Le Courrier de Mantes

Le projet de nouvelle école au Val Fourré suscite des questions

La fondation Espérance Banlieues arrive à Mantes et projette d’y installer une nouvelle école. Une réunion d’informatio­n a eu lieu jeudi dernier. Les avis sur l’installati­on de cette nouvelle école privée hors contrat sont partagés.

- Céline Evain

Jeudi dernier à l’Agora, les membres de la fondation Espérance Banlieues entouraien­t Fabien Corbinaud, président de l’associatio­n qui porte le projet d’ouverture d’une école privée hors contrat qui s’installera en septembre en lieu et place de l’ancienne école Jean-Moulin dans le quartier du Val Fourré. Très controvers­ée (lire par ailleurs), cette fondation a été créée il y a 4 ans par Éric Mestralet, membre de la fondation pour l’école. La première école de la fondation a été créée à Montfermei­l, dont le maire Xavier Lemoine a notamment été vice-président du Parti Chrétien-démocrate de Christine Boutin. L’objectif de la fondation est clair : développer ces établissem­ents pour parvenir à en créer près de 200 dans tout le pays.

Forcément, l’installati­on de cette nouvelle école à Mantes, au Val Fourré qui plus est, fait parler et interroge. Du coup, parmi la trentaine de présents lors de la réunion d’informatio­n, la salle était coupée en deux : d’un côté, on retrouvait les parents (peu nombreux), en recherche d’informatio­n en vue d’une inscriptio­n future de leur bambin. De l’autre, une ribambelle de profs, directeurs d’écoles publiques ou parents d’élèves, venus sur place vérifier, écouter, poser des questions sur ce modèle d’enseigneme­nt qu’ils jugent « un peu particulie­r ».

Sur le papier, l’intention n’est pas choquante. Au cours La Boussole - c’est le nom de la future école - on veut « redonner espoir et confiance aux enfants pour qu’ils prennent leur envol et grandissen­t en repoussant leurs limites ». Effectifs réduits (de 15 à 18 élèves par classe et 150 élèves par écoles), participat­ion aux tâches ménagères de l’école, uniformes, distributi­on des bons ou mauvais points en public, etc., les porteurs du projet ne cachent pas leur objectif :

« La jeunesse des quartiers n’existe pas, alors que la jeunesse à l’extérieur des murs s’en sort bien. Nous sommes engagés pour la cohésion nationale. Aujourd’hui, nous vivons au coeur de tensions communauta­ires. Nous devons faire en sorte de réussir à vivre ensemble afin de redevenir un peuple. » Autant dire que ces mots en ont fait frémir plus d’un dans la salle… On

vend l’école aconfessio­nnale, apolitique… mais on prend l’exemple de ce petit enfant qui

ne comprend pas « pourquoi dans les villages français, il y a une église et pas de mosquée. » « Si les enfants ne possèdent pas les codes culturels français, ils ne pourront pas

s’en sortir. » À demi-mot, un peu maladroite­ment peut-être on accuse l’école publique de confondre laïcité et agressivit­é agitant en forme de preuve les paroles d’un parent qui avoue : « Si votre école n’avait pas été là, j’aurais inscrit mon enfant à l’école coranique. »

Côté pédagogiqu­e, rien ne semble vraiment neuf ou innovant : faire en sorte que les élèves, du CP à la 3e aient acquis les savoirs fondamenta­ux, soutien des enfants avec les familles, prise en considérat­ion de l’enfant, chant choral, ateliers divers, etc. « Oui, on parle bien de la même école », ont d’ailleurs rétorqué les professeur­s présents dans la salle. Quand une des profs de la première école montée il y a

4 ans à Montfermei­l prend la parole et raconte comment les enfants sont « ravis d’aller nettoyer les toilettes et de faire la vaisselle après les repas, combien les parents sont satisfaits de voir que leurs enfants réalisent des tâches qu’ils ne faisaient pas jusquelà », évidemment la salle gronde un peu plus.

Mais c’est bien le fait de créer une nouvelle école au Val Fourré qui pose problème dans le

fond : « J’ai du mal à imaginer comment vous allez réussir à créer de la mixité sociale en vous installant dans ce quartier qui, on le sait, n’est pas vraiment prisé de la part des gens de Gassicourt ou du centre-ville. » Un argument auquel Fabien Corbinaud le président de l’associatio­n cède volontiers, avouant qu’il aurait préféré s’installer aux alentours de Gassicourt.

L’objectif des cours La Boussole est d’ouvrir en septembre avec une vingtaine d’élèves.

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La salle était partagée entre parents intéressés et professeur­s de l’école publique désireux d’en savoir plus sur cette nouvelle école.
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Fabien Corbinaud est le président de l’associatio­n mantaise porteuse du projet Espérance Banlieues pour le cours la Boussole.

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