié sa grande famille autour d’un repas convivial. Ce n’est pas moins de 45 proches qui se sont réunis autour d’elle pour passer ce cap émouv
C’est la fête en cet après-midi d’été dans un pavillon de Villers-Bocage. Les ballons ornent l’entrée de la maison sur lesquels on peut y lire avec surprise « 100 ans ». Car oui, la star de la journée se prénomme Anne et aura tout juste 100 ans dans quelques jours. Pour l’occasion, sa famille s’est réunie à ses côtés pour passer ce cap émouvant.
Une famille soudée
Ce n’est pas moins de 45 proches qui se sont déplacés pour fêter l’anniversaire de Mémère, surnom attribué tendrement par sa famille. 4 générations se mélangent en profi-
tant de la cour du pavillon en attendant qu’Anne se réveille de sa sieste quotidienne.
La convivialité et la chaleur humaine sont de mises dans
cette famille. « Nous avons été élevés comme ça, maman
nous a toujours choyés » déclare Marie Thérèse qui affiche un sourire, visiblement émue. Anne a eu avec son mari 13 enfants, 9 filles et 4 garçons. Micheline, 80 ans en est la benjamine. Quant à la plus jeune membre de cette accueillante tribu, elle a 55 ans et se prénomme Patricia. « Étant la dernière, j’étais la petite chouchoute
de la famille », affirme-t-elle
en souriant avant que ses soeurs n’ajoutent amusées « oui tu étais la star ! ».
Pour l’occasion, l’arbre généalogique a été mis à jour. Tout en haut trône la matriarche Anne est au dernier échelon son arrière-arrière petit-enfant Luis de 1 an et demi son cadet. « Nous sommes quatre générations réunies. Il y a 28 petits-enfants, 38 arrières petits-enfants et 5 arrières- arrières petits- enfants » , dénombre André, une des 9 filles d’Anne.
Née le 25 juillet 1917
Après quelques minutes d’attente, c’est une vieille dame menue et élégante qui arrive dans la pièce. Le regard un peu perdu, Anne prend place dans le fauteuil du salon et fait face à ses enfants, qu’elle a « tant choyés ».
Cette vieille dame qui a encore « toute sa tête » comme aime le mentionner fièrement sa fille André, vit actuellement chez son autre fille, « la modeste » Pascale. Ses enfants sont unanimes, ils sont très heureux de cette situation et considèrent qu’elle permet de garder mémère en bonne santé.
Cette toute nouvelle centenaire se dit très émue par cette journée et a pour l’occasion revêtue une robe bleue et blanche surmontée d’un châle en dentelle blanche. On devine que la coquetterie ne l’a pas quitter avec l’âge. Une coquetterie qui doit se transmettre de génération en génération puisque son arrière-petite fille vient délicatement lui peigner ses cheveux blancs avant de prendre quelques photos.
Avoir 100 ans en 2017
Involontairement, Anne amuse la galerie en avouant de façon candide que « oui en 100 ans, énormément de choses ont changé » . Lorsqu’elle se marie en 1937 à Cahagnes elle a tout juste 20 ans. Elle en a 22 lorsque la guerre éclate en 1939. Son mari est fait prisonnier en Allemagne tandis qu’Anne est contrainte de fuir son bocage normand avec ses deux petites filles sous les bras : c’est l’exode. Le 8 mai 1945 signe la fin de la guerre, Anne revient dans sa région natale. En 1946, elle vote pour la première fois et déclare que jusque-là elle n’a jamais cessé de se déplacer dans l’isoloir.
Malgré l’horreur de la guerre ce qui a le plus marqué Anne dans sa vie est la perte de son fils Marcel en 2004. Décédé d’un cancer, les pensées lui sont aussi adressées en cette journée particulière. « Notre papa est mort de chagrin deux ans plus tard », ajoute discrètement sa fille André.
Anne définit ainsi humblement sa vie de « pas toujours évidente ». Elle assure avoir été une vraie mère poule pour ses enfants qui essaient de le lui rendre au maximum. « Maman nous a appris à toujours être polis. Nous étions tirés à quatre épingles tout le temps, » confient Marie-Thérèse et André. Anne a donc largement contribué à faire germer cette petite graine d’amour qui ne cesse de grandir dans cette immense famille.
Quand vient le moment des photos, les sourires et les embrassades se mêlent aux larmes. L’émotion est palpable. André déclare même en toute franchise qu’il s’agit du plus beau jour de sa vie.
Pas le temps de s’attarder sur les poses des photos, les enfants s’agitent gentiment. « Vite, vite, on doit aller chercher le gâteau à la boulangerie avant 16 h ! », s’impatiente et s’amuse un des gendres. Anne patiente également avant de souffler ses 100 bougies.