La Voix - Le Bocage

Champignon­s : gare aux toxiques

La météo de cet automne 2017 est particuliè­rement favorable au développem­ent des champignon­s. Reste que dans la forêt de Noues-de-Sienne, à peine un champignon sur dix est comestible.

- Dave Shorten guidera d’autres sorties en forêt de Saint-Sever, le mercredi 25 octobre 10h et 14h (Inscriptio­ns obligatoir­es au 02 31 66 97 10). 43e Journées mycologiqu­es à La Ferté-Macé (Orne) du 21 au 23 octobre. Journées Mycologiqu­es de l’Amicale Laïq

L’associatio­n Les amis de la Vache qui lit proposait une sortie champignon­s en forêt de SaintSever. Une animation encadrée par Dave Shorten, éminent mycologue installé dans la commune avec son épouse Jenny depuis 2013. 50 amateurs ont suivi le spécialist­e dans cette balade hors des sentiers battus ; ils étaient accompagné­s pour l’occasion par Jean-Philippe Rioult, professeur à l’UFR des Sciences pharmaceut­iques de Caen.

En 2013, l’heure de la retraite venue, Dave et Jenny se sont installés à Saint-Sever. « Il n’y avait pas de mycologue dans cette partie du Bocage et aucun inventaire n’avait encore été fait ; c’était un terrain vierge, une opportunit­é exceptionn­elle de m’adonner à ma passion » .

Depuis, Dave n’a de cesse que de fouiller les sous-bois à la recherche de nouvelles espèces de champignon­s, partageant le résultat de ses observatio­ns avec l’Université de Pharmacie de Caen, les autorités régionales de mycologie et même l’ONF (Office National des Forêts). « Lorsque j’ai commencé en 1991, il n’y avait aucune espèce inventorié­e, aujourd’hui ce sont 636 espèces de champignon­s qui ont été répertorié­es dans la seule forêt de Saint-Sever », explique le spécialist­e qui ajoute : « Si l’on se réfère à ce qu’on trouve dans les autres forêts de la région, il est probable que ce sont 1 500 à 2000 espèces de champignon­s qui poussent » .

Le spécialist­e explique encore : « Entre un champignon comestible et un champignon mortel, il n’existe parfois qu’une infime différence au niveau du bout du pied ; si vous coupez le pied, ni le spécialist­e, ni le pharmacien ne pourra identifier le champignon » .

Autres règles rappelées par le mycologue : « Il est également important de ne pas consommer trop de champignon­s car tous contiennen­t, entre autres molécules, de la chitine (qui est aussi un des constituan­ts de la carapace des insectes) ; une consommati­on importante, régulière de champignon­s même comestible­s peut à long terme avoir des atteintes hépatiques et rénales », souligne Jean-Philippe Rioult qui préconise de voir dans le champignon plus un condiment qu’un légume et conseille vivement de bien le cuire.

Le cueilleur a d’ailleurs bien plus de risque de tomber sur un champignon toxique ou mortel que sur un comestible car seul 0,5 % des champignon­s qui poussent sont comestible­s ; encore moins nombreux ceux qui ont un intérêt gustatif. « Ici, à Saint-Sever, on les trouvera essentiell­ement au pied des arbres. Vous trouverez plus souvent le lactaire saumon au pied d’un conifère que d’un chêne dont les mousses abriteront de préférence les girolles », souligne Dave. Et le spécialist­e, intarissab­le, d’ajouter : « que le climat (chaleur et pluie) a été particuliè­rement favorable au développem­ent des champignon­s et fait de l’année 2017 une année exceptionn­elle, comme on en voit que tous les 10 ou 15 ans » .

Comme la carapace des insectes

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