Grégory Chambat : « Ce sont des modèles low cost »
Grégory Chambat est enseignant au collège de la Vaucouleurs à Mantes-la-Ville. Depuis 15 ans, il exerce auprès d’élèves non-francophones. Militant syndical, il est membre du collectif d’animation du site « Questions de classe ». Auteur de nombreux essais sur la Fondation Espérance Banlieues, il vient également d’écrire un ouvrage intitulé L’École des réac-publicains, la pédagogie noire du FN et néo-conservateurs, aux éditions Libertalia.
« Lorsque j’ai découvert un jour au milieu du dossier spécial Comment lutter contre le FN, proposé par le journal Le 1, un papier sur la fondation Espérance Banlieues, j’ai eu envie de creuser le sujet. C’est là que je me suis aperçu qu’elle était notamment composée de gens de la Manif pour tous, que certains membres étaient proches du parti chrétien-démocrate… Alors j’ai fait des recherches… »
Très engagé sur le sujet, il rappelle notamment que ces écoles ne respectent pas les programmes de l’Éducation nationale et que le contenu des cours vise à défendre « de façon absolue les fondamentaux (lire, écrire, compter). On met en avant la méthode traditionnelle d’apprentissage, contre le désastre de celle enseignée dans les écoles publiques. » Mais ce qui le choque le plus sans doute, c’est « le salut au drapeau français et européen, le sermon régulier du directeur, les uniformes, et les excuses des enfants en public en cas de problème.
Il y a une forte influence du scoutisme et on aime bien, lors du recrutement, que les enseignants soient passés par les scouts par
exemple », a-t-il relevé lors de ses travaux sur le sujet, notant au passage que les enseignants
exerçant dans ces écoles « ne sont pas forcément diplômés ». « Pour moi, ces écoles sont des modèles low cost. On demande aux enfants d’apporter leur repas ainsi on n’a pas besoin de proposer de cantine, on leur fait faire le ménage et même la vaisselle, sous prétexte de leur enseigner des valeurs. Notre combat n’est pas égal : l’école publique est là pour accueillir tous les élèves, libéraliser ainsi le système de mise en oeuvre de l’école est dangereux selon moi. »