Visite guidée en Syrie
La Syrie, un pays qui revient dans chaque bulletin d’information, avec notamment ses migrants qui fuient par milliers. Mais à quoi veulent-ils échapper, quitte à en mourir ? Dans sa seconde conférence consacrée à la géopolitique du Proche-Orient, fin mai, Nathalie Coste a entrepris d’éclairer un peu la lanterne de l’assistance de la librairie La Nouvelle Réserve, encore bien remplie, dans le cadre de l’Université populaire du Mantois.
Il y a deux mois, elle avait débroussaillé le terrain via l’histoire, les découpages géographiques et les enjeux économiques de cette région. D’entrée, deux visuels - Comprendre la guerre en Syrie et La complexité des alliances - ont résumé la situation apparemment inextricable d’aujourd’hui, cette quantité de fils tous plus entremêlés les uns que les autres.
Daesh, el-Assad, le rôle des États-Unis…
Nathalie Coste va pourtant s’attaquer vaillamment à ce sac de noeuds et finalement parvenir à démêler l’imbroglio. En partant de la situation des années 1980, de la déliquescence des états autoritaires et corrompus sur place puis de l’implication des États-Unis (administration Bush), elle va développer toute la mécanique de volonté de restauration du califat de Daesh, des déploiements militaires, des populations oubliées et conclure sur la situation toujours très mouvante d’aujourd’hui, avec un territoire syrien totalement morcelé. Quelques chiffres parlants ont émaillé son propos : Daesh a perdu 22 % de son territoire conquis et 30 % de ses revenus (notamment avec les départs massifs des populations, 3 millions de personnes sur 9 ; 50 % des recettes d’impôts en moins). La maître de conférence a également dressé le bilan des victimes d’attentats (607 en avril et 664 en mars rien qu’à Bagdad, en Irak) et souligné que le régime syrien de Bachar el-Assad « tuait » en fait huit fois plus que Daesh. Autre chiffre révélé : Daesh paie 300 dollars par jour un combattant recruté alors que le salaire moyen mensuel en Syrie est de 300 dollars. Beaucoup de questions ont suivi cet exposé. Parmi elles, « Qui livre des armes à Daesh ? » ou encore « Qu’arrivera-t-il si Trump devient président des
États-Unis ? » Au final, Nathalie Coste a encore offert deux heures d’analyse éminemment instructive.