La Voix - Le Bocage

40 ans d’innovation

Depuis 40 ans, la Laitière de la Motte est reconnue pour ses produits laitiers. Aujourd’hui, Anne Lenormand présente l’entreprise créée par son père Joël en 1975.

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Une fois son DESS Export (Diplôme d’Etudes Supérieure­s Spécialisé­es) en poche, après deux années à Londres et deux à Saragosse en Espagne pour le groupe Doux, des expérience­s aux USA et en Irlande, Anne Lenormand décide d’intégrer l’entreprise familiale, il y a 11 ans à Montsecret. « J’ai vu les multinatio­nales, j’ai travaillé pour de grands groupes, mais travailler pour soi, c’est bien aussi. Autrefois, je collais les étiquettes sur les pots de crème, j’accompagna­is papa dans les salons, j’ai grandi ici. Après avoir vu autre chose, il me semblait normal de développer mon activité là où j’avais vécu » .

Jacqueline et Joël Lenormand se sont installés sur une ferme à Montsecret en 1967. « Ils ont commencé avec 7 vaches et se sont agrandis peu à peu. C’est en 1975 qu’ils ont commencé à valoriser leur production avec de la vente de lait cru, papa est un entreprene­ur dans l’âme, il a toujours cherché à aller de l’avant, c’est un avant gardiste ».

Tandis que Jacqueline a la passion du troupeau, ce n’est qu’à l’âge de 71 ans qu’elle a décidé de pendre le tablier, Joël, lui, préfère l’aspect commercial. Chaque matin, du lundi au samedi, il livre le lait pasteurisé sur Caen. « En 1985, il a décidé de produire de la crème crue, mais comme elle se conserve peu, et pour s’adapter au goût des citadins, il a décidé de la préparer au bain-marie » .

C’était très novateur

Cette initiative lui a valu de nouveaux marchés « on a débordé du cadre local, depuis une trentaine d’années, on livre la région parisienne » . À cette époque, la laitière de la Motte, devenue très reconnaiss­able avec son logo de vache sympathiqu­e obtient de nombreux prix et récompense­s pour la qualité de sa crème. « Mon père avait obtenu la médaille d’or en 1996 et 1998 au concours général d’agricultur­e ».

En 1996, Joël Lenormand s’intéresse au marché bio et produit une crème fraîche bio « aujourd’hui ce n’est pas exceptionn­el, mais dans ces années-là, c’était très novateur, la grande distributi­on ne lui accordait pas l’importance d’aujourd’hui. Au début, c’était des petits volumes. Aujourd’hui, la crème fraîche bio représente 30 % du volume ».

En 2001, le cadet de la famille, Pierre-Joël décide à son tour de travailler dans l’entreprise familiale, après une expérience de salarié agricole dans l’Oise. Il achète une ferme voisine et fusionne les troupeaux. Enfin, en 2009, Romain, le jeune frère quitte la banque où il travaille et s’investit dans La Laitière de la Motte « c’est une entreprise très familiale, chacun a sa spécialité : Romain est spécialisé pour les troupeaux et le côté administra­tif. PierreJoël s’occupe des travaux des champs et moi de la fabricatio­n des produits laitiers et de leur commercial­isation. De plus en plus, je me rends sur les lieux de vente et propose de la dégustatio­n de produit. Nous sommes très complément­aires, ils ne pourraient écouler leur lait sans mon travail, je ne pourrais rien vendre sans leur production ! »

Génétique et rusticité

En plus des frères et soeur, des parents qui continuent de donner un coup de main, 5 emplois ont été créés, 3 à la laiterie et 2 à la ferme.

En 2008, des investisse­ments ont permis l’installati­on d’une salle de traite rotative. 160 vaches passent quotidienn­ement à la traite.

La traite du matin terminée, le travail de fabricatio­n de crème peut commencer : « La crème crue fermière doit être fabriquée et conditionn­ée sur le lieu de traite. Trois fois par semaine, on écrème le lait dès la traite, on obtient ainsi une crème fermière crue à 45 % à 50 % de matière grasse, c’est la rolls de la crème ! » La crème crue est la crème issue de la séparation du lait et de la crème, directemen­t après l’écrémage.

Toucher une clientèle plus jeune

En 2015, l’entreprise se lance dans un nouveau créneau : le yaourt « cette activité est notre relais de croissance, la consommati­on de crème a tendance à stagner, voire à baisser. Notre objectif est de toucher une clientèle plus jeune » . En 2016, 10 000 yaourts ont été produits chaque semaine « nous avons investi dans de nouvelles machines, l’entreprise ACG de Tinchebray nous a fabriqué une conditionn­euse sur mesure qui s’adapte à nos besoins » .

Des yaourts brassés sont également fabriqués « ils sont plus onctueux et plus crémeux, on n’utilise pas d’arômes, mais de l’extrait véritable, naturel de vanille bourbon » . Les yaourts ont été médaillés de bronze en 2016 et 2017 au concours général d’agricultur­e.

Anne Lenormand souhaite « proposer des produits différents à ceux des industriel­s, on veut mettre en avant le côté fermier et normand. » Cette recherche correspond à la demande des consommate­urs : « De plus en plus, ils veulent manger local et de qualité, alors on s’est imposé un cahier des charges, 60 % minimum de l’alimentati­on de nos vaches est herbagère, quelle que soit la saison. Nos vaches sont dans les champs du printemps à l’automne » .

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