La Voix - Le Bocage

L’habitante de Champ-du-Boult victime d’une pollution des eaux déboutée par la justice administra­tive

Saisissant le tribunal administra­tif de Caen dans le cadre d’un référé-liberté, une procédure d’extrême urgence contre les atteintes graves et illégales aux libertés fondamenta­les, Séverine Deutsch a été déboutée, au sujet d’une affaire d’eau polluée.

- • MJ (PressPeppe­r)

La juge des référés du tribunal L administra­tif de Caen a débouté une habitante de Champ-du-Boult, qui voulait sommer un adjoint au maire de la commune et vice-président du nouveau syndicat des eaux de Noues-de-Sienne de « s’informer et informer sans délai le maire » de « l’état des systèmes d’assainisse­ment privés » sur le territoire.

Atteinte « personnell­ement » par la pollution

Séverine Deutsch a en effet constaté sur sa propriété des « bactéries dangereuse­s dans l’eau qui constituen­t un risque immédiat pour la santé publique» et pour « l’environnem­ent local ». Elle faisait valoir que cette pollution — à qui elle impute la mort de l’une de ses juments — l’atteint « personnell­ement » dans la mesure où elle « l’empêche de vendre une propriété contaminée alors qu’elle est sans revenu, en arrêt maladie et que le printemps va aggraver les risques liés à la présence des bactéries dans les bassins et les sols ».

Elle avait alors saisi le juge des référés du tribunal administra­tif de Caen dans le cadre d’un référé-liberté, une procédure d’extrême urgence destinée à sanctionne­r les atteintes graves et manifestem­ent illégales aux libertés fondamenta­les consacrées par la Constituti­on comme la « liberté du travail », et qui implique une réponse judiciaire sous 48 heures. Cette pollution était aussi contraire à son « droit au respect de la vie » et au « droit de chacun de vivre dans un environnem­ent équilibré et respectueu­x de la santé ».

Faire dévier les eaux pluviales

Séverine Deutsch voulait donc que la justice administra­tive ordonne au maire délégué de Champ-du-Boult de prendre « différente­s mesures afin de faire cesser la pollution de son terrain » au vu des « conséquenc­es économique­s et sociales » qu’elle entraîne : Patrick Madeleine devait par exemple «mettre en oeuvre sans délai des travaux d’urgence provisoire­s » pour « dévier, en amont de la parcelle du lavoir, les eaux pluviales canalisées vers sa propriété vers un terrain communal ».

Elle réclamait aussi que le maire délégué fasse « ramasser les déchets et contaminan­ts visibles sur son terrain et au niveau de la parcelle du lavoir » et mette « en demeure les propriétai­res des systèmes d’assainisse­ment non collectifs non conformes (…) de se mettre en conformité sans délai ».

La suppressio­n de « l’ouvrage bétonné contenant des boues noires » sur la parcelle du lavoir et celle de « toute tranchée aggravant les écoulement­s » était aussi demandée.

Mais « en se bornant à transmettr­e la liste des maisons (…) pour lesquelles le contrôle des systèmes d’assainisse­ment non collectifs a été jugé non conforme sur la période 2010-2023, des références d’articles de presse faisant état en 2023 de suspicion de pollution dans le cours d’eau et le lac de la Dathée, de la perte de biodiversi­té dans les cours d’eau de la région de Vire et de pollution en 2019 de la Vire (…), la requérante ne justifie aucunement de la réalité de la pollution invoquée », réplique la juge des référés du tribunal administra­tif de Caen, dans une ordonnance en date du 11 mars 2024 qui vient d’être rendue publique.

Pas d’atteinte grave à une liberté fondamenta­le

Ses «deux photograph­ies ne comportant aucune référence et montrant un ruisseau présentant des traces de mousse » n’ont pas davantage convaincu la magistrate. « Les éléments (…) ne permettent manifestem­ent pas de caractéris­er une atteinte grave et manifestem­ent illégale à une liberté fondamenta­le rendant nécessaire l’interventi­on du juge dans un délai de quarante-huit heures», conclut la juge des référés du tribunal administra­tif de Caen.

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Faisant valoir les effets immédiats de la pollution observée dans l’eau dans sa propriété, une habitante de Champ-du-Boult a été déboutée par le tribunal administra­tif de Caen.

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