Un septuagénaire condamné pour avoir menacé de décapiter son épouse
Un homme de 71 ans habitant à Quittebeuf a été condamné par le tribunal d’Évreux jeudi 18 avril à 18 mois de prison pour avoir menacé de décapiter son épouse.
Jeudi 18 avril, la condamnation prononcée par le tribunal d’Évreux a mis un terme au véritable calvaire qu’a subi une femme, quotidiennement rabaissée et frappée pendant plus de 30 ans.
Son mari, un homme de 71 ans, avec qui elle vivait à Quittebeuf, a été condamné à 18 mois de prison pour avoir menacé de la décapiter.
Souffrant d’une grave dépression, celui que nous appellerons Jean a tenu sous son joug la mère de ses neuf enfants. Et cela à huis clos derrière les murs épais de leur maison insalubre, où la mère de famille devait réchauffer l’eau sur un poêle à bois.
« Je vais te tuer, je vais te décapiter ! »
Quasiment tous les jours, Jean tyrannisait sa compagne, qu’il avait épousée en 1975. Menaces de mort, insultes… L’ambiance était tellement intenable que tous les enfants ont pris la poudre d’escampette dès qu’ils ont pu. Tous, sauf le dernier, aujourd’hui âgé de 31 ans.
Cette sombre histoire aurait pu avoir une issue fatale. Sauf que, la nuit du 16 au 17 avril 2024, Jean a dépassé les bornes.
Convoqué à la gendarmerie du Neubourg à la suite d’un énième accès de colère, il est rentré chez lui à pied. Loin d’être calmé, il a alors crié à son épouse : « Je vais te tuer, je vais te décapiter ! » Les gendarmes ont donc de nouveau été appelés et l’homme irascible a été placé en garde à vue.
Anxiolytiques et bière
« Il est dépressif, boit et agresse tout le monde. Si je n’avais pas été là, il aurait tué ma mère avec une hache. Je ne sais pas pourquoi il lui en veut. Il l’insulte tous les jours», a confié son fils avant d’ajouter : « Il prend des anxiolytiques avec de la bière et, comme il fait son traitement à sa sauce, il absorbe plusieurs comprimés. D’ailleurs, hier soir, il a envoyé ma mère chercher de la bière de force la menaçant, comme toujours, de la décapiter en cas de refus. »
Une de ses filles, qui a aujourd’hui recueilli sa maman, ajoute : « J’ai toujours vu mon père frapper ma mère. »
Au tribunal, Jean, les mains dans les poches et la moue dubitative, a tout nié en bloc. «C’est archi faux! Le gars et la fille, ils cherchent à me jeter dehors ! D’ailleurs, je ne bois plus depuis trente ans. C’est ma femme qui boit.» Et de développer une théorie du complot, l’objectif de ses proches étant, selon lui, de vendre la maison et de s’emparer du terrain sur lequel il coupe du bois.
Pourtant, de fil en aiguille, le président Bertrand Brusset a fini par lui faire dire la vérité.
Le tribunal a ainsi pu apprendre que couper du bois était dur et qu’il fallait, pour tenir, « étancher sa soif ». D’où une nécessaire consommation de six bières par jour.
18 mois de prison
Dix-huit mois de prison dont 12 avec sursis probatoire et un mandat de dépôt ayant été requis par le parquet pour « éviter tout risque de réitération», la défense a pris le relais.
« Dans ce dossier, il n’y a que les témoignages du fils et de la fille et, lors de l’intervention des gendarmes, il a coopéré. Il y a beaucoup de zones d’ombre. A priori, cela fait des années que cela dure et on ne comprend pas pourquoi la décision d’y mettre un terme a soudainement été prise. Pour l’instant, il n’a attaqué personne même s’il a fait vivre l’enfer à sa famille. Par conséquent, je m’interroge et je demande la relaxe», a notamment plaidé Me Hatem.
Jean a finalement été condamné à 18 mois de prison, dont 6 mois avec un sursis probatoire de 24 mois assorti d’une obligation de soins et d’une interdiction de contact et de paraître.
La partie ferme de la peine sera à purger sous bracelet électronique. Reste qu’un mandat de dépôt ayant été prononcé, il passera cinq jours derrière les barreaux, l’objectif étant de donner à la famille le temps de quitter la maison.
■ Toute condamnation est susceptible d’un recours et jusqu’à une condamnation définitive, la présomption d’innocence prévaut.