Les recherches du facteur de vielles le conduisent au Tourneur
Vendredi 12 janvier, Mil Marie Mougenot, facteur de vielles à Dives-sur-Mer, avait rendez-vous avec le maire du Tourneur, Didier Duchemin. Ensemble, ils sont partis sur les traces de Constant Catherine, vielleux né au Tourneur. Un festival pourrait voir l
Le Tourneur.
Il est facteur de vielles, fournisseur d’accastillage, musicien, compositeur et il est parti sur les traces de son instrument fétiche.
Vendredi 12 janvier, Mil Marie Mougenot avait rendez- vous avec le maire du Tourneur, Didier Duchemin. Ensemble, les deux hommes sont partis sur les traces de Constant Catherine, joueur de vielle à roue reconnu dans toute l’Europe.
Né au Tourneur
Dans les mains du premier édile, ce que Mil Marie Mougenot était venu chercher : l’acte de naissance de l’artiste. Car oui, Constant Catherine est né au Tourneur en 1853. « L’idée est de rédiger un article dans La Gazette de Saint-Sauveur, un journal que je crée à Divessur-Mer » , rapporte le passionné, spécialisé dans le vielle plate typiquement normande. Sa vielle à roue sous le bras, il a aussi traversé le département des questions plein la tête. « Pourquoi est-il mort au Mesnil-Auzouf, en 1933 ? À l’époque, on ne bougeait pas. » Malheureusement, Didier Duchemin n’a pas de réponse. « Est-ce qu’il avait un lien avec le château des Noyers ? » « Je ne crois pas » , rétorque le maire.
À la recherche du moindre indice, ils épluchent les documents. « Quand on fabrique des vielles, on a envie d’aller au bout des choses, de connaître l’histoire liée à l’instrument » , commente Mil Marie Mougenot qui ponctue ses explications par de petites démonstrations. « C’est monstrueux de technologie ; c’est assez incroyable sur le plan technique. » Née à l’Antiquité, la vielle est réapparue au MoyenÂge.
Aussi dans leur viseur, des informations sur Jacques Daigremont, l’un des deux fabricants de vielles connus en Basse-Normandie. Il était aussi du Tourneur mais, pour le maire, difficile de mettre la main sur son acte de naissance. « On trouve un Jacques Daigremont à chaque génération. […] Il est mentionné comme facteur de la vielle de Constant Catherine. » Didier Duchemin est intarissable ; il a déjà entrepris de nombreuses recherches sur ses aïeuls. « Ce qui est inté- ressant, c’est que Le Tourneur dispose d’un des états civils les plus anciens de la région. » Dur, dur, malheureusement, d’en déceler tous les secrets.
« Dans le Bocage normand, tout le monde jouait de la vielle », reprend Mil Marie Mougenot. Les vielleux n’arrivaient pas à faire face à la demande ; ils étaient sollicités pour les mariages, les fêtes de village, les messes… Ils avaient des emplois du temps de ministres. » Fait en poirier, noyer ou en pommier, pourvu que le bois ait 30 ans de séchage, l’instrument à corde frottée né- cessite quelque 240 heures de travail et une précision d’orfèvre. « Un millimètre de moins et aucun son ne sort. » De la main gauche, on y joue comme sur un piano, en pressant des touches. « Le plus dur, c’est d’acquérir le coup de poignet. » À 58 ans, lui en joue depuis une dizaine d’années.
Sur les photos d’époque, le vielleux est toujours à l’extérieur. « C’est là la vraie place de la musique » , insiste le musicien qui a déjà sorti une trentaine d’albums, dont une dizaine dédiée à la musique religieuse.
Demain un festival dédié à la vielle ?
L’article, fruit de ces recherches, devrait sortir en mai mais déjà l’échange porte ses fruits : « Avec cet ancrage historique, pourquoi pas créer un festival dédié à la vielle au Tourneur ? » propose Didier Duchemin. Mil Marie Mougenot n’est pas contre, d’autant plus que son carnet d’adresses est plein de musiciens ou d’artisans susceptibles d’y prendre part. Pour commencer, Didier Duchemin envisage une collaboration lors des prochaines Journées européennes du patrimoine. Bientôt, une visite du château au son d’une vielle à roue ? L’idée est séduisante ; à voir ce qu’en diront les membres de l’ATVS.