La Voix - Le Bocage

Rénovation de l’habitat : de prétendus crédits d’impôts

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Le gérant d’une société spécialisé­e dans la rénovation et l’isolation de l’habitat, basée à BiévilleBe­uville (Calvados) a comparu jeudi devant le tribunal correction­nel de Caen.

Le chef d’entreprise est soupçonné d’avoir abusé et trompé de nombreux clients, pour la plupart âgés, à Caen, Vire, Honfleur, Ifs, Mondeville et Coutances.

Alertés par des clients

Tout est parti d’un rapport de la direction départemen­tale de la protection des population­s, en juillet 2013. Alertée par plusieurs clients mécontents, la DDPP s’inquiète des pratiques de l’entreprise. Les faits sont troublants. Certains propriétai­res assurent s’être rétractés, en vain. D’autres expliquent que les commerciau­x qui se sont présentés à leur porte leur ont assuré être partenaire­s du conseil régional, de GDF ou d’EDF Bleu Ciel. Ce qui est faux.

L’enquête permet alors de lister 21 dossiers litigieux. Dix sont finalement retenus et présentés au parquet. À chaque fois, la facture est salée. Elle dépasse même 15 000 € pour un couple de Vire. Surtout, aucune des victimes présumées n’a bénéficié des fameux crédits d’impôts promis par l’entreprene­ur. Et pour cause, ils n’y ont pas droit : les travaux d’isolation ne sont pas assez efficaces, les matériaux utilisés pas assez performant­s.

Des méthodes discutable­s

Pour le président du tribunal, les méthodes commercial­es du gérant sont plus que discutable­s. « Vos clients sont trompés, vos pratiques déloyales » , insiste Christophe Subts. Ses commerciau­x ont vendu des travaux de rénovation « souvent inutiles, à des prix exorbitant­s » . À la barre, l’intéressé reconnaît « pas mal d’erreurs dues à l’ignorance » . Il venait de créer sa société.

Le magistrat enfonce le clou. Il s’étonne de la présence du logo du conseil régional et de la mention RT 2012 sur les documents présentés aux clients démarchés. « Ça impression­ne toujours, c’est sûr » , résume Christophe Subts. Pour l’avocate de l’une des victimes présumées, l’entreprene­ur ne ciblait pas ses clients au hasard. Leur moyenne d’âge est de 74 ans.

Dans ses réquisitio­ns, le procureur lui reproche surtout l’utilisatio­n de logos et de labels qui laissent alors penser que son entreprise est certifiée par des organismes reconnus. Pour le magistrat, « ces manoeuvres et ces ruses » n’ont qu’un objectif : tromper des personnes vulnérable­s et les convaincre du sérieux de la société. Le gérant assume. Il explique par exemple avoir affiché le logo du Grenelle de l’environnem­ent sur ses prospectus « parce que ça fait bien » .

Une banale maladresse

Le gérant est présenté « comme le pire des arnaqueurs » , regrette son avo- cate, qui préfère évoquer « son manque de rigueur » . Les arguments litigieux et les problèmes de démarchage sont reconnus et assumés. « Il débutait son activité et voulait faire connaître son entreprise » , souligne le conseil. À la barre, l’intéressé affirme avoir tiré les leçons de ses erreurs et avoir totalement revu ses méthodes de travail.

Le procureur ne croit pas à une banale maladresse. Pour le magistrat, « quand les faits s’accumulent, on ne peut plus parler d’erreur » . Carole Etienne requiert 18 mois de prison avec sursis à l’encontre du gérant et 30 000 € d’amende. Le tribunal de Caen a mis son jugement en délibéré. Il rendra sa décision le 14 décembre prochain./BM (PressPeppe­r)

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Le procureur ne croit pas à une banale maladresse. (photo d’illustrati­on)

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