Croisières : Caen sur la carte du « très haut de gamme »
Lundi 22 avril, la saison des croisières a appareillé dans le port de CaenOuistreham. Huit escales de petits paquebots de luxe sont attendues en 2024.
Après une première journée sur place lundi 22 avril, le Mv Clio et ses 90 passages est parti mardi 23 de Caen pour une croisière sur la côte atlantique de l’Europe. C’est la première des huit escales prévues jusqu’en juin dans le port de Caen-Ouistreham.
« Nous ne sommes pas Le Havre ou Marseille et encore moins Cherbourg », tempère le président du club croisière et maire de Ouistreham Romain Bail, en écho aux perspectives 2024 du grand port du Cotentin : 56 escales sont annoncées, pour un potentiel de 180 000 passagers.
Huit escales, c’est même moins que les années précédentes (13 en 2022, 12 en 2023), mais avec l’attraction du 80e anniversaire du débarquement de Normandie, la concurrence des JO et les travaux sur l’écluse de Ouistreham à la rentrée, les rotations des bateaux de croisière sont concentrées cette année entre avril et juin.
À Caen ce sont des bateaux avec un membre et demi d’équipage par passager. C’est du très haut de gamme.
ERIC DESTABLE, COMMANDANT DU PORT DE CAEN-OUISTREHAM
« Une réalité de niche »
Caen-Ouistreham ne barbote pas dans le même océan. « C’est une réalité de niche », poursuit M. Bail. Une réalité de riches aussi. Les paquebots qui s’amarrent à Caen sont petits, mais très luxueux.
Commandant du port, Eric Destable use du jargon technique pour illustrer la situation : « on est sur du 5 (étoiles) plus, plus. »
Il s’agit plus souvent de touristes étrangers et aisés. À titre d’exemple, entre le 6 et le 8 juin, le Sea Cloud Spirit viendra avec sa croisière D-Day et golf !
« Patrimoine et histoire très riche »
Chargé du club croisière à l’office de tourisme Caen la mer, Morgan Pravos revient tout juste de Miami. Du 9 au 11 avril, au salon Seastrade, il a mis en valeur le Caen-Ouistreham Normandy Cruise. Face à une quarantaine de compagnies et la concurrence de 800 destinations, il s’agit de faire émerger un îlot au milieu de l’océan. Mais les arguments sont là.
Embouteillage le 6 juin
Un atout de poids l’année où Normandie rime encore plus avec D-Day, « les compagnies ont voulu se positionner aux avant-postes pour le 6 juin » note Romain Bail
Entre le 4 et le 8 juin, trois escales sont ainsi programmées. Des croisières sur mesure pour les festivités du Débarquement, ainsi sur l’un des bateaux, le petit-fils d’Eisenhower (le commandant du Débarquement) sera à bord pour des conférences.
Pour la reprise, lundi 22 avril, ce sera aussi la première « escale tête de ligne », c’est-à-dire le départ de la croisière. « C’est intéressant pour l’économie, passagers et membres d’équipages embarquent à Caen », explique Morgan Pravos.
Améliorer l’accueil
Autre nouveauté cette année, sur huit rendez-vous, cinq escales comptabilisent plusieurs nuits sur le canal.
Loin des fastes de croisières, Caen s’est aussi fait un nom pour recevoir les paquebots hors saison. Depuis le confinement, le port de Caen-Ouistreham s’est fait une place pour les hivernages. Les compagnies apprécient la qualité et la sécurité offertes par le canal non sujet aux marées. Et en « 2027-2028 », les quais seront électrifiés pour que les bateaux ne fassent pas tourner leur moteur à l’arrêt. Tout bon, pour l’air et les oreilles.
Mais c’est bien sur l’accueil des croisiéristes et des équipages que Caen souhaite mettre l’accent. En fin d’année, l’accueil et le cheminement depuis les quais vers le centre-ville seront réaménagés pour être prêt en vue du millénaire de Caen en 2025.
Au long cours, c’est la construction d’un vrai terminal de croisière qui se pose. C’est une possibilité, mais « c’est suspendu au projet Presqu’île », explique Cécile Cottenceau, maire adjointe à Caen en charge du tourisme et des relations Internationales.
Le port de Caen est au centre de la Normandie au patrimoine et à l’histoire très riche. Dans ce marché de niche, on a une carte à jouer. MORGAN PRAVOS, RESPONSABLE DU CLUB CROISIÈRE CAEN-OUISTREHAM