« On va dans le mur »

« Je vois que vous êtes abasourdis, je le

comprends. » Quand Benoît Gatinet a proposé aux élus de réagir après la présentation de la situation budgétaire, un ange a traversé la salle du conseil communautaire de Roumois Seine, mardi 13 février. Les élus ont eu besoin de temps pour digérer les chiffres entendus. Et peu ont pris la parole. « Vous nous demandez si nous sommes abasourdis. Et vous ? Cela fait combien de temps que vous connaissez la situation ? A

quoi cela a servi le comité de pilotage ? » ,a demandé Alain Tessier, maire de Quillebeuf-surSeine, étonné que la situation budgétaire n’ait pas davantage été anticipée avant la création de la communauté de communes. « Nous n’avons été assez regardants dès le début de l’année dernière, nous avons engagé des dépenses sans regarder les recettes » souligné Michel Dezellus, du Landin. ,a

« La situation est vraiment critique » , a réagi Abed Karnoub, maire de Saint-Ouen-de-Thou

berville. « Il faut une action à la hauteur des débats. Il ne faut pas trop regarder dans le rétroviseur, ne pas opposer les ex-communautés de communes les unes aux autres. Nous sommes dans le même bateau. Chacune des quatre communautés de communes était gérée en toute légalité. Toutes les décisions étaient prises par des gens responsables. » « Il ne faut pas laisser quelqu’un d’autre décider à notre place » , a-t-il en ajouté en référence à la menace de tutelle de la préfecture.

Gilbert Doubet a aussi demandé le micro. L’élu du Thuit-de-l’Oison voulait faire part de son expérience. Celle d’un maire d’une commune nouvelle née il y a deux ans du regroupement entre trois villages (Thuit-Signol, Thuit-Simer et Thuit-An

ger). « Nous avons commencé par prendre une page blanche et nous avons écrit notre histoire. Nous avons fait des concessions, nous avons fermé une école, nous avons mutualisé nos services techniques… Nous avons fait un lissage (des taux d’imposition) en deux ans. Nous avons expliqué pourquoi aux gens. On ne fait une nouvelle communauté de communes en lissant sur dix ans. » « N’oubliez pas nos administrés. Ils ne l’ont pas réclamé cette nouvelle communauté de communes. Qu’est-ce qu’on va leur dire ? On leur dit que l’on va dans le mur, car on va tout doucement dans le mur, et qu’en plus on leur demande de payer davantage ? »

Près de quinze élus ont choisi de s’abstenir au moment du vote concluant le débat d’orientation budgétaire. Notamment Jean Quetier, pourtant vice-président de Roumois Seine. « Nous sommes

sur une ligne de crête, confiait le maire des

Monts-du-Roumois après la réunion. Je suis très inquiet par rapport à cette grosse difficulté financière. Nous avons des charges d’emprunts très importantes, le président actuel n’en est pas responsable. La situation est très dure, mais cela peut être repris en main. Il faut remonter les manches. »