Une monnaie locale en projet dans le Mantois
Une monnaie locale pour faire ses achats dans le Mantois. Objectif : sortir de la spéculation financière pour favoriser les circuits courts et booster l’économie réelle. Les citoyens sont appelés à en discuter ce mercredi à La Nouvelle Réserve.
L’association Le Mantois en transition rêve-t-il d’un brexit façon région mantaise ? Pas vraiment. Les fondateurs de ce collectif ne sont pas du genre à prôner le repli sur soi-même. Ils seraient plutôt tournés vers les autres et curieux de ce qui se fait dans le monde pour qu’il marche mieux, qu’il soit plus solidaire et plus juste.
En revanche, ils veulent sortir du système monétaire tel qu’il fonctionne aujourd’hui. Ils ont un ennemi : la finance qui utilise notre argent pour spéculer et confisquer la richesse.
Pour contrer ce monde de spéculateurs, Le Mantois en transition a mis en place un groupe de travail d’une dizaine de personnes qui planche sur la création d’une monnaie locale complémentaire. Il invite les citoyens, les consommateurs, les commerçants à venir en discuter ce mercredi à 19 h 30 à la librairie La Nouvelle Réserve à Limay.
Farfelu, diront certains, irréaliste, diront d’autres. Et pourtant, cette solution alternative commence à essaimer un peu partout en France. Il existe 30 monnaies locales citoyennes et complémentaires et une soixantaine de projets sont en route. De grandes villes comme Toulouse et Nantes, plus petites comme Montreuil, des régions comme le Pays Basque l’ont déjà adoptée. Plus près de chez nous, nos voisins à Poissy portent un projet similaire.
« Il faut savoir que 97 % des flux financiers servent à la spéculation. Seulement 3 % sont consacrés à des achats, des échanges réels. Tout l’argent engrangé par les grands groupes, les grandes sociétés part dans les hautes sphères de la finance et ne revient jamais pour alimenter l’économie réelle », explique Stéphane l’un des membres du groupe de travail.
Renforcer l’économie locale
D’où l’idée d’une monnaie locale complémentaire que l’on pourrait utiliser pour faire ses courses ou acheter des services chez les commerçants et les artisans de la région, pour payer la cantine et les cours de musique des enfants, ou même aller au cinéma.
La monnaie locale complémentaire porte de nombreux objectifs : en premier lieu favoriser les circuits courts, les producteurs locaux et les commerces de proximité, recréer le lien entre consommateurs et producteurs, redonner à la monnaie sa fonction première : la facilitation des échanges. Bref, renfoncer le tissu économique et humain.
Comment ça marche
La monnaie locale (dont le nom reste à définir) est obligatoirement en parité avec l’euro. Par exemple à Montreuil une pêche (c’est le nom de la monnaie) vaut un euro.
Les personnes qui adhèrent au réseau échangent leurs euros en monnaie locale à un bureau de change. Les euros sont déposés sur un compte d’épargne éthique et peuvent servir à investir dans des projets locaux, par exemple autour de l’économie durable. À tout moment, l’adhérent a la possibilité récupérer ses euros contre la monnaie locale. Voilà en résumé la base du système.
« Nous avons commencé en juillet, nous ne sommes qu’au début de notre réflexion. À chaque pas que nous faisons, des tonnes de questions se posent. C’est passionnant », confie Elidia, elle aussi membre du groupe de travail. « L’un des points les plus importants est de constituer un réseau suffisamment large et diversifié pour qu’il soit attractif et qu’il génère beaucoup d’échanges. Ce sera facile de trouver des acheteurs. Mais les commerçants doivent y trouver leur compte et pouvoir dépenser leur monnaie locale sur le territoire », poursuit-elle. Un des enjeux serait que des collectivités publiques adhèrent.
2017, 2018… Le groupe de travail ne s’est pas fixé d’objectif daté pour la mise en place de cette monnaie. Aidé par Montreuil, il veut prendre tout le temps nécessaire et associer les citoyens du Mantois à cette démarche.