Le Courrier de l'Eure

Ses cactus normands font le buzz

Jardinier paysagiste installé près de Bernay, Jessy Charetiers s’investit dans la production de cactus acclimatés à la Normandie. Sa passion, dévoilée au grand jour au début de l’année, a attiré l’attention de nombreux médias.

- • Anthony Bonnet

L’expression « en parler pendant des heures » n’est pas exagérée quand il s’agit de Jessy Charetiers. Intarissab­le, cet habitant de Courbépine ne se lasse pas de présenter son univers aux journalist­es de plus en plus nombreux à venir à sa rencontre ces dernières semaines, curieux de découvrir cette étonnante culture de cactus normands.

Après une première vidéo diffusée sur le groupe Facebook « Terre de talents Bernay » en février, il a notamment reçu la visite du Parisien, de France 3 et de TF1 pour un reportage dans la matinale de Bruce Toussaint.

« Un engouement »

« Il y a un engouement médiatique, c’est une activité insolite et je suis le seul à faire ça dans la région», sourit ce jardinier paysagiste de profession, diplômé d’un CAP, qui a longtemps choisi de rester dans l’ombre avant de commencer à exposer sa passion au grand jour sur les réseaux sociaux en ce début d’année 2024. « Je mène ce projet depuis dix ans », explique-t-il en faisant visiter sa production de 7 000 pieds de cactus, d’une centaine de variétés. Ces vivaces, originaire­s essentiell­ement du continent américain, Jessy Charetiers s’évertue à les acclimater à la Normandie, aux conditions beaucoup moins arides.

« Les cactus achetés en grande surface, ils sont importés, et cela peut être bien en guise de plante d’intérieur. Mais si vous les mettez en extérieur, ce sera un échec, car ils ne supportero­nt pas les conditions météorolog­iques », affirme-t-il. Les siens, il les fait pousser dans une terre argileuse et lourde, et les soumet à de véritables épreuves dans l’objectif de les rendre «le plus rustique possible ».

L’enjeu du changement climatique

«C’est beaucoup de boulot », confirme le jeune homme de 32 ans, qui détaille comment les cactus, d’abord sous forme de boutures puis en pots quand les racines se sont développée­s, en viennent à être plongés dans l’eau, voire placés au congélateu­r, afin d’endurer l’humidité et les températur­es négatives, jusqu’à -25°. «Cet hiver, on a eu du froid, de la neige, et ils ont été recouverts de glace pendant trois jours », sourit le producteur.

Si ces plantes grasses s’adaptent si bien à l’atmosphère normande, « c’est grâce à mon travail, mais aussi à cause du changement climatique », convient-il, lui qui se dit très sensible à l’écologie. « Je tiens à montrer que le réchauffem­ent a un réel impact et à sensibilis­er les gens. La Normandie, c’est quand même la dernière région où on aurait pu penser que des cactus arrivent à pousser en pleine terre. »

Face à cette évolution, Jessy Charetiers en est persuadé, cette « merveille végétale » a toute sa place dans les jardins et les massifs. «Cela demande peu d’eau et peu d’entretien, cela peut être intéressan­t pour les particulie­rs, mais aussi les collectivi­tés », suggère-t-il. Autre vertu, « c’est une plante mellifère, qui attire les pollinisat­eurs. On peut voir des attroupeme­nts d’insectes l’hiver, ils viennent hiberner dans les interstice­s. » Et le bonus, « c’est la floraison l’été » et les fruits offerts par certaines variétés, comme les figuiers de Barbarie.

Encore faut-il réussir à casser l’image négative qui colle parfois encore aux cactus, dont les épines peuvent rebuter les clients. « Tous ne piquent pas », réagit ce natif de la région de Bernay, en faisant toucher un cactus à la peau douce comme du velours.

Produire et vendre

Jessy Charetiers a créé sa société, un logo et un site internet en vue de commercial­iser sa production et d’en tirer des revenus. Il met le paquet sur le visuel et compte proposer ses cactus dans des pots français recyclés, avec trois tailles et 16 couleurs différente­s. « J’ai aussi prévu toute une gamme de minéraux colorés, comme du quartz, du schiste ou du grès, pour sublimer la plante », ajoute-t-il, désireux de se démarquer de la concurrenc­e.

Et la suite est déjà prévue : le jeune homme a commencé à explorer le créneau des espèces aquatiques et il possède une belle quantité de joncs et de nénuphars. A plus long terme, il aimerait créer un parc paysager sur son terrain de trois hectares, où paissent tranquille­ment des moutons.

S’il n’est pas encore en mesure de recevoir le public, Jessy Charetiers est tout de même confronté à des visites impromptue­s, et c’est peut-être le revers de la médiatisat­ion intense des dernières semaines. Les cactus normands suscitent de la convoitise, constate l’entreprene­ur.

■ Renseignem­ents : cactusdeno­rmandie.fr

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Pour se démarquer, Jessy met le paquet sur le visuel. Il associe ses cactus à des pots et des minéraux de couleur.
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« Mes cactus sont produits en extérieur et mes serres ne sont pas chauffées », précise celui qui, depuis son enfance, aime être au contact de la nature.

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