La Voix - Le Bocage

Les recherches du facteur de vielles le conduisent au Tourneur

Vendredi 12 janvier, Mil Marie Mougenot, facteur de vielles à Dives-sur-Mer, avait rendez-vous avec le maire du Tourneur, Didier Duchemin. Ensemble, ils sont partis sur les traces de Constant Catherine, vielleux né au Tourneur. Un festival pourrait voir l

- Audrey Chevallier Si vous avez des informatio­ns susceptibl­es d’intéresser Mil Marie Mougenot, contactez-le au 06 77 51 13 97.

Le Tourneur.

Il est facteur de vielles, fournisseu­r d’accastilla­ge, musicien, compositeu­r et il est parti sur les traces de son instrument fétiche.

Vendredi 12 janvier, Mil Marie Mougenot avait rendez- vous avec le maire du Tourneur, Didier Duchemin. Ensemble, les deux hommes sont partis sur les traces de Constant Catherine, joueur de vielle à roue reconnu dans toute l’Europe.

Né au Tourneur

Dans les mains du premier édile, ce que Mil Marie Mougenot était venu chercher : l’acte de naissance de l’artiste. Car oui, Constant Catherine est né au Tourneur en 1853. « L’idée est de rédiger un article dans La Gazette de Saint-Sauveur, un journal que je crée à Divessur-Mer » , rapporte le passionné, spécialisé dans le vielle plate typiquemen­t normande. Sa vielle à roue sous le bras, il a aussi traversé le départemen­t des questions plein la tête. « Pourquoi est-il mort au Mesnil-Auzouf, en 1933 ? À l’époque, on ne bougeait pas. » Malheureus­ement, Didier Duchemin n’a pas de réponse. « Est-ce qu’il avait un lien avec le château des Noyers ? » « Je ne crois pas » , rétorque le maire.

À la recherche du moindre indice, ils épluchent les documents. « Quand on fabrique des vielles, on a envie d’aller au bout des choses, de connaître l’histoire liée à l’instrument » , commente Mil Marie Mougenot qui ponctue ses explicatio­ns par de petites démonstrat­ions. « C’est monstrueux de technologi­e ; c’est assez incroyable sur le plan technique. » Née à l’Antiquité, la vielle est réapparue au MoyenÂge.

Aussi dans leur viseur, des informatio­ns sur Jacques Daigremont, l’un des deux fabricants de vielles connus en Basse-Normandie. Il était aussi du Tourneur mais, pour le maire, difficile de mettre la main sur son acte de naissance. « On trouve un Jacques Daigremont à chaque génération. […] Il est mentionné comme facteur de la vielle de Constant Catherine. » Didier Duchemin est intarissab­le ; il a déjà entrepris de nombreuses recherches sur ses aïeuls. « Ce qui est inté- ressant, c’est que Le Tourneur dispose d’un des états civils les plus anciens de la région. » Dur, dur, malheureus­ement, d’en déceler tous les secrets.

« Dans le Bocage normand, tout le monde jouait de la vielle », reprend Mil Marie Mougenot. Les vielleux n’arrivaient pas à faire face à la demande ; ils étaient sollicités pour les mariages, les fêtes de village, les messes… Ils avaient des emplois du temps de ministres. » Fait en poirier, noyer ou en pommier, pourvu que le bois ait 30 ans de séchage, l’instrument à corde frottée né- cessite quelque 240 heures de travail et une précision d’orfèvre. « Un millimètre de moins et aucun son ne sort. » De la main gauche, on y joue comme sur un piano, en pressant des touches. « Le plus dur, c’est d’acquérir le coup de poignet. » À 58 ans, lui en joue depuis une dizaine d’années.

Sur les photos d’époque, le vielleux est toujours à l’extérieur. « C’est là la vraie place de la musique » , insiste le musicien qui a déjà sorti une trentaine d’albums, dont une dizaine dédiée à la musique religieuse.

Demain un festival dédié à la vielle ?

L’article, fruit de ces recherches, devrait sortir en mai mais déjà l’échange porte ses fruits : « Avec cet ancrage historique, pourquoi pas créer un festival dédié à la vielle au Tourneur ? » propose Didier Duchemin. Mil Marie Mougenot n’est pas contre, d’autant plus que son carnet d’adresses est plein de musiciens ou d’artisans susceptibl­es d’y prendre part. Pour commencer, Didier Duchemin envisage une collaborat­ion lors des prochaines Journées européenne­s du patrimoine. Bientôt, une visite du château au son d’une vielle à roue ? L’idée est séduisante ; à voir ce qu’en diront les membres de l’ATVS.

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