Sophie et Jérémy racontent leur expédition de 28743 km à vélo, de l’Alaska à la Patagonie
Originaire de Condé-enNormandie, Jérémy Vaugeois avait à coeur de partager son incroyable expérience vécue avec sa compagne. C’est une semaine intense qui attendait les deux réalisateurs, qui ont enchaîné deux séances publiques, ainsi que trois autres avec les scolaires du lundi 8 au jeudi 11 avril.
Une semaine de rencontres
La semaine a débuté, lundi soir, par la projection gratuite du documentaire Aux pays des brumes sorti en automne dernier, qui a été réalisé au cours de leur expédition de six mois, après 5000 kilomètres parcourus à vélo le long des côtes de la mer Baltique entre 2021 et 2022. Suite à trois séances pour les scolaires et une rencontre organisée mercredi après-midi à la médiathèque, ce jeudi, certains spectateurs étaient de retour pour cette fois-ci découvrir toutes les couleurs du continent américain.
Cette expédition a duré deux ans et demi de 2017 à 2019, leur film Alaska Patagonie sorti en 2021, retrace leur itinéraire. Tout au long de cette aventure, « ce sont 45 écoles et 6 000 élèves, dont ceux de Saint-Germain et de Condé qui avaient suivi notre périple, grâce à nos vidéos de 5 à 10 minutes envoyées toutes les semaines. On est venu, quatre ans après, leur restituer notre travail. C’était un très beau moment », déclare Jérémy Vaugeois.
Une philosophie commune
Avant de se rencontrer, et de vivre ces expéditions en couple, ils avaient déjà, individuellement, le goût de l’aventure. Jérémy Vaugeois avait parcouru pendant deux ans le continent européen à pied, et Sophie Planque, réalisatrice, avait réalisé plusieurs documentaires avec des itinéraires et conditions extrêmes. « Nous avons une passion commune pour la géographie, le dépassement de soi, des traversées thermographiques qui éprouvent notre corps», explique Sophie Planque.
Leur rencontre à Genève, il y a 10 ans, était une évidence, « on fera quelque chose de fou ensemble », raconte Jérémy Vaugeois. « Notre vie commune est depuis 10 ans dictée par l’aventure, plus de la moitié de notre vie de couple s’est déroulée dehors et sous une tente », s’en amuse Sophie Planque.
La route la plus longue du monde
« Le choix de notre voyage au long cours en Amérique a été motivé par le fait que ce continent est le seul où l’on peut voir toutes les couleurs du monde, en naviguant à travers toutes les latitudes de la Terre, en parcourant la route la plus longue du monde, soit 28 743 km pour notre itinéraire », explique Jérémy Vaugeois.
Pour Sophie Planque, « ce n’est pas tant le physique qui compte, c’est le mental! Voyager à vélo, c’est une belle allégorie de la vie, c’est si simple que c’est beau ! »
Quand ces deux aventuriers sont partis, tous les deux âgés de 27 ans, « nous étions innocents et naïfs, on ne savait pas à quoi s’attendre. Partir au long cours, on ne l’avait jamais fait ».
Mais, dès le début de leur périple, en Alaska, sept jours après leur départ, Sophie est malheureusement victime d’un accident, dû à un nid de poule.
Un accident dès les premiers jours
Cette première épreuve conditionnera le reste de leur aventure : «on a fait face au pire dès le 7e jour : l’amnésie de Sophie due à un traumatisme crânien, sa fracture de la tête de l’humérus, l’attente d’un avion médicalisé pendant 12 h, un mois et demi de convalescence forcée. Quand on repart, on se rend compte de notre chance, cela nous a fait relativiser et être en accord avec nos choix dans cette traversée ». Pour l’anecdote, Jérémy ajoute que la veille, le couple s’était justement disputé au sujet du port du casque, il reprochait à Sophie d’être trop dilettante. Le lendemain, elle est alors victime d’un traumatisme crânien alors qu’elle portait son casque.
« Ce sont ces péripéties qui vous bâtissent, il faut s’accrocher et prendre son temps pour surmonter ces difficultés ».
Différents regards sur les Amériques
Jérémy Vaugeois précise à l’issue de la projection : « Beaucoup de choses négatives ne sont pas racontées dans le film : la rencontre avec des cartels au Mexique, celle avec des narcotrafiquants en Colombie, mais aussi une insurrection au Nicaragua ». En Amérique du Sud, Sophie est à nouveau victime d’une chute, mais cette fois dans des cactus, avec des blessures qui nécessiteront également un suivi médical.
L’accident initial a eu pour conséquence un décalage par rapport aux prévisions temporelles du départ, « on était constamment à la mauvaise saison ». Ils sont passés de territoires très développés à l’Amérique latine : « c’est un choc des cultures. Dans le film, on a privilégié les images du sud, qui donnent un autre regard sur l’Amérique. On a voulu montrer le rapport à la terre, notamment dans les interviews des habitants ».
Une vie de couple à huis clos
« Quand on est parti, cela faisait trois ans qu’on était ensemble. On avait un projet commun, mais deux manières de faire différentes, pour pédaler dans la même direction. L’accident dès le départ nous a ébranlés, et nous a confortés dans les raisons qui nous ont animés à réaliser ça». Ces deux ans et demi ont été pour eux deux « un huis clos constant. Sur nos vélos, Jérémy a la tente, moi, j’ai le réchaud. On vit dans une tente de 2 m² : on a grandi de dix ans de couple en deux ans et demi », affirme la réalisatrice.
Pour Jocelyne, la maman de Jérémy, présente à cette projection, « elle était plus rassurée quand Jérémy partait avec Sophie, que quand il partait tout seul. J’avais des nouvelles régulièrement, je respecte leur choix de vie, et je suis très fière d’eux ».
Les deux aventuriers se projettent déjà dans une marche pour fêter leurs 10 ans de vie commune. Ils sont tous deux animés « d’un pouvoir d’émerveillement : il faut montrer les émotions qu’on a quand on vit quelque chose, peu importe où l’on est ».