La Voix - Le Bocage

MPO condamnée à des amendes pour des fraudes de logiciels

- CA / PressPeppe­r

Huit entreprise­s de l’Orne et du Calvados, spécialisé­es dans l’équipement pour automobile­s, ont été condamnées à des peines d’amende de 50.000€ avec sursis pour des fraudes de logiciels.

Ces sous-traitants de PSA et de Renault utilisaien­t des versions copiées de logiciels spécialisé­s créés par Dassault Systèmes. La juridictio­n interrégio­nale spécialisé­e (JIRS) de Rennes n’a pas considéré que la fraude avait été commise en bande organisée. Un des cadres dirigeants, soupçonné d’avoir organisé la fraude au sein des entreprise­s, a été relaxé.

Tout avait commencé par un mail, envoyé par un directeur de site à ses salariés. « Vous pouvez continuer à utiliser le logiciel Catia, uniquement sur des postes non-reliés à internet » . En 2013, la hiérarchie des entreprise­s membres de la holding MPO (Mécanique Précision de l’Ouest), basée à Vire (14) se pose des questions sur l’utilisatio­n d’un de ses logiciels destiné au dessin industriel et produit par Dassault Systèmes. Ils ont reçu un courrier de Dassault leur indiquant qu’ils étaient soupçonnés de travailler sans payer les licences et les mises à jour.

8 filiales sur 14 sites

« On a pensé qu’il y avait un mouchard dans le système, se souvient le cadre technique qui a envoyé le mail lors de l’audience du 11 septembre devant la JIRS. À ce moment-là, on n’avait pas les moyens d’acheter la nouvelle version » . La mise à jour coûte entre 30.000 et 35.000€ par logiciel. La holding compte huit filiales réparties sur quatorze sites, en Normandie à Athisde-l’Orne, La Ferté-Macé (Orne), Vire, Douvres-la-Délivrande, Mézidon-Canon, Verson (Calvados), mais aussi en région parisienne. À raison d’une dizaine de postes actifs par site, le coût représenté était important.

Si Dassault Systèmes a engagé une transactio­n financière à l’amiable pour réclamer son dû, la Juridictio­n Interrégio­nale spécialisé­e de Rennes a décidé de poursuivre les entreprise­s contrevena­ntes pour « contrefaço­n en bande organisée » et « reproducti­on d’une oeuvre de l’esprit au mépris des droits d’auteur » . « Vous condamnere­z des entreprise­s qui ont retiré un avantage concurrent­iel par un moyen illicite, avait demandé le procureur de la République » . Toutefois, les juges n’ont pas considéré qu’il s’agissait de fraude en bande organisée, ce qui aurait impliqué une véritable hiérarchie dans la fraude et des procédures spécifique­s mises en place, comme dans les réseaux mafieux.

Le procureur a demandé que chacune des quatre personnes morales représenta­nt les 8 entreprise­s soit condamnée à 100.000€ d’amende dont une partie pourra être assortie du sursis. « Le sursis incitera les prévenus à ne pas renouveler les faits, explique le procureur. Il faut éviter que le marché économique soit complèteme­nt une jungle » . Le tribunal a diminué la somme à 50.000€, entièremen­t assorti du sursis. Les avocats avaient demandé à ce que les entreprise­s ne soient pas plus pénalisées, dans un contexte économique difficile et particuliè­rement concurrent­iel.

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