Suspecté de radicalisation, le détenu veut «faire un carnage»
Suspecté de radicalisation, un détenu a craché au visage d’un agent pénitentiaire et menacé de mort ses collègues. Incarcéré depuis 2010, le prévenu rebelle, qui devait sortir en 2027, a écopé de deux ans supplémentaires.
À 40 ans, Lahoucine El K., un citoyen français né à Vernon, a déjà 23 mentions à son casier. Outrages, détention d’armes, viol sous la menace d’une arme, enlèvement et séquestration… Ses délits, toujours plus graves, lui ont valu de nombreux séjours en prison. Incarcéré en 2010, il devait ainsi sortir en 2027. Et pour cette seule peine, il a dû être transféré dans plusieurs centres de détention en raison de son comportement. Voilà comment, après Condé-surSarthe, il s’est retrouvé aux Vignettes. Et là, il n’a rien changé à son comportement. D’où un passage en conseil de discipline le 4 avril.
Furieux d’être condamné à 18 jours de quartier disciplinaire, il a alors jeté les papiers lui signifiant la mesure et a craché sur le front d’une directrice de division qui lui annonçait pourtant qu’il pouvait faire appel. Puis il a clairement menacé les agents pénitentiaires en affirmant : « Ce sont des haineux. J’ai des amis qui habitent pas loin et ils vont vous retrouver à l’extérieur. Le Raid va venir et je vais faire un carnage. Si on attrape un surveillant, on va lui faire un truc de malade ».
Au tribunal où il comparaissait pour violence et menaces, le prévenu, encadré par des forces de police encagoulées, a immédiatement déclaré : « Quand on a une étiquette de radicalisé, on est pas bien vu. Je reconnais le crachat, mais pas les menaces ».
« La société se radicalise dans la haine »
Deux témoins ayant assisté à la scène, le président Brusset lui a bien évidemment signifié son étonnement. Et cette remarque lui a, un bref moment, fait perdre son calme apparent. « La justice n’est pas la même pour tout le monde et vous êtes des racistes. De jour en jour, la société se radicalise dans la haine par manque de justice, par manque d’égalité. Il y a deux poids, deux mesures», a-t-il déclaré avec force avant de se calmer après une mise en garde du président sur des propos pouvant constituer un outrage.
Deux ans de prison avec mandat de dépôt ayant été requis par le parquet, l’avocate de la défense, Me Hatem, a alors notamment plaidé : « Il se trouvait dans un moment de tropplein et s’est dit que c’était sa seule manière de s’exprimer. En fait, il va payer trois fois avec une mesure disciplinaire, une nouvelle condamnation et la suppression de ses réductions de peines ».
Ces éléments ont été confirmés par le prévenu qui a répété pour clore les débats : « Quand il n’y a pas de valeurs, la seule façon de se faire écouter, c’est la violence ».
Le tribunal ayant suivi le parquet, Lahoucine El K. passera deux années supplémentaires derrière les barreaux.
■ Toute condamnation est susceptible d’un recours et jusqu’à une condamnation définitive, la présomption d’innocence prévaut.