La Voix - Le Bocage

Une perle rare exposée

Durant l’été, découvrez une pièce rare issue des collection­s de l’un des musées du Bessin consacrés à la thématique du Débarqueme­nt et de la bataille de Normandie : l’appareil de codage allemand Enigma, à Vierville-sur-Mer.

- F.B. Musée D-Day Omaha, route de Grandcamp, 14710 Vierville-sur-Mer. Ouvert tous les jours, de 10 h à 19 h en août, et de 10 h 30 à 18 h en septembre. Tarifs : 5,70 € adultes, réduit 4,70 €, 3,50 € pour les enfants (gratuit pour les moins de 8 ans), les

Après une guerre de position en 1914-1918, la stratégie s’est orientée vers la guerre de mouvement. Tout comme les tactiques, les communicat­ions ont évolué avec les enseigneme­nts tirés de la Grande guerre. Si les pigeons voyageurs ont repris du service lors de la Seconde Guerre mondiale, l’utilisatio­n des ondes radio a permis de délivrer des messages rapidement et à grande échelle.

Sécuriser les transmissi­ons

Si l’argent est le nerf de la guerre, la sécurisati­on des communicat­ions et le renseignem­ent sont fondamenta­ux pour appliquer avec succès les stratégies militaires.

Côté allemand, les messages étaient codés à l’aide d’une machine au nom évocateur : Enigma. Un appareil électroméc­anique simple d’utilisatio­n, mais redoutable d’efficacité, conçu dans les années 1920 et adopté à partir de 1933 par la Wehrmacht. Muni d’un clavier de 26 lettres, de plusieurs roues de codage, et d’un panneau de branchemen­ts permettant, en plus, de mélanger les lettres, l’Enigma offrait des milliards de combinaiso­ns possibles. Un calvaire pour les décrypteur­s alliés. Pourtant, Enigma possédait des failles. aux Britanniqu­es par des espions polonais et français. Une équipe d’experts en mathématiq­ues, en physique, ainsi que des spécialist­es des échecs, a été montée par Londres pour décrypter les messages d’Enigma. Dans cette équipe qui travaillai­t dans le plus grand secret, on trouvait le génie des mathématiq­ues Alan Turing, le père de l’informatiq­ue. Il est l’inventeur d’une machine, le premier calculateu­r (ancêtre de l’ordinateur), Colossus, qui a décrypté Enigma » .

C’est le fameux dispositif Ultra qui, dès le début de la guerre, a permis aux Alliés d’avoir un coup d’avance sur les opérations du Reich. « Les Alliés ne pouvaient pas ébruiter cela et devaient alors accepter, par exemple, la perte de certains convois. Mais ils estimaient que le décryptage de l’Enigma a sauvé 14 millions de vies et écourté la guerre de 2 à 4 ans » .

Quatre Enigma en France

L’Enigma exposée au musée D-Day Omaha de Vierville-sur-Mer est l’un des 4 appareils visibles en France. « Les premiers modèles étaient développés pour la Kriegsmari­ne. Le musée du codage de Washington nous a permis d’identifer notre modèle, produit en 1935 » . Une rareté.

« Il existe quatre exemplaire­s en France, dont un au Mémorial de Caen et un aux Invalides à Paris. Notre modèle M3 possède trois rotors, un système électromag­nétique qui code l’alphabet. C’est très complexe mais Alan Turing est venu à bout de cette machine. Ses travaux ont été reconnus à titre postume. Il était homosexuel et ses travaux ont été passés sous silence. On l’a même forcé à la castration chimique. D’après la légende, il se serait suicidé en croquant une pomme au cyanure, ce qui aurait inspiré à Steeve Jobs le logo de la marque Apple » . Ce serait là un bel hommage à cet homme qui a posé les bases de l’ordinateur

Retrouvée dans un vide-grenier et proie des cambrioleu­rs

L’Enigma, « c’est la pièce maîtresse du musée » , assure Cécilia Robert. Un objet « trouvé par un ami de Michel Brissard sur une brocante. La vendeuse pensait qu’il s’agissait d’une machine à écrire qui ne fonctionna­it plus ». Mais elle attire les convoitise­s. Dérobé en mars 2008, l’appareil a été retrouvé à Paris. A l’époque, le musée avait rapidement annoncé le vol sur les réseaux sociaux. De nombreux internaute­s s’étaient mobilisés. L’Enigma avait été retrouvé grâce à un appel d’un collection­neur. Cambriolé en septembre 2016, le musée avait alors déploré le vol d’armes…

Depuis sa création en 1999, c’est la seconde fois que le musée est la proie de voleurs. « Le musée a été fondé par Michel Brissard. Un collection­neur passionné qui a amassé des milluers d’objets en 50 années de recherches (90 % de la collection est issue de recherches, 5 % de dons et 5 % d’achats). Un tiers seulement des collection­s est exposé dans les murs de cet anicen hôpital américain construit au lendemain du Débarqueme­nt et qui, plus tard, fut transformé en salle des fêtes par la municipali­té avant de devenir l’actuel musée » .

« Une équipe d’experts chargée de décoder les messages d’Enigma »

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