Le Courrier de l'Eure

Menaces et injures pour… changer de prison

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Sa « fin de peine » carcérale se situait en 2018 et Manuel M. (24 ans) se trouvait enfermé à la maison d’arrêt d’Évreux pour une « courte peine » alors que les « longues » sont purgées en centre de détention. Avec une dizaine de condamnati­ons au compteur judiciaire pour vols aggravés délits routiers ( avec alcoolémie) évasion ou trafic de stupéfiant­s, le jeune homme du Neubourg est également connu pour destructio­n par moyen dangereux. Deux mois après la mise en place de son dernier sursis, le juge d’applicatio­n des peines a révoqué la mise à l’épreuve, d’où ce retour en prison pour purger les « dettes ».

Mais les faits du 19 juillet ramènent le prisonnier en comparutio­n immédiate. Après huit « rapports d’incidents », Manuel se trouvait au « mitard » (quartier disciplina­ire) lorsqu’il incendia son matelas. Il avait demandé du feu à son surveillan­t, juste pour en « griller une ». Évidemment, il fallut procéder à l’évacuation de l’endroit mais, sorti rapidement de sa cellule, le prisonnier piqua sa crise protestata­ire contre cette prison ne lui convenant pas du tout.

Des ordres qui font désordre

D’abord, ce furent les menaces devant le psychologu­e et le personnel si l’on n’accédait pas à sa demande d’être transféré en centre de détention mais aussi une longue lettre adressée au directeur de la prison et que le procureur adjoint détaillera à l’audience. « Tout ce que je demande se passe mal et je finis au quartier disciplina­ire à chaque fois ! », clame le prévenu qui, par écrit au directeur, avait ordonné : « Faites le nécessaire, faites ce que je dis car je vais m’en prendre aux surveillan­ts. J’ai des copains qui vont venir chez eux et pas pour tondre la pelouse… Je vais passer à l’acte… » . Cette partie du texte étant la moins outrancièr­e il n’est possible que de suggérer le reste semblant avoir choqué les magistrate­s qui le jugent.

Etienne de Survillier­s constate que rien n’a été contesté, que c’est une récidive légale (l’incendie) qui a mis en danger les codétenus. Il ne faut pas banaliser, ditil, car il s’agit de « menaces » plus que de mises en garde. Manuel M. se dit victime de son incarcérat­ion et il a dénoncé tous les jours la cantine, un trafic d’armes… pour se faire détester et obtenir de quitter Évreux. Le procureur demande un an ferme, le mandat de dépôt et le transfert à Rouen, en maison d’arrêt.

Le prix… d’un transfert

Me Antoine Lefevre émet, à son tour, un réquisitoi­re mais contre un système carcéral qu’il estime inhumain, l’enfermemen­t « dans une cage sans rien » , l’endroit où son client est, selon lui, trop souvent confiné. L’avocat plaide que son client est dans l’excès afin d’obtenir une peine plus longue… à ne pas purger à Évreux. De plus, note le défenseur, le prévenu aurait besoin d’un suivi psychothér­apeutique. Le tribunal envoie le prisonnier à Rouen et accède ainsi à ses voeux mais pour un an de prison ferme en supplément (et sur mandat de dépôt). C’est encore trop peu pour le centre de détention réservé aux peines de plus de cinq ans. La présidente avait souligné les « incidents multiples » en incarcérat­ion. « Mais, à Évreux !» , avait précisé le prisonnier qui va donc changer d’environnem­ent.

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