Hals, peintre maudit
Van Dyck, le riche, le peintre de toutes les cours d’Europe, et Frans Hals, le pauvre, qui n’a jamais quitté les Pays-Bas. Ces deux immenses portraitistes étaient à l’honneur lors de la dernière conférence de la saison de l’Université Corot donnée par Maurice Martin à la salle municipale. Tandis que les tableaux défilent sur l’écran, les commentaires précis et avisés se sont succédé.
Avec Van Dyck, élève de Rubens et
« sûrement meilleur portraitiste de tous les temps »,
et Frans Hals, peintre des bourgeois et des gueux des tavernes d’Haarlem, c’est une formidable intrusion dans deux mondes qui est proposée ! Si le nom de ce dernier ne dit pas grand-chose au grand public, l’un de ses portraits, en revanche, est célèbre. Il s’agit de celui de Descartes lors du long séjour du philosophe en Hollande, reproduit dans tous les livres. Dans sa petite villa, le peintre répond aux commandes des bourgeois pour des portraits collectifs de famille ou de corporations avec une exigence imposée : que ce soit ressemblant ! Et il y excelle. Ces trognes nous happent par leur vie et leur expression si émouvante. L’artiste, père de dix enfants, finira dans la misère,
« avec une allocation municipale d’une charrette de tourbe pour se chauffer »,
raconte Maurice Martin. Redécouvert par Manet et les impressionnistes, un musée lui est aujourd’hui consacré à Haarlem.